Mulhouse : avenir incertain pour l'hypermarché Auchan, les salariés ont "la boule au ventre"

L'hypermarché Auchan de Mulhouse a fermé ses portes en ce début janvier 2023, peut-être définitivement si l'enseigne ne trouve aucun repreneur. Les 140 salariés et les commerçants de la galerie sont inquiets pour leur avenir en attendant une décision finale d'ici la fin du mois.

L'hypermarché Auchan à Mulhouse vient de fermer ses portes, au moins jusqu'au 20 janvier 2023 pour cause d'inventaire, définitivement si aucune solution de reprise n'est trouvée d'ici là. Le magasin n'a, en effet, jamais vraiment réussi à trouver ses marques dans ce coin du sud-Alsace depuis son implantation il y a tout juste 25 ans. Une mauvaise nouvelle pour tout le monde.

A commencer pour les 140 salariés actuels du magasin. Les plus anciens ont vécu la genèse de l'enseigne à Mulhouse. L'histoire commence en 1998 après la transformation du Mammouth originel, qui n'aura subsisté que deux ans, en Auchan. Ils étaient alors 350. La belle époque, même si le magasin commence à perdre de la clientèle assez rapidement.

Nous sommes au début des années 2000, les zones commerciales fleurissent en périphérie des villes : l'Ile Napoléon, le Kaligone et Morschwiller-le-Bas, les trois grandes centres naissants de l'agglomération vont faire de l'ombre à Auchan Mulhouse, le seul du groupe dans le sud-Alsace. Isolé dans ce coin de la ville, l'enseigne va continuer à perdre ses clients.

En 2010, Auchan expérimente le hard-discount sur le site en lançant Prixbas. L'expérience ne dure pas, c'est un fiasco. Le groupe de grande distribution Schiever prend alors la main, cinq ans plus tard, en signant un contrat de location-gérance pour tenter de redresser la barre. Faute là aussi de trouver la clientèle, le contrat ne sera pas renouvelé. Les salariés ont donc rebasculé sur Auchan au 1er janvier 2023. Contactée, la communication du groupe assure qu'aucune décision n'a encore été prise quant à l'avenir de l'hypermarché.

En attendant la prochaine réunion du CSE, courant janvier, les salariés, dans l'incertitude, se disent inquiets. "Le directeur doit annoncer les mesures prises mais en attendant on ne sait rien. On a la boule au ventre", nous confie Thérèse Randaxhe, déléguée syndicale CFTC. Un sentiment de gâchis largement partagé, surtout chez les plus anciens, délie les langues. "On a essayé de se battre mais voila comment on est récompensé", déplore Caroline Baquier, une quinquagénaire embauchée à l'âge de 25 ans. 

Il n'y a pas de galerie sans Auchan

Une commerçante

La dizaine de commerçants de la galerie sont inquiets eux aussi. Depuis deux semaines, l'annonce de la fermeture a déjà produit ses effets délétères. Fabrice Genestier, encadreur depuis 25 ans, est l'un des plus anciens de la galerie. "La galerie va rester ouverte mais les gens ont du mal à comprendre. Dans ces conditions je ne suis pas sûr de pouvoir garder mes clients, je suis lié au centre commercial". Même constat amer pour cette commerçante qui tient un magasin de clé minute depuis huit ans : "J'ai peur pour l'avenir. Personne ne viendra, il n'y a pas de galerie sans Auchan".

Quant aux clients de Bourtzwiller, pour qui cette grande surface était devenue emblématique, ils devront aller plus loin. Pour ceux qui n'en ont pas les moyens ou simplement pas le désir, cette nouvelle n'augure rien de bon pour cette année qui débute. 

Trois options dont l'une d'elle décidera du sort de l'hypermarché : Auchan trouve un repreneur, lequel pourrait poursuivre l’activité, mais pour quel projet ? Auchan reprend l’activité mais devra trouver des investisseurs pour relancer l'enseigne ou, scénario catastrophe, l’hypermarché est liquidé et ferme définitivement. Réponse d'ici trois semaines.