Des enseignants membres du FSU se sont retrouvés ce 10 novembre square de la Bourse à Mulhouse dans le cadre d’une action "un masque, une chaise et de la distanciation". Objectif : montrer les difficultés à faire rentrer 30 élèves dans une classe en respectant le protocole sanitaire.
Malgré quelques concessions faites par le ministère de l'Éducation nationale, l'intersyndicale enseignante a maintenu son appel à la grève ce mardi 10 novembre. Dans les lycées par exemple, pour réduire les effectifs des élèves, la moitié des cours doit être tenue désormais en présentiel. Des mesures insuffisantes pour la section haut-rhinoise du FSU, dénoncées de façon originale et démonstrative.
Une "classe" en plein air
Une trentaine d’enseignants, assis sur autant de chaises, réparties sur cinq colonnes, espacées d’un mètre : square de la Bourse cet après-midi du 10 novembre à Mulhouse. C’est comme ça que le FSU entendait montrer à tout le monde la réalité d’une classe où les distanciations sont souvent difficiles à respecter. Parmi les participants à cette démonstration grandeur nature, Valérie Poyet, secrétaire départementale du FSU 68, rappelle que la superficie d’une salle de classe tourne en moyenne autour de 50 à 60 m2 : "Pour respecter la distanciation sociale il faudrait plutôt 90m2 pour installer ces mêmes 30 élèves"."Il faut recruter du personnel"
C'est pour cela que le syndicat d'enseignants revendique le recrutement de personnel: "Pour aider les enseignants à dédoubler les classes, accueillir moins d’élèves mais aussi permettre d’assurer les remplacements d’enseignants malades ou cas contacts ou même vulnérables. Il faut pouvoir les remplacer. Or aujourd’hui c’est très compliqué". Même problème pour les agents territoriaux dans les établissements scolaires du second degré selon Valérie Poyet: "Ils permettent d’assurer la gestion, la surveillance et le nettoyage des locaux. Ce personnel manque beaucoup à l’appel parce qu’il y a eu pas mal de fermeture à la rentrée"."Maintenir les écoles ouvertes"
Ces règles imposées par le protocole sanitaire sont difficiles à appliquer malgré cela, affirme Valérie Poyet: "On veut absolument que les établissements restent ouverts, c’est essentiel de pouvoir accueillir les élèves à l’école. Dans ces cas-là il faut pouvoir assurer la sécurité sanitaire de tout le monde pour éviter les clusters. Et pour éviter les clusters il faut de la distanciation, pouvoir se laver les mains, éviter le brassage."Les élèves et les enseignants sont dans le même bateau, or pour Valérie Poyet les conditions de sécurité sanitaires ne sont assurées ni pour les uns ni pour les autres. "L’idée est que tout le monde reste en bonne santé et ne tombe pas malade, que tout le monde puisse assister aux cours dans l’établissement. Aujourd’hui, nous avons besoin que le gouvernement réponde présent et embauche des personnels, des agents".
"Des demi-mesures tardives"
"Alterner en demi-groupe, pourquoi pas, d'un point de vue protocole ça peut s'entendre, encore faut-il mettre des adultes, et des adultes formés en face", explique pour sa part Christophe Ansel, enseignant d'EPS au collège Mathias Grunewald de Guebwiller. Des demi-mesures que le ministre Jean-Michel Blanquer prend au dernier moment sans consulter les organisations syndicales, selon lui. Le protocole avait été prévu dès le mois de juillet, selon Valérie Poyet: "Nous aurions dû être destinataires de ce protocole bien en amont de façon à pouvoir le préparer, ce qui n'a pas été le cas et nous le regrettons".Selon le ministère de l’Education, environ 10% des enseignants ont suivi l’appel à la grève sanitaire. La participation serait beaucoup plus forte selon le FSU qui annonce plus de 40 % dans les collèges.