L’histoire a commencé en 1992. "A l’époque Mulhouse souhaitait revoir ses illuminations de Noël. Un premier essai a été fait rue Mercière avec Faniuolo et cela avait beaucoup plu. De là a commencé le travail régulier avec l’entreprise italienne", explique Bénédicte Holder, responsable du service Attraction commerciale de la ville de Mulhouse. Elle tient ce souvenir d’un ancien aujourd’hui retraité.
"Les décorations de Noël sont chaque année soumises à un marché public et Fanuiolo le remporte car ils ont des tarifs attractifs. Et puis ils proposent des motifs particuliers qui sortent des modèles habituels. De plus ce n’est pas un simple achat sur catalogue. C’est une prestation complète avec des des visuels envoyés en amont, le transport, l’installation... Faniuolo nous propose chaque année des nouveautés. Si la ville achetait ses propres illuminations on changerait beaucoup moins souvent de motifs."
Un écho à la Renaisssance
Mulhouse accorde ainsi chaque année un bugdet de 400.000 euros à l’ensemble des illuminations de Noël. Certains lots sont confiés à des entreprises locales comme TSE pour l’éclairage des façades place de la Réunion.Mais ce qui brille le plus vient d’Italie. Ce ton quelque peu rococo. Et c’est Ricardo Basualdo qui assure chaque année la chorégraphie lumineuse, depuis le début de l’aventure. Concepteur des installations de Mulhouse pour l’entreprise Faniuolo, il vient tous les ans sur place assister à la métamorphose de la ville.

Ricardo Basualdo dessine depuis 1992 la chorégraphie lumineuse de Mulhouse
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© Géraldine Dreyer, France Télévisions (France 3 Alsace)
Rencontré place Franklin en train d'observer le bon déroulement du chantier sous une pluie battante, il explique : "L’idée est de transformer le quotidien d’une ville pendant un temps festif. C’est un écho à la Renaissance lorsque les artistes transfiguraient une ville à l’occasion d’un grand événement. Nous on s’inscrit dans cette tradition. C’est l’art de la transfiguration urbaine avec les nouvelles technologies !" Regarder la ville autrement le temps de Noël ? "Oui ! Faire un pas de côté par rapport aux usages quotidiens de la ville. Faire bifurquer les gens dans leurs attentes."
Ouvrir la ville au merveilleux
Echanger avec Ricardo Basualdo, c’est ouvrir les yeux sur son travail de mise en lumière de l'espace urbain. Le voilà qui aborde la question des couleurs. Car il ne choisit pas n’importe quelle lumière pour n’importe ville : "On travaille toujours en rapport avec la sensibilité chromatique de l’environnement. Pour Mulhouse j’ai choisi du blanc chaud et du blanc froid là où en Italie je mettrais des lampes rouges. Mais le rouge c’est la couleur de la roue de Mulhouse, de l’Alsace, des façades… Il faut donc mettre ici des couleurs claires pour respecter ce qui existe et le mettre en valeur. C’est quelque chose qui est donné en partage, une atmosphère dont les gens peuvent parler."
La colonne lumineuse installée place Franklin évoque une broderie parsemée de leds.
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© Géraldine Dreyer, France Télévisions (France 3 Alsace)
Démonstration avec cette colonne installée place Franklin : une broderie décorée de leds. Elle a cette année été peinte en doré, pour Mulhouse. Voilà déjà qu’un groupe de collégiennes s’y intéresse d’un peu trop près. L’une d’entre elles se glisse à l’intérieur de la structure pour se faire prendre en photo. Ce n’est évidemment pas prévu pour. "Mais voilà ! Vous voyez c’est déjà une manière d’investir cette place autrement pour ces jeunes filles. Il faut ouvrir la ville au merveilleux !"
Sans ambiance de marché de Noël, les illuminations seront sûrement regardées d’un autre œil dans la ville en 2020. La grande arche de la rue Mercière a été installée plus haute cette année, 11m. "On l’a voulu encore plus enveloppante. Il faut qu’elle vous prenne dans ses bras", commente Ricardo Basualdo. Parce que la société a besoin de plus douceur cette année ? Probablement.