Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a été vivement interpellé par la CGT vendredi dans l'usine PSA de Mulhouse qu'il visitait, mais a assuré en réponse que le gouvernement irait "jusqu'au bout" de ses réformes.
Une dizaine de représentants CGT de l'usine automobile ont pris à partie Bruno Le Maire, l'accusant de cautionner la "destruction d'emplois" par une entreprise "obèse de fric". "Comment se fait-il que cette entreprise continue à supprimer des emplois alors qu'elle gagne des milliards d'euros? On ne voit pas de retour. Pendant ce temps, on nous augmente de 19 euros! Que faites-vous pour nous?", ont-ils lancé au ministre. Voir ci-dessous la vidéo intégrale de cet échange vif.
"Vous êtes l'avocat de Carlos Tavarès (le président de PSA), vous êtes le copain des patrons", a critiqué Salah Keltoumi, délégué CGT chez PSA Mulhouse. Bruno Le Maire a jugé "caricaturale" cette "vision qui coule la France depuis des années". Selon lui, elle ne traduit pas la position des salariés PSA "qui sont fiers de travailler dans cette entreprise" et saluent son "redressement après avoir failli mettre la clé sous la porte il y a cinq ans".
L'échange devenant de plus en plus vif, M. Le Maire a critiqué ses interlocuteurs comme "faisant partie de ces gens qui mènent le pays à la ruine". "Le peuple français compte plus que trois syndicalistes qui ne veulent pas discuter, c'est lui que nous écoutons", a dit M. Le Maire. "Nous ne nous laisserons impressionner par personne. Nous avons reçu des Français le mandat de réaliser enfin la transformation du pays et nous irons jusqu'au bout de cette transformation", a répété M. Le Maire plus tard dans l'usine, dans son allocution aux dirigeants de PSA et aux élus locaux.
La CGT est le seul syndicat qui n'a pas signé l'accord de compétitivité "Nouvel élan pour la croissance" en 2016. Les autres syndicats, "représentant 80% des salariés, coconstruisent l'avenir de l'entreprise", a commenté sur place M. Tavarès, qualifiant les organisations signataires de "réformistes". "Seule la performance protège véritablement l'entreprise. Nos organisations syndicales signataires, réformistes, l'ont parfaitement compris", a-t-il déclaré.
Le gouvernement va faire plancher l'industrie automobile sur l'après-diesel
"Je réunirai début avril la filière automobile pour regarder ensemble les défis qui l'attendent. Je pense en particulier au diesel", a déclaré Bruno Le Maire lors de sa visite de l'usine. La réunion aura pour objectif de réfléchir à la façon d'"accompagner les sous-traitants" dans le déclin attendu des ventes de voitures diesel, et à "comment accompagner une grande entreprise comme PSA dans cette transformation de la motorisation vers l'essence, l'hybride, l'électrique, au détriment de ce qui a fait sa force", a poursuivi le ministre de l'Économie et des Finances dans une allocution aux dirigeants de PSA et élus locaux qui l'accompagnaient dans sa visite.
Cette réunion sera la première du comité stratégique de la filière automobile tel que redéfini par l'actuel exécutif, a précisé M. Le Maire, qui a déclaré y souhaiter la présence du patron de PSA Carlos Tavares et de celui de Renault Carlos Ghosn. PSA "sera prêt l'an prochain" pour appliquer des "technologies, actuellement en phase finale" d'élaboration, au titre de son "engagement dans la transition énergétique", a souligné Carlos Tavares auprès de journalistes lors de cette visite à Mulhouse.
Pour PSA, "il n'y a pas de débat sur la nécessité" de cet engagement en faveur des motorisations alternatives au diesel, a-t-il affirmé. Selon M. Le Maire, la motorisation fait partie du "défi environnemental" auquel l'industrie automobile française doit répondre, "à un rythme raisonnable par rapport aux capacités d'investissement des usines". Les deux autres défis concernent "la formation accompagnant la robotisation" et la capacité à produire des "innovations de rupture, par exemple sur le stockage de l'énergie renouvelable", a-t-il complété.