Pour faire respecter les limitations de vitesse et l'interdiction des camions à Bollwiller (Haut-Rhin), un conseiller municipal, opposant au maire, lance une pétition. En quelques jours, elle a recueilli près de 25.000 signatures.
C'est sans doute la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En tout cas, trop c'est trop. Jean-Luc Ginder, conseiller municipal à Bollwiller, petite commune du Haut-Rhin d'un peu plus de quatre mille habitants, a décidé de passer à l'attaque. Après un accident qui a coûté la vie à un chat - un de plus - il lance une pétition intitulée "Stop aux animaux écrasés : faites respecter les limitations de vitesse et le passage des camions à Bollwiller".
La pétition s'adresse au maire de la commune, Jean-Paul Julien, son opposant aux élections municipales de mars 2020. Le maire, dépositaire de la mission de police, est appelé à réagir.
Le succès est immédiat : six jours après son lancement, le 5 janvier, la pétition réunit près de 25.000 signatures. "Ont répondu à la pétition la majorité des Bollwillerois, mais aussi les autres Français confrontés à la même situation. C'est un sujet de société, c'est pour cela que la pétition a eu cet écho", analyse Jean-Luc Ginder.
Dans sa pétition, l'élu dénonce les camions, trop nombreux, qui traversent Bollwiller, pourtant interdits de passage. Les poids lourds ont la possibilité, et l'obligation, de contourner la commune par la route départementale. "Ils préfèrent en fait traverser le village dans une logique de rentabilité en prenant le chemin le plus court donné par leur GPS", estime le conseiller municipal.
Des incivilités dénoncées par tout le monde
Jean-Luc Ginder dénonce également le trafic automobile important, évalué à près de 20.000 passages par jour : "La commune a limité la vitesse à 30 km/h dans les zones sensibles suite à la circulation intense des voitures. Malgré cela, on remarque que les vitesses ne sont pas respectées, ce qui expose les enfants à des insécurités à la sortie des écoles".
Parmi les nombreux commentaires laissés par les signataires de la pétition, on peut lire, notamment, celui d'une prénommée Stéphanie, manifestement Bollwilleroise : "Il est plus que temps de réagir face à ces incivilités au sein de notre village, le danger et l'insécurité y est malheureusement quotidienne. Rue de Staffelfelden, ma fille a failli se faire renverser sur le passage piéton par un jeune fou, il faut arrêter d'attendre l'irréparable pour intervenir une bonne fois pour toutes, ce village devient le Far West (sic)".
Marie, une habitante de la Creuse, note un manque d'initiatives de la part des élus et s'en indigne : "Je ne connais pas Bollwiller mais je signe, car j'ai le même problème là où j'habite, dans la Creuse. Je crois que le problème est le même partout et les mairies ne bougent pas. Tant qu'il ne s'agit "que" d'animaux de compagnie, n'est-ce pas..!. Quand un enfant sera renversé là, peut-être que le maire bougera.Cette inertie, cette indifférence de la part de nos élus deviennent insupportables".
Le maire de Bollwiller, Jean-Paul Julien, admet un problème de vitesse excessive. "Il y a des gens qui roulent très vite, c'est un problème que connaissent toutes les communes".
La passivité a des limites : si vous êtes maire vous ne pouvez pas vous contenter de ne rien faire
Jean-Luc Ginder, conseiller municipal de Bollwiller
Les deux élus sont donc au moins d'accord sur le constat. Sur les solutions aussi, peut-être. "Je reconnais que c'est difficile de faire respecter la loi, mais pas impossible : vous faites appel à la gendarmerie ou vous vous alliez avec d'autres communes pour créer une police municipale. Vous pouvez aussi implanter des radars fixes ou des caméras. La passivité a des limites : si vous êtes maire, vous ne pouvez pas vous contenter de ne rien faire", fait remarquer l'opposant.
Information, sensibilisation de la population, verbalisation et aménagement d'écluses et de chicanes, lui répond le maire. "Avec cette stratégie en trois volets, on obtient des résultats. On a une zone en conduite apaisée". Quant à la création d'une police municipale demandée par Jean-Luc Ginder, elle serait déjà dans les tuyaux : "La solution serait de réaliser une police partagée avec d’autres communes comme certaines le font. J’ai pris contact avec des communes voisines, mais les choses ne se font pas aussi rapidement qu'on le souhaiterait".
Pour Jean-Luc Ginder, c'est sûr, sa pétition va faire bouger l'administration. Cela se traduira selon lui, dans un premier temps, par des mesures de contrôle plus importantes.