Vacarme continu, fientes, dégradations, les habitants d'un quartier de Mulhouse ne supportent plus la prolifération des corbeaux freux. Plusieurs quartiers de la ville seraient concernés. Ils dénoncent l’incurie de la municipalité alors que la ville affirme avoir investi 30.000 euros pour réguler les populations de corvidés.
"C’est une catastrophe" affirment les habitants du quartier Tivoli-Wanne à Mulhouse. Ils ne supportent plus la prolifération des corbeaux. "Ça jacasse du matin au soir" explique l’un d’entre eux, Gérard Freyburger. Le quartier serait envahi par une centaine de corbeaux freux, une colonie aux rangs de plus en plus fournis et qui a pris ses aises depuis 2021.
"Les corbeaux se sont multipliés depuis le covid, ils ont profité de la tranquillité du confinement " raconte Gérard Freyburger. Le 24 mai 2024, un autre habitant de ce quartier résidentiel a même écrit au préfet du Haut-Rhin, l’implorant d’agir.
Au premier rang des nuisances : le bruit et ses impacts sur la santé. "La nature même des croassements étant donné leurs fréquences, durées et volume sonore les rendent anormaux et insupportables" peut-on lire dans le courrier. Un vacarme continu de 5 heures à 22 heures qui "génère du stress, de l’irritabilité ainsi que des situations de panique".
Sans oublier les "déjections massives" qui dégradent le mobilier urbain, les véhicules et les biens dans les jardins ou encore la fragilisation des autres espèces aviaires.
L’exaspération est d’autant plus importante que le phénomène se prolonge au-delà de la période de nidification. Les corvidés auraient tendance à se sédentariser. "C’est un problème dans toute la ville, partout où il y a de grands arbres", affirme Gérard Freyburger. Tivoli-Wanne, Salengro, Bel air, Coteaux, plusieurs quartiers seraient concernés.
Les habitants se sentent méprisés
Si les habitants se tournent vers la préfecture, c’est que la ville de Mulhouse reste sourde, selon eux, à leurs multiples sollicitations. "Une inaction prolongée et fautive " synonyme "d’un mépris total de ses habitants", accuse l’auteur du courrier.
À la mi-février, la ville a bien procédé au retrait d’anciens nids. 300 au total pour un coût de 19 000 euros. Une initiative largement relayée dans la presse, "une opération de communication" dénoncent les habitants. Un coup d’épée dans l’eau, les oiseaux étaient de retour 15 jours après.
Les riverains réclament une action de fond, de nature à régler durablement le problème. Et de lister un panel de solutions : élagage des arbres, retrait des anciens nids dès l’automne, effarouchement sonore et visuel, retrait des nids en période de nidification, piégeage, usage d’un faucon, stérilisation des œufs, réduction de la population par des tirs. "C’est comme pour les sangliers, quand il y en a trop, il faut lutter" estime Gérard Freyburger.
2000 œufs détruits par la ville
Contactée, la ville de Mulhouse affirme traiter le problème des corvidés. Selon Catherine Rapp, adjointe à la nature en ville et à la biodiversité, "La Ville de Mulhouse est proactive. On a sollicité une entreprise pour décrocher les nids vides en janvier et février 2024". Sur autorisation préfectorale, la mairie a aussi mandaté une entreprise pour détruire près de 2000 œufs, "On monte dans les nids et on enlève les œufs. En raison de la densité urbaine, les tirs en ville ne sont pas possibles". Le coût de ces opérations s'élève à 30.000 euros cette année pour la municipalité.