Site de production très sensible, la centrale nucléaire de Fessenheim est prête pour gérer une éventuelle situation d'épidémie de Covid-19 sur son site. Un salarié a été dépisté positif, mais un "plan pandémie" établi depuis près de vingt ans devrait permettre à EDF de parer à toute éventualité.
Fin février, un salarié de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) a été dépisté positif au Covid-19. "Il s'est déclaré et est rentré chez lui" précise Alain Besserer, cadre technique et délégué syndical FO. Selon EDF, "26 autres personnes, dont quatre prestataires de service, en contact direct avec cet électricien entre le 24 et le 28 février dernier" ont également été mises en quatorzaine, en application des dispositifs du ministère de la Santé.
Mais ces absences d'agents "tous impliqués dans des domaines périphériques", et non directement liés à la sûreté ni à l'exploitation, n'ont aucun impact sur le fonctionnement de la centrale, ni sur son niveau de sécurité, assure EDF.
Pour tous ses sites d'importance vitale, hydrauliques et nucléaires – dont Fessenheim, EDF a élaboré depuis le début des années 2000 un "plan pandémie". Mis en place en coordination avec le ministère de la Santé, ce plan a été réactualisé lors des crises du H1N1 en 2009 et du SRAS en 2013, et détaille tous les cas de figure possibles en cas d'épidémie.
La centrale de Fessenheim pourrait fonctionner durant 12 semaines avec 25% de personnel en moins
- EDF
Selon ce plan, la centrale nucléaire alsacienne, qui emploie près de 700 salariés EDF auxquels s'ajoutent 280 salariés d'entreprises partenaires, pourrait continuer sa production avec des effectifs réduits "tout en assurant pleinement la sécurité de l'installation" précise EDF : avec 75% de son personnel durant 12 semaines, et seulement 60% durant une à deux semaines, en cas extrême de pic épidémique.
Ça ne met pas en péril le fonctionnement de la centrale
- Jean-Luc Cardoso, délégué syndical CGT
Le plan a également établi des niveaux d'alerte, dans le même ordre d'idée que les trois "stades" établis par le gouvernement. Selon EDF, le niveau 1 est atteint actuellement : du personnel infecté ou suspecté d'infection a été mis en quatorzaine. Au niveau 2, "seules les personnes indispensables viendraient travailler." Mais ce niveau n'est pas atteint. "Tout fonctionne normalement", raconte Alain Besserer, "les salariés vont et viennent." Une situation confirmée par Jean-Luc Cardoso, technicien d'exploitation délégué syndical CGT : "On est très très loin d'une situation où on atteindrait les limites de nos capacités de travail."
"On s'est entraînés pour ça par des exercices 'pandémie', on se sent prêts"
- EDF
Pour autant, cette ambiance de risque épidémique n'est pas agréable à vivre pour un personnel déjà très affecté par l'arrêt programmé de son lieu de travail, et qui fait le maximum pour continuer à assurer sa double mission : continuité de service, et garantie de la sûreté. Et si vraiment, dans un contexte de pandémie avérée, cette sécurité du site ne pouvait plus être garantie faute de personnel suffisant, EDF s'engage "à mettre le réacteur en arrêt."