Mulhouse : des cellules souches utilisées pour réparer le cœur des victimes d'infarctus

Depuis 14 ans, une entreprise mulhousienne développe une thérapie pour réparer les tissus cardiaques endommagés après un infarctus. Le concept : une injection dans le cœur de cellules souches, qui proviennent du patient lui-même.

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C'est une innovation médicale qui pourrait changer la vie de nombreux patients. A Mulhouse (Haut-Rhin) depuis 2008, l'entreprise CellProthera entend réparer le cœur de personnes touchées par un infarctus, grâce à des cellules souches. Les phases de tests sont encore en cours mais les premiers résultats sont très encourageants.

"Tous les patients qui ont bénéficié de cette thérapie depuis 15 ans sont toujours en vie, résume le professeur en hématologie Philippe Hénon. Seul un patient est aujourd'hui décédé, il a survécu 12 ans après la thérapie mais il n'est pas mort d'un problème cardiaque." Cette méthode a par ailleurs évité à trois patients une transplantation cardiaque.

Après un infarctus, des tissus du muscle cardiaque sont nécrosés : ils sont définitivement morts. La technique développée par CellProthera permet de régénérer les tissus endommagés. D'après l'Inserm, 80.000 personnes sont touchées en France chaque année. Un infarctus est mortel dans l'heure dans un cas sur dix.

Le patient est son propre médicament

Alors comment ça marche ? Dans les sept à neuf jours qui suivent un infarctus, il est prélevé, via une prise de sang, des cellules souches de la victime. Les cellules vont être multipliées in vitro pendant dix jours, avant d'être réinjectées directement dans le cœur du même patient, dans la lésion de l'infarctus.

Dans le détail, les cellules souches vont passer dans une machine développée expressément pour cette thérapie. Un "cocktail" est ajouté au début du processus aux cellules, avant qu'elles ne passent 10 jours dans un incubateur. Elles sont ainsi dans un milieu propice à leur multiplication.

Il s'agit ici d'une auto-greffe. Le greffon n'est pas un organe provenant d'un autre patient, mais bien le sang prélevé quelques jours plus tôt sur le même patient. "Les cellules souches, que nous possédons tous en nous, sont capables de "pondre" différents types de cellules, du cœur, du foie ou du cartilage", explique le professeur Philippe Hénon.

Cela fait plus de 20 ans que le professeur et ses équipes travaillent sur les cellules souches. "A l'époque, on pensait qu'elles ne pouvaient reconstituer que de la moelle osseuse, rappelle Philippe Hénon. On s'est aperçu qu'elles avaient d'autres potentiels."

En phase de test

Cette thérapie développée à Mulhouse doit encore faire ses preuves avant d'arriver sur le marché. Les médicaments de thérapie innovante doivent suivre beaucoup de procédures réglementaires avant d'être disponibles pour le grand public. Aujourd'hui CellProthera en est à la phase 2 (sur trois). Les tests concernent 30 patients.

"Les patients sont ensuite suivis de manière très stricte pendant six mois, et comparés à un autre groupe de patients qui n'ont pas reçu ces cellules souches, mais une thérapie standard", précise le directeur général de CellProthera, Matthieu de Kalbermatten. A la fin de la période d'expérimentation, les médecins sauront si le résultat escompté est bien là chez les patients qui ont reçu la greffe.

"C'est une procédure nouvelle, et les premiers résultats montrent que les cellules souches n'ont pas d'effets nocifs chez les patients", se réjouit Matthieu de Kalbermatten. Il semble même que la fonction cardiaque des patients soit retrouvée après un infarctus sévère. "A chaque étape, on contrôle mieux notre procédé de fabrication et on identifie les types de patients qui correspondent et réagissent le mieux à notre thérapie", explique Matthieu Kalbermatten.

Aujourd'hui, quatre machines sont installées en France, à Mulhouse donc, mais aussi à Nantes ou Besançon, et une cinquième en Angleterre. Prochaine étape dans le développement de cette thérapie prometteuse : des traitements précoces sont espérés d'ici la fin 2023.

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