L'adolescente s'est suicidée le 5 octobre en raison de harcèlement scolaire selon ses parents. Pour la procureure de Mulhouse, les facteurs pouvant expliquer son geste sont multiples. Les résultats prochains de l'expertise du téléphone de Dinah devraient permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé, selon elle.
Deux mois après le suicide de Dinah, à Kingersheim, dans le Haut-Rhin, le procureure de la république de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot revient sur les éléments du dossier. La jeune fille de 14 ans aurait mis fin à ses jours en raison, selon ses proches, du harcèlement scolaire qu'elle subissait depuis deux ans au sein du collège. Pour la procureure, en charge du dossier, il s'agit d'une enquête très complexe qui ne peut mener à aucune certitude.
Une première enquête ouverte après le suicide de Dinah, le 5 octobre
"On a ouvert immédiatement après le décès de Dinah une enquête sur les recherches des causes de sa mort, c’est une procédure normale en pareil cas. Une autopsie a été sollicitée ainsi que l’audition des proches pour savoir pourquoi elle se serait suicidée".
Une deuxième enquête pour harcèlement a été ouverte le 25 octobre
"Par la suite une deuxième enquête a été ouverte pour harcèlement compte tenu des déclarations de la maman. Ce qui donne beaucoup plus de pouvoirs aux enquêteurs par rapport à une enquête sur la recherche des causes de la mort. Avec les services de police de Wittenheim je leur ai adjoint les services de l’Office de lutte contre la haine en ligne. Cela pour pouvoir exploiter au mieux toutes les données disponibles sur WhatsApp et sur les réseaux sociaux, sur son téléphone et sur son ordinateur".
Dépôt de plainte contre X
"Il y a une semaine [le 2 décembre], les parents et un des frères de Dinah ont officiellement déposé plainte contre X par l’intermédiaire de leur avocate, Me Laure Boutron-Marmion, avec constitution de partie civile auprès du procureur de la république. Plainte que j’ai jointe à l’enquête en cours pour harcèlement".
"La plainte comporte plusieurs volets. Un volet harcèlement, qui vise un certain nombre d’élèves [du collège de Kingersheim] qui étaient autour de Dinah. Un volet provocation au suicide, dans la mesure où ces élèves auraient provoqué la jeune fille à se suicider. Il y a également un volet "homicide involontaire et omission de porter secours" contre le personnel éducatif de l’établissement scolaire et son principal".
Auditions et expertises avancent progressivement
"On voudrait avoir des éléments le plus rapidement possible, les médias comme moi-même et la famille de Dinah, sauf que l’enquête suppose énormément d’auditions. Un certain nombre de celles-ci ont eu lieu et sont en cours, notamment avec le personnel du collège".
"L’expertise du téléphone de Dinah doit arriver en fin de semaine. En ce qui concerne son ordinateur on a des éléments mais pas beaucoup. Donc les choses se font progressivement, tout en tenant compte de l’urgence à apporter un certain nombre de réponses. Mais on ne peut pas aller plus vite que ce que les services de police peuvent faire. On attend d’avoir des éléments plus importants, plus conséquents et plus objectifs pour pouvoir faire un point et communiquer en détail sur cette enquête".
Une enquête complexe
"Pour le moment je n’ai pas matière à communiquer sur les motifs du suicide de Dinah. On va recueillir un certain nombre d’éléments qui vont peut-être permettre de comprendre ce qui a pu se passer mais il sera extrêmement compliqué d’identifier parmi l’ensemble des facteurs celui qui a été déterminant dans la mort de Dinah".
"Elle n’a laissé, à ma connaissance, aucun écrit expliquant les raisons pour lesquelles elle s’est suicidée. On n’aura jamais de certitude absolue sur cette enquête complexe".