Un avion de l’armée équipé de cellules de réanimation va transférer ce mercredi 18 mars six patients atteints de covid-19h de l'aéroport de Bâle-Mulhouse vers Toulon. Une première, alors que les unités de réanimation du Haut-Rhin sont saturées.
C'est une véritable clinique aéroportée, un A330 du Service de santé des armées (SSA) équipé du Morphé (MOdule de Réanimation pour Patient à Haute Elongation d'Evacuation), qui décollera ce mercredi 18 mars de l'aéroport de Bâle-Mulhouse en direction de Toulon (Var). Avec, à son bord, six patients infectés par le coronavirus et nécessitant des soins intensifs, hospitalisés jusqu'à présent à l'hôpital de la métropole haut-rhinoise. Ce type d'avion avait déjà été mis en fonction lors du conflit au Kosovo en 2008, mais c'est la première fois qu'il va transporter des civils en France.
L'armée vole au secours de l'hôpital
Par ce dispositif exceptionnel, l'armée vient en aide au service de réanimation de l'hôpital de Mulhouse, soumis à très rude épreuve depuis le début de la crise du coronavirus. "Je pense que c'est une première en France" a précisé Marc Noizet, chef du service des urgences mulhousiennes à l'AFP, ce mardi 17 mars. "Je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu'on déplace (autant de) malades de réanimation d'un bout à l'autre de la région et de la France."Une première évacuation – par des hélicoptères civils – a déjà eu lieu ce mardi 17 mars. Elle a permis de transférer neuf autres patients de l'hôpital de Mulhouse vers des hôpitaux voisins moins engorgés, dont celui de Nancy.
Bientôt un hôpital militaire à Mulhouse
Cette première aide de l'armée devrait être rapidement suivie d'une autre : l'aménagement à Mulhouse d'un hôpital militaire de campagne. L'annonce avait été faite dès lundi 16 mars au soir par le président de la République, Emmanuel Macron, mais sans précision de lieu. Cet hôpital militaire sera équipé de 30 lits de réanimation, de 30 respirateurs supplémentaires, et fonctionnera avec le concours de nouvelles équipes médicales. Ce soutien de l'armée est plus que bienvenu dans l'actuelle situation de crise sanitaire due à la progression très rapide de l'épidémie de Covid-19. Les services de réanimation des hôpitaux de Mulhouse et Colmar sont saturés. Une situation dénoncée depuis le début de la crise par Jean Rottner, le président de la région Grand Est, et médecin urgentiste de formation.
Une situation de crise dans toute l'Alsace
Aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, où une soixantaine de patients atteints du coronavirus sont en réanimation, et où douze autres sont décédés, selon les précisions de Christophe Gautier, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg à l'AFP, le "plan blanc" a été déclenché dès lundi 16 mars. Ce plan spécifique d'urgence permet de planifier une mise en œuvre rapide des moyens en cas d'afflux de victimes.277 nouveaux patients atteints de coronavirus ont été recensés dans le Grand Est entre lundi 16 et mardi 17 mars, selon les derniers chiffres de l'Agence régionale de santé (ARS). Le nombre de cas confirmés dans la région depuis le début de l'épidémie s'élève désormais à 1820, dont 700 cas dans le Haut-Rhin, 376 dans le Bas-Rhin et 295 en Moselle. Et le covid-19 a déjà tué 61 personnes dans le Grand Est. "Le bilan est lourd" a aussi confirmé à l'AFP la préfète du Grand Est et du Bas-Rhin, Josiane Chevalier. Et "alarmant", car face à l'afflux de malades, les hôpitaux alsaciens manquent de lits, de masques, de respirateurs et de personnel.
Emmanuelle Seris, médecin responsable des urgences de Sarreguemines (Moselle), elle-même contaminée par le Covid-19, parle d'une "médecine de catastrophe". Et à Strasbourg, selon Christophe Gautier, "111 membres du personnel" sont contaminés.