Marcher 7.200 km, pendant neuf mois, pour sensibiliser au harcèlement scolaire, c'est le défi que s'est lancé Fatew Gary. Au cours de ses étapes, la Mulhousienne rencontrera dans les écoles, parents, enseignants et enfants. En attendant le départ prévu en septembre, elle se prépare et s'entraine physiquement.
En septembre 2023, Fatew Gary se lancera dans une marche d'un peu plus de 7.000 kilomètres à travers la France pour défendre une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre le harcèlement scolaire. De ville en ville, d'école en école, pendant neuf mois, "le temps d'une année scolaire", elle rencontrera ainsi des enfants, des enseignants, des parents d'élèves.
Déterminée et bien décidée à partir dans les meilleures conditions, depuis fin août Fatew Gary consacre tout son temps à la préparation de son gigantesque projet. Au point d'arrêter temporairement son métier d'animatrice et de directrice d'accueil de loisirs.
Un an, quasiment, pour préparer son périple, c'est le temps que se donne cette Mulhousienne de 36 ans, avec l'aide de son association, Les athlètes de l'espoir. "C'est un gros projet qui demande beaucoup de temps et d'investissement et où l'appui de l'association est indispensable".
Un soutien précieux
Une association qu'elle a créée pour l'occasion, avec douze membres fondateurs, tous sportifs à différents niveaux : "Des amateurs, mais aussi des sportifs professionnels, moi-même étant éducatrice sportive de formation. J'ai un diplôme BPJEPS APT avec la mention sport santé et bien-être", précise Fatew Gary. L'association l'aide à contacter les écoles pour ses interventions et à trouver un logement lors de ses étapes.
Forte de cet appui, elle dit aussi bénéficier du soutien du ministère de l'Éducation. "En octobre, j'ai écrit un mail à l'attention du ministre de l'Éducation nationale. Le lendemain matin à 9h, je recevais une réponse me disant que le ministre était très intéressé." Une convention devrait lui être adressée prochainement pour l'autoriser à intervenir dans les établissements scolaires.
En attendant, avec l'agrément du rectorat de Strasbourg, elle va pouvoir rencontrer des élèves de la région. "C'est prévu le mois prochain avec une classe de première au lycée Albert Schweitzer de Mulhouse. On va commencer à faire un travail autour du harcèlement scolaire".
A partir de septembre, dans son tour de France à pied, elle interviendra principalement dans des classes de CM1 et CM2. "Je proposerai des jeux sportifs, de cohésion et de partage". Elle sensibilisera aussi aux dangers des jeux de strangulation en proposant des jeux alternatifs bienveillants. "Je formerai des groupes d'échanges avec les parents et les enfants où chacun pourra prendre la parole, se positionner ou même réfléchir."
L'idée est de faire prendre conscience aux enfants harceleurs la gravité de leurs actes. " Ils ne le font pas forcément par méchanceté, en tout cas il faut un adulte qui puisse leur faire comprendre la portée de ce qu'ils font subir. Cela passe par la parole, par des jeux. L'enfant apprend beaucoup en jouant".
Quand on est bien dans son corps, on est bien dans son esprit.
Fatew Gary, animatrice sportive
Beaucoup d'enfants seraient harcelés à cause de leur apparence, notamment ceux en surpoids, conséquence d'une forte sédentarité et d'un manque d'exercices physiques. La pratique d'une discipline sportive aiderait ces enfants, mal dans leur peau et en souffrance, à sortir de cette spirale infernale dans laquelle les enferment les harceleurs, explique Fatew Gary : "Le sport, déjà, va réguler leur poids. Ensuite, il va favoriser le lâcher prise et les aider à avoir confiance en eux-mêmes. Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire passer par le sport. Le but est de leur faire prendre conscience que quand on est bien dans son corps, on est bien dans son esprit."
Récemment, dans son parcours professionnel, en tant qu'animatrice en périscolaire, un cas de harcèlement scolaire l'a particulièrement marquée. "C'était très très dur à encaisser pour moi. J'avais même envie d'arrêter de travailler dans ce domaine. Au niveau émotionnel, c'était vraiment très difficile, mais j'ai continué. Cela a même été un déclic qui a déclenché le projet".
Fatew Gary partira de Mulhouse et enchaînera durant neuf mois, de septembre à juin, des étapes quotidiennes de 25 à 30 kilomètres. En attendant, le programme est à l'entrainement intensif. "Je fais des séances de musculation en salle, je marche en forêt, en montagne ou même en ville. La dernière marche, c'était entre Mulhouse et Saint-Louis". De quoi partir du bon pied, avec un moral remonté à bloc.