Alsace : le séchoir à tabac de Lipsheim en cours de remontage à l'Ecomusée d'Ungersheim, une première en France

Le séchoir à tabac de Lipsheim, démonté et entreposé depuis 2018 à l'Ecomusée d'Alsace à Ungersheim, est en cours de reconstruction depuis le début de l'été. Une équipe de charpentiers s'attelle au façonnage des poutres qui formeront la charpente de l'édifice, distingué par la mission Stéphane Bern.

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Le bruit des haches et des scies résonne depuis peu autour du hangar de l'Ecomusée d'Alsace à Ungersheim (Haut-Rhin). Cela fait un mois qu'une équipe de six charpentiers, venant de toute la France, s'attaquent aux poutres du séchoir à tabac originaire de Lipsheim (voir la carte ci-dessous). L'édifice, entreposé ici en pièces détachées depuis 2018, n'attendait que son heure pour se refaire une jeunesse. Et ce moment est arrivé. Un travail de taille et de précision puisqu'il faut reconstruire à l'identique le bâtiment datant de 1830. Pour ce monument emblématique du patrimoine alsacien, sélectionné par la mission Stéphane Bern, plus rien ne semble pouvoir s'opposer désormais à sa renaissance.

Un projet d'autant plus important et urgent que les séchoirs à tabac, autrefois nombreux en Alsace, disparaissent inexorablement les uns après les autres ces vingt dernières années: "La culture du tabac assurait autrefois un revenu convenable, c'est pour cela qu'on prenait soin des bâtiments dédiés à cette culture particulière qui rapportait de l'argent, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui", explique Marie-Blandine Ernst, responsable scientifique des collections de l'Ecomusée. Aujourd’hui, seuls trois producteurs continuent à utiliser des séchoirs traditionnels en Alsace. 

 

Un chantier inédit

Le travail de remontage débute par une remise en forme de l'ossature bois. "Toute cette partie était abîmée par des insectes xylophages", souligne Déborah Schmitt, responsable de la communication de l'Ecomusée. Certaines parties trop endommagées pour être rénovées sont remplacées et "quand une poutre a été équarrie à la hache et sciée dans le long, les charpentiers le refont à l'identique".  Equarrisage à la hache (c'est à dire rendre carré) et sciage dans le long, les deux techniques traditionnelles utilisées il y a deux cents ans sont reprises par les charpentiers d'aujourd'hui avec les mêmes gestes et les mêmes outils.

Un travail d'endurance, nécessitant l'usage d'un outil adapté à sa corpulence et ses capacités physiques explique un des charpentiers du chantier, Gustave Rémon. "Pour cet arbre-là, un épicéa, j'utilise une hache plutôt légère avec une géométrie assez fine et un manche qui fait un mètre de long. C'est ce qui me convient sans me faire mal au dos ou avoir à me pencher. Pour la finition, j'ai une hache plus courte, beaucoup plus lourde qui s'adapte à ce bois résineux sec".

Les pièces sont refaites avec du bois local, résineux et chêne. "Le bois vient du val de Villé, il a été abattu en février puis stocké à l'air libre ou dans l'eau sur le site de l'Ecomusée", explique Julien Hubin, le coordinateur du chantier.

Un travail manuel valorisé

Le public peut assister au travail des charpentiers et même échanger avec eux, comme le précise l'Ecomusée sur les réseaux sociaux (voir la publication ci-dessous). "Ça permet de montrer aux enfants ce travail manuel pratiqué autrefois, de le transmettre aux jeunes générations et de le remettre au goût du jour", témoigne un père de famille accompagné de son fils et sa fille. 

Les poutres sont assemblées au sol au fur et à mesure, de manière à recomposer les quatre façades du séchoir. "Une fois toutes les façades assemblées, les charpentiers les élèveront à la verticale selon la technique du levage à la corde", explique Déborah Schmitt. Une technique délicate à laquelle les charpentiers seront préalablement formés, vers la mi-août. La suite des travaux s'étale jusqu'en 2022: couverture en automne, remplissage au torchis, crépissage et enfin mise aux normes ERP pour pouvoir accueillir du public en intérieur.

Le soutien de la Fondation du patrimoine

Le coût total de l'opération est estimé à 320.000 euros. Les fonds ont été apportés notamment par la Fondation du patrimoine qui a ouvert un fonds de dotation dédié et le loto du patrimoine dans le cadre de la mission Stéphane Bern.

 

 

 

 

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