Il existe moins d'une centaine de panthères de l'Amour à l'état sauvage. Parmi les zoos qui participent au programme d'élevage de ce félin menacé d'extinction, le parc animalier de Mulhouse connaît un beau succès.
La panthère de l'Amour est splendide, mais extrêmement rare en liberté. Son habitat naturel, les forêts et steppes de Sibérie et du nord de la Chine, a été réduit par les activités humaines et dévasté par les incendies. La vie du félin, à l'état sauvage, est également menacée par le braconnage et la pharmacopée chinoise, qui fait usage de différentes parties de son corps dans la médecine traditionnelle.
Appelée aussi léopard de l’Amour, son nom lui vient de la région du fleuve Amour qui coule à la frontière russo-chinoise. Mais désormais, la panthère a plus de chance de survie dans les zoos. Dans celui de Mulhouse, les naissances sont fréquentes.
Le vétérinaire du parc animalier alsacien, Benoit Quintard, est le référent vétérinaire européen du programme d'élevage des panthères de l'Amour. "À Mulhouse, nous accueillons et élevons des panthères de l'Amour depuis 1980. Nous avons eu quatre couples qui ont donné naissance à 45 petits."
Parmi ces petits, deux naissances ont même été emblématiques, puisque contrairement à son habitude, la femelle a mis ces deux petits au monde, dans des portées uniques. Donc un à chaque portée, et dans ce cas, elle ne s'en occupe pas. Alors l'équipe du zoo a pris le relais pour le nourrissage, tout en préservant le lien maternel. Par la suite, un de ces petits est parti dans un zoo en Amérique du Nord, où il vit toujours aujourd'hui.
Le programme d'élevage, seul barrage à l'extinction ?
"En quelque sorte, oui. Dans les 51 zoos d'Europe, on dénombre cent deux panthères" précise le vétérinaire, "en sachant qu'en Amérique du Nord, il y en a presque autant."
Cette panthère est un super-prédateur carnivore, sa population est très dépendante des proies, comme les chevreuils, cerfs et sangliers. Or dans leurs forêts et steppes d'origines, leur habitat est trop réduit et en danger. Le programme d'élevage est donc un outil majeur de la conservation de l'espèce. À l’heure actuelle, il y a plus de panthères dans les parcs que dans la nature.
Sur son site internet, le zoo de Mulhouse, tient une page dédiée à la panthère de l'Amour. Récemment, un festival de bande dessinée a permis de récolter 7000 euros pour le programme de sauvegarde. "Les naissances à Mulhouse sont utiles au programme d’élevage européen, parce que les jeunes, nés et devenus adultes à Mulhouse, sont la plupart du temps transférés vers d’autres zoos."
Retour possible un jour dans la nature ?
"Compliqué, mais pas impossible" selon le spécialiste. "Il existe un centre de soft release (remise en liberté douce), où on leur apprend à se désintéresser progressivement de l'homme et à chasser par eux-mêmes." Malheureusement, ce centre est en Russie, et tout a été arrêté depuis l'entrée en guerre du pays. "Il a été créé, mais jamais utilisé pour l'instant."
En attendant qu'il puisse servir, les programmes d'élevage européen (EEP) et américains continuent et, un jour, il sera peut-être possible de passer au stade suivant, qui consiste à renforcer, c’est-à-dire à compléter la population qui vit encore à l'état sauvage.
Le Parc zoologique et botanique de Mulhouse contribue également à la sauvegarde de ce félin rarissime en soutenant l’ONG Wildcats Conservation Alliance, qui œuvre sur le terrain contre le braconnage et la déforestation.