Une commune détruit 300 nids de corbeaux pour tenter de les faire partir, "c'est un tel bruit que vous ne dormez plus !"

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La ville de Mulhouse procède à la destruction de 300 nids de corbeaux freux avant la période de nidification pour limiter la taille des colonies, source de nuisances pour les habitants. ©France Télévisions

La ville de Mulhouse (Haut-Rhin) procède en ce début d'année à la destruction de 300 nids de corbeaux freux dans les secteurs où les colonies ont l'habitude de s'installer pour se reproduire. Leur présence très bruyante gêne les habitants et repeint le mobilier urbain.

Des nids encore vides, perchés à plus de 4 mètres du sol, et parfois plus visibles encore depuis les fenêtres ou les balcons des habitants : à Mulhouse, leur destruction est en cours pour limiter le retour des corbeaux freux qui ont pour habitude de réinvestir leurs anciens nids pour accueillir leur couvée. Le but est de créer un coup de stress chez ces oiseaux. En espérant les faire changer de secteur.

Ce n'est pas un problème propre à Mulhouse. La présence de colonies de corbeaux freux en ville peut devenir insupportable pour les riverains au moment de la nidification. Un passant croisé allée William Wyler, où des élagueurs perchés sur une nacelle s'attaquent aux amas de petites branches, le résume ainsi : "C'est un tel bruit que vous ne dormez plus !"

De nombreuses plaintes d'habitants

C'est bien pour répondre à la demande des habitants que la ville de Mulhouse a décidé, pour la deuxième année consécutive, de faire détruire des nids. "Quand les corbeaux commencent à nicher, on reçoit de nombreux courriers en mairie, pour nous dire 'que faites-vous ?' La destruction de nids est une réponse", explique l'adjointe à la nature en ville, Catherine Rapp, sous les grands platanes qui bordent les Nouveaux Bassins en face de la Filature. Le banc et la poubelle voisins sont maculés de fientes, autre problème lié à la présence des corbeaux freux qui vont revenir en plus grand nombre d'ici fin février.

Quelque 300 nids vont donc être démontés par une entreprise d'élagage avant le retour des oiseaux. Certains sont crochetés à l'aide d'une perche, d’autres récupérés à pleines mains. "C’est un coup de main à prendre ! sourit Louka Hilt, élagueur. Avec la nacelle ça va assez bien même si parfois on doit grimper directement dans l’arbre." Le jeune homme reconnaît que ces nids sont "quand même bien faits", fixés au niveau des fourches des arbres, les brindilles bien entortillées. "Ça tient assez bien, on est parfois obligés de les découper pour réussir à les détacher."

Ce sont des animaux intelligents et on joue un peu là-dessus.

Stéphane Gerbeaud, chargé de mission biodiversité à la ville de Mulhouse. 

Il faut dire que les corbeaux freux réinvestissent leurs nids d'année en année. Les plus vieux peuvent peser jusqu’à 15 kilos ! La stratégie de ces destructions, validée par la LPO (Ligue de protection des oiseaux), c'est de faire passer un message aux corbeaux. "Ce sont des animaux intelligents, et on joue un peu là-dessus, résume Stéphane Gerbeaud, chargé de mission biodiversité Ville de Mulhouse. Lorsqu’ils arriveront, les corbeaux constateront que les nids ont disparu. Et comme ils reprennent le nid de l’année précédente pour le reconstruire et l’améliorer, eh bien là ça va leur faire plus de travail, et ils vont avoir un peu de stress et se dire qu’il y a un problème dans cet arbre."

Voilà pourquoi les services de la ville espèrent qu’il y aura moins de nids cette année. Mais cela ne veut pas dire que les corbeaux ne vont pas construire des nids ailleurs. "Et ça, on ne le maîtrise pas ! précise le chargé de mission. Donc on vise les zones les plus problématiques par rapport à la proximité des logements", huit secteurs identifiés comme problématiques.

Chassés des campagnes, réfugiés en ville

Il y aura toujours des corbeaux. C'est une certitude. Il s'agit d'un animal indigène, sauvage, pas d'une espèce envahissante. Et comme il a été chassé de la campagne, parce qu’il y occasionne des dégâts agricoles lors des semis notamment, il a trouvé refuge en ville.

Les colonies mulhousiennes vont rester sous surveillance dans les prochaines semaines pour regarder si la destruction des nids a un impact. Il faudra pour cela procéder à un comptage. "Le nombre de nids, c’est notre indicateur", résume Stéphane Gerbeaud.

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