Steve MBajoun, 25 ans, est étudiant en master de droit à l'Université de Haute-Alsace. Son confinement, il le vit dans sa chambre universitaire de 9m². À 80 ans, Marguerite passe l'épreuve dans son jardin.
Steve commence à tourner un peu en rond seul entre ses quatre murs.. Depuis quinze jours il est confiné dans sa chambre, à Mulhouse. Neuf mètres carrés avec vue sur un parking du campus de l’Université de Haute Alsace. Lui ne fait pas partie des étudiants ayant pu rejoindre sa famille. La sienne est au Cameroun. Il est contraint de rester. Il n'est pas le seul. C'est le cas d'un tiers des résidents du campus, soit près de 260 étudiants étrangers. Dans sa résidence, Steve côtoie Guyanais, Algériens, Marocains, Sénégalais, Togolais, Ethiopiens, Ivoiriens, Guinéens et autres Camerounais...de loin.
"La vie devient vraiment triste"
Les seules sorties de Steve, c’est pour faire des courses de premières nécessités. Pour les repas, il y a une cuisine par étage dans sa résidence. Cette grande bâtisse de 150 chambres où vivent encore 80 étudiants, reclus comme lui."Au sein de la résidence, il arrive qu’on se croise dans les couloirs. On a une cuisine commune par étage pour une trentaine de chambres. Depuis le confinement, on ne peut être que deux en même temps dans la cuisine, pour respecter les mesures prises par l’Etat. C’est problématique."
Une vie sociale à l’arrêt, plus de cours en amphithéâtre... mais un programme en Master 1 de droit que Steve poursuit…à distance. Tous les jours, il se connecte sur une plateforme de l’université où ses enseignants envoient des cours. Problème : cette plateforme est difficile d’accès et bugue régulièrement; trop d’étudiants s’y connectent en même temps. Certains professeurs tentent d’enseigner via d’autres supports comme Skype ou Discord. Seulement Steve prend du retard sur son programme. Pour l’instant, les examens du master de droit sont maintenus aux dates initiales, fin avril et début mai. Steve se demande si dans ses conditions inédites, il réussira à valider son année.
"On a tous peur de tomber malade"
Steve connaît des étudiants qui ont été contaminés. Lui respecte les mesures de confinement. Pas envie de tomber malade. Mais pas envie non plus que la situation s’éternise. Steve n’a pas de petit boulot pour le moment."Je parviens à vivre de mes économies. Mais j’ai des copains qui avaient un job et qui sont désormais au chômage technique". Il espère travailler cet été pour enchaîner sereinement sur sa dernière année à Mulhouse. Pour financer son logement et ses frais de scolarité en Master 2 de droit. Steve souhaite ensuite devenir juriste d’entreprise. Si le Covid-19 est maîtrisé rapidement, il pourra reprendre normalement le cours de sa vie.Steve MBajoun raconte son quotidien dans la video ci-dessous réalisée via Skype et nous montrant ses conditions de vie.
Une grand-mère de 80 ans confinée toute seule dans sa maison...et son jardin à Katzenthal
Trois semaines de confinement, ça commence à être un peu long. Pas question de se laisser aller à la sinistrose, Marguerite Barthélémy se lève tous les matins à 8h00 en écoutant le chant des oiseaux. Elle file aussitôt dans son jardin mettre les mains dans la terre. Un besoin viscéral, son truc à elle pour bien démarrer la journée. Son jardin, c’est sa bouffée d’oxygène. Une végétation luxuriante décorée par petites touches par des céramiques colorées faites maison. Un petit coin de paradis qui permet d’accepter plus facilement l’interdiction de sortir. Bien-sûr, Marguerite aimerait pouvoir se balader dans la forêt comme elle a l’habitude de le faire. A défaut de se défouler à grandes enjambées, et pour ne pas s’encroûter, elle fait de la gymnastique sur chaise, une heure d’exercice et c’est la pleine vitalité. Pas mal à 80 ans.
Marguerite Barthélémy s'est filmée via Skype dans son jardin pour livrer son ressenti après trois semaines de confinement.
Rester positif malgré l’isolement
Marguerite vit seul mais fait tout ce qu’elle peut pour rompre l’isolement. Dehors, elle discute de temps en temps avec ses voisins à trois mètres de distance. C’est mieux que rien. Elle aimerait pouvoir serrer ses petits-enfants dans les bras, et boue d’impatience de les revoir. En attendant, ils correspondent par sms, ça la fait écrire. Et son voisin lui prête parfois sa tablette pour qu’elle puisse leur parler et les voir en même temps. Garder le lien, c’est le plus important. Il y a quelques jours, une bénévole de l’APA (le réseau d'aide et de soin à domicile) l’a appelée pour lui demander comment elle allait. Ca lui a fait plaisir à Marguerite que quelqu’un qui ne soit pas de sa famille pense à elle. D’habitude, c’est elle qui se soucie des autres. Et de se rendre compte qu’une association se mobilise pour rompre l’isolement, voilà une belle initiative. Dans le département 13 000 personnes âgées sont ainsi contactées une fois par semaine, comme cela se fait en temps de canicule, juste pour voir si tout se passe bien. Le confinement n’est pas facile, mais ça permet de voir émerger toute une chaine de solidarité. Ca fait plaisir à Marguerite. Et parce qu’elle est plutôt de nature à voir le verre à moitié plein, elle garde le sourire. Un sourire qui a vite fait de contaminer ceux qui la connaissent. Une belle façon de faire oublier quelques instants le coronavirus.