Marie-Christine Le Gales, la présidente de l'association Stérilise ton chat 68, a découvert une vingtaine de chats et chatons errants empoisonnés dans la cave libre d'accès où ils vivaient. La protectrice des animaux est indignée, et tente de sauver les chats qui auraient échappé à l'empoisonneur.
C'est une scène d'horreur, "et une odeur de mort" qu'a découvert Marie-Christine Le Gales, la présidente de l'association Stérilise ton chat 68, à Mulhouse (Haut-Rhin). Une vingtaine de chatons et de chats errants qui ont été empoisonnés le vendredi 21 août 2020. Entre la chaleur insoutenable, l'odeur putride, et le bruit des mouches, il est difficile de ne pas tourner de l'oeil.
Ces chats vivaient dans une cave librement accessible d'un des HLM de la rue de la Navigation, dans le quartier Drouot (voir carte ci-dessous). Les immeubles sont en cours de désaffectation : les appartements laissés vacants sont progressivement murés, les familles qui partent ne sont pas remplacées.
Stérilise ton chat 68 s'occupait de ces chats comme elle pouvait, et comptait leur trouver une famille d'accueil. Marie-Christine Le Gales a récupéré l'un des cadavres de chat pour le porter en clinique vétérinaire, où une autopsie sera pratiquée. Elle compte aussi piéger les chats des environs, ayant survécu à l'empoisonnement, pour les confier à des maîtres aimants. Il n'y a eu qu'un seul animal survivant : une chatte (stérilisée après sa mise bas), dont tous les chatons et le compagnon ont été empoisonnés.
La présidente de l'association est révulsée (voir publication Facebook ci-dessous), et contient difficilement ses larmes. "Un chat, c'est une vie : il faut respecter la vie. Je ne souhaite pas à ces... criminels... de crever comme ces chats, dans une douleur horrible due à un empoisonnement... Mais je pense que la vie leur réservera quelque chose." Elle veut faire réagir l'opinion, quitte à choquer en photographiant le chat, pour que ça n'arrive plus.
"C'est horrible, ces chats sont des milliers, on fait un travail de fou pour eux. Mais seul un tout petit pourcentage survit : ils attrapent des maladies, sont tués par des animaux sauvages, sont écrasés par les voitures, sont parfois torturés par des humains... Nous, on veut les stériliser. En faire des chats libres qui ne se reproduiront plus. Abandonner un chat non stérilisé, c'est prendre le risque qu'il ait fait naître 200 chats seulement deux ans après."
Et pourtant, cette situation "inadmissible" pourrait être évitée, explique-t-elle. "Il faudrait un Véto pour tous, car les soins sont chers et peuvent conduire à abandonner son animal. Il n'y a pas de poursuites pour les mauvais propriétaires de chats. Et la stérilisation coûte trop cher, il faudrait la subventionner." Elle déplore d'ailleurs l'abandon d'un partenariat entre la municipalité et 30 Millions d'amis pour les campagnes de stérilisation. Toutefois, la ville nous a indiqué qu'un partenariat de ce type était actuellement en cours avec la SPA (Société protectrice des animaux).
Abandonner un chat non stérilisé, c'est prendre le risque qu'il ait fait naître 200 chats seulement deux ans après.
Stérilise ton chat 68 doit parfois se résoudre à prendre en charge ces stérilisations, ou certains soins (actuellement, une opération sur un chat aveugle). Jusqu'à ce que les factures s'entassent : l'association a dû se résoudre à ouvrir une cagnotte en ligne pour payer les frais. "Je travaille comme une folle pour ces vies, on dépense une énergie formidable. Mais quand je vois 20 chats dans une seule petite rue à minuit, à cause de la bêtise humaine... Ce n'est plus possible."
Une plainte va être déposée. Contactée, la police rappelle que maltraiter son animal est un délit qui peut mener à une peine d'emprisonnement. Loïc Minery, conseiller municipal d'opposition et vice-président de l'agglomération mulhousienne, est soucieux de la situation. "Ce n'est pas récent, cette problématique. C'est un sujet qui revient régulièrement dans le débat public. Il faudrait lancer une campagne de stérilisation dans la durée, pas que ponctuelle; et imposer des amendes aux propriétaires peu regardants. On va regarder ça." Le sujet pourrait être abordé lors du conseil municipal de rentrée.