Le festival Scènes de rue aura bien lieu à Mulhouse cette année. Impossible à organiser en juillet dernier, il se déroulera finalement les 17 et 18 octobre. Il s’agit d’un des rares festivals à ne pas être reporté en 2021. La ville en a décidé ainsi pour mieux se reconstruire.
Si ce n’est pas un acte de résistance, cela y ressemble beaucoup. Mulhouse a décidé de maintenir son festival Scène de rue en 2020 : il se déroulera le week-end des 17 et 18 octobre avec 25 compagnies invitées : théâtre de rue, cirque, danse, performances... des spectacles tous gratuits. Une séance de rattrapage pour l’édition qui n’avait pas pu avoir lieu au mois de juillet. Alors certes la météo ne sera pas estivale, il faudra respecter les distances, les compagnies devront adapter leurs spectacles aux conditions sanitaires. Mais la fête aura bien lieu dans un contexte qui n’y était pourtant pas favorable.
"Dès le mois de juillet, Mulhouse nous a parlé d’un possible report à l’automne. C’est une des rares villes qui a résisté et fait le choix de maintenir un festival en 2020. On devait avoir 10 dates cet été, Mulhouse est la seule qui nous reste !" Baptiste Faivre et Césaire Chatelain parlent de concert. Les deux directeurs artistiques de la compagnie des Urbaindigènes ont le sourire sous leurs masques. Ils se réjouissent de pouvoir enfin éprouver leur nouveau spectacle « Chantier, la tournée du coq » face au public.
Le montage d’une impressionnante structure en bois a commencé ce mercredi 14 octobre. Dix mètres de hauteur pour un spectacle qui interroge la force du collectif. C’est dans l’ère du temps, à l’heure où les actes de chacun permettent de lutter contre un ennemi viral commun. "Il est tout frais, c’est notre bébé ce spectacle ! Les Mulhousiens vont assister à l’avant-première et à la première ! Jusque-là on a joué chez nous dans le Jura devant quelques locaux, des amis d’amis… Là c’est une date symbolique qui s’annonce. Une date de création. Et pour nous c’est essentiel. On se voyait mal passer un hiver sans rien faire."
On a dû rendre notre spectacle covid-compatible.
Ils vont devoir adapter l’histoire, la rendre "covid-compatible" comme ils s’amusent à le dire. "On aime créer la proximité physique avec le public, on lui demande son aide, c’est un chantier participatif. Là on doit s’adapter mais l’essentiel sera là." Adaptation, c’est le maître mot commun à tous les artistes cette année. La compagnie Carabosse revient pour la troisième fois à Mulhouse avec ses installations de feu. Dans différents parcs et places du centre-ville. "On nous a demandé de créer un parcours plus large pour cette édition. Nous n’étions pas prévus au programme en juillet. Mulhouse nous a sollicités pour la version de l’automne parce qu’on a une relation particulière avec elle": Mathieu Laville porte le projet mulhousien pour la compagnie Carabosse. Il court d’une place à l’autre pour accompagner l’installation des fontaines qui vont mêler eau et flammes trois heures durant samedi soir. "Nous avons eu beaucoup d’annulations et là ça sera notre troisième spectacle depuis septembre. On est contents."
Place de la Réunion, l’équipe du festival se déplace à vélo et fait une rapide pause devant le point info qui sera ouvert tout le week-end. "Si on a résisté, c’est que les élus l’ont voulu", explique Emmanuelle Telega qui assure l’organisation du festival. "De ce fait on s’est resserré sur l’essentiel: notre mission de service public de la culture. On doit tenir. Le lien doit être là." Frédéric Rémy, directeur artistique complète: "On se doutait que la rentrée n’allait pas être facile. Le fait que le festival lance les vacances de la Toussaint est une bonne chose. Ça permet d’être dans une temporalité où on a envie de sortir, de se détendre."
Un manuel du festivalier sous pandémie
Il faudra pour cela que le public accepte les conditions particulières imposées par la pandémie. Un manuel du festivalier a été rédigé pour que l’événement festif se déroule dans les meilleures conditions. Jauges limitées pour certains spectacles avec distribution des billets 30 minutes en amont. Maintien d’une distance d’un mètre entre les festivaliers lors des déplacements, dans les files d’attente… Port du masque obligatoire et permanent. Interdiction de boire et de manger pendant les représentations.Faisons confiance au public, il saura se comporter comme il faut. Ma seule crainte, c’est une grosse pluie ou une vague de froid.
Pas de quoi gâcher la fête pour l’équipe municipale mais "une occasion de faire preuve de résilience". Anne-Catherine Goetz, adjointe au maire déléguée à la Culture n’en démord pas. "Il fallait maintenir coûte que coûte un festival. Même dans une forme réduite. Il ne durera que deux jours au lieu de quatre. Nous accueillons 25 compagnies au lieu de 30. Mais l’idée c’était de soutenir le monde de la culture très éprouvé par la crise sanitaire. Et puis Scènes de rue est un événement qui crée chaque année une attente. On en est à la 24e édition. Mulhouse a vécu un traumatisme au printemps, elle besoin de se reconstruire. Faisons confiance au public, il saura se comporter comme il faut. Ma seule crainte c’est une grosse pluie ou une vague de froid."
Le festival Scènes de rue accueille chaque année quelque 55.000 spectateurs sur quatre jours de spectacles gratuits.