TEMOIGNAGE - Un chef de service de l'hôpital de Mulhouse nous explique pourquoi il démissionne ce mardi 14 janvier

Plus de 1.000 médecins hospitaliers dans toute la France menacent de "démissionner de leurs responsabilités" ce mardi 14 janvier pour alerter sur la situation de crise qu'ils traversent. Parmi eux, le chef du service de pneumologie de l'hôpital Emile Muller à Mulhouse. Il nous dit pourquoi.

Plus de 1.000 médecins hospitaliers dont 660 chefs de service ont signé une "lettre de démission collective de leurs responsabilités" et doivent remettre leur lettre ce mardi 14 janvier. Ces démissions relaient le signal d’alerte lancé au mois de décembre 2019 par le collectif inter-hôpitaux sur la crise que vit le secteur. Des conférences de presse sont organisées mardi 14 janvier à 11h à Paris et dans plusieurs villes de France afin de rendre publique cette lettre "ainsi que les demandes adressées à la ministre de la Santé", Agnès Buzyn.
 


Le docteur Didier Debieuvre, chef du service pneumologie à l’hôpital Emile Muller de Mulhouse, nous explique les raisons qui l'ont poussé à signer cette lettre de démission.
 


Vous démissionnez de votre poste administratif, pourquoi choisir ce mode de protestation ?

"La démission des chefs de service est uniquement administrative. Il est hors de question de ne pas soigner, ce n’est pas comme à la SNCF ou à la RATP où l’on peut s’arrêter de travailler. On ne va plus remplir la paperasse, les évaluations, les comptes rendus. D’ailleurs, l’informatisation nous fait perdre du temps, on passe plus de temps à soigner le dossier qu’à soigner le patient. Chefs de service, nous n’avons pas une rémunération supérieure aux autres praticiens mais on a toutes les emmerdes en plus, comme la paperasse. La démission c’est la seule façon de nous faire entendre."


Vous protestez contre quoi ? 

"On manque de médecins, c’est la conséquence de la curie et du numérus clausus qui en réduit le nombre. Avec le vieillissement de la population, cela crée un effet ciseaux, il y a de plus en plus de patients et de moins en moins de soignants car on a n’a pas mis les moyens. On a le même problème avec les infirmières et les aides-soignantes. Vu les contraintes et le salaire, les jeunes ne veulent plus faire ces métiers-là. Quand on demande 300 euros de plus pour les infirmières qui touchent seulement le SMIC, ça n’est pas du luxe. Quand on est obligé de fermer des lits c’est par manque de personnel. Ne pas le faire serait mettre en danger les patients."
 

Tout a commencé avec la grève aux urgences, les autres services sont-ils eux aussi saturés? 

"On vit dans une société de l’immédiateté, les patients sont de plus en plus exigeants et aux urgences on ne veut plus attendre. Ça pèse sur les troupes de soignants. Le problème des urgences impacte les autres services. Ce problème d’engorgement, c’est parce que la médecine de ville s’est désinvestie. Les urgences, c’est la seule lumière allumée dans la nuit pour les malades."
 
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