La procureure de Mulhouse a ouvert une enquête pour harcèlement après le suicide de Dinah ce lundi 25 octobre. La jeune fille de Kingersheim a mis fin à ses jours en raison de harcèlement scolaire selon ses parents. Le père veut que la lumière soit faite sur la mort de sa fille.
"Une enquête a été ouverte pour des faits de harcèlement dénoncés par la maman" de la jeune fille, a annoncé la procureure du parquet de Mulhouse Edwige Roux-Morizot le lundi 25 octobre en soirée. Lors d'une marche blanche qui avait réuni la veille, le dimanche 24 octobre, plus de 1.500 personnes à Mulhouse, la mère de Dinah avait mis en cause publiquement plusieurs de ses camarades ainsi que l'inaction du corps enseignant.
La jeune fille de 14 ans a mis fin à ses jours le 5 octobre au domicile familial à Kingersheim dans le Haut-Rhin. Le parquet de Mulhouse avait alors ouvert une première enquête pour déterminer les causes de son geste. "Rien n'est jamais évident. C'est une très jeune fille qui s'est donné volontairement la mort. Elle a fait l'objet de harcèlement et l'enquête doit établir ce qui a conduit cette jeune fille à se donner la mort. Aucune hypothèse ne peut être privilégiée pour le moment même si on sait que le harcèlement scolaire rend ceux qui en sont victimes extrêmement vulnérables", s'exprimait alors la procureure Edwige Roux-Morizot.
D'après sa famille, Dinah avait réussi à passer un cap en quittant le collège pour le lycée Lambert à Mulhouse. Mais elle aurait recroisé ses harceleurs à la cantine, aurait replongé et récidivé. Dinah avait en effet déjà tenté de se suicider en mars dernier
Le père de Dinah, Serge Gonthier, a bien voulu se confier et parler de sa fille au micro de France 3 Alsace.
Que pensez-vous de cette deuxième enquête ouverte ?
C'est une très bonne chose, on l'attendait avant de porter plainte. Le harcèlement, c'est un fléau, il faut qu'on puisse avancer sur ce sujet avec le gouvernement, les associations et tous les gens qui s'occupent de ce phénomène. C'est malheureux de voir qu'aujourd'hui à l'école on manque de visibilité sur nos enfants. On devrait être averti sur ce qui ne va pas mais ce n'est pas le cas. A chaque fois qu'on avait des problèmes, ils nous appelaient en nous disant "venez chercher votre fille, elle n'est pas bien". Mais pour quelles raisons ? Une fois, deux fois, d'accord mais quand c'est tous les jours il faut se poser des questions. En tant que parents, on a fait ce qu'il fallait pour faire avancer les choses mais, eux, ils ont pris ça vraiment à la légère.
Vous avez fait quoi ?
Ma femme a téléphoné au collège. Elle a eu le CPE. Pour la première tentative [de suicide], ils étaient tous au courant. On leur a dit qu'il fallait trouver les coupables mais non, aujourd'hui ma fille n'est plus là. Donc, il n'y a pas eu de suivi et pour ça je ne laisserai pas tomber.
Après cette première tentative de suicide, que s'est-il passé ?
Il y a eu un suivi psychologique avec un psychologue de l'hôpital. Mais on n'a pas eu de retour sur les confidences qu'elle faisait à la psychologue.
Comment vous avez vécu la marche blanche ?
C'était un moment de tristesse. Peut-être que cela aura aidé à sensibiliser beaucoup de gens par rapport à ce fléau. Il n'est pas normal qu'on en parle si peu. C'est désolant de voir que ça ne bouge pas assez.
Comment voyez-vous la suite ?
Je ne peux faire mon deuil tant que la vérité ne sera pas faite sur la mort subite de ma fille. Ils l'ont eu à l'usure. Elle en avait marre de la vie ma pauvre fille. La dernière semaine elle était réservée, elle nous disait qu'elle en retard sur ses devoirs. On n'a jamais pensé qu'elle avait des pensées suicidaires, autrement on aurait parlé avec elle. Cette nuit-là, il y a eu un déclic qui s'est produit, par téléphone ou sur son ordinateur, mais quoi on ne sait pas. L'enquête déterminera ce qu'il s'est passé dans ces derniers moments.
Vous comptez prendre un avocat ?
Oui, c'est prévu. On a des éléments concrets qui feront avancer les choses. Beaucoup de personnes qui étaient en relation avec ma fille sont prêts à témoigner. Ils trouvent ça injuste. Il faut savoir pourquoi le collège a délaissé ce phénomène de harcèlement. Il faut mettre tout ça sur la table et s'il faut qu'on aille en justice,on ira en justice. Je suis prêt même s'il faut que j'y passe toute ma vie. Il faut que la lumière soit faite sur la mort de ma fille.