Les naissances d'animaux menacés d'extinction sont toujours un événement. Le parc zoologique de Mulhouse, qui participe à de nombreux programmes de sauvegarde et réintroduction d'espèces en danger, est heureux d'annoncer la naissance de trois chats des sables. Ils seront visibles du public à partir du 20 avril.
Visage large, pelage jaune et longues oreilles, trois chats des sables sont venus au monde le 8 février, au parc zoologique et botanique de Mulhouse. Au cours de leurs trois premiers mois d'existence, seuls les soigneurs les ont vus. Ce n'est que début avril qu'ils les ont manipulés pour la première fois afin de les identifier, sexer, peser, vacciner, pucer.
"Ces chatons sont en parfaite santé, très calmes, déjà en confiance avec les soigneurs. Ils se sont laissés manipuler, sans signe de stress", indique Benoit Quintard, vétérinaire et directeur adjoint du zoo de Mulhouse. "Pour l'instant, ils vivent avec la maman et n'ont pas encore été présentés au public." Ils sortiront pour la première fois, dix jours après leur première vaccination, soit pour le week-end des 20 et 21 avril.
Ce sont trois petits mâles, nés naturellement, un heureux événement pour le parc, engagé dans la préservation et sauvegarde de nombreuses espèces. Les chats des sables font partie d'un des nombreux plans d'élevage des espèces menacées.
"Sur les vingt parcs européens, seuls quatre ont réussi à obtenir une naissance dans les douze derniers mois", indique le vétérinaire. "Les nôtres sont les premiers en 2024."
Pourquoi un pelage couleur sable et de longues oreilles ?
La lignée de ces trois petits ne vit plus dans les dunes du Sahara depuis quinze à vingt générations. Mais leurs caractéristiques physiques sont toujours là. Elles servaient à optimiser la chasse et à leur permettre de supporter au mieux les conditions climatiques dans lesquelles ils vivaient. Pelage jaune pour se fondre dans le décor et longues oreilles pour détecter les insectes et rongeurs cachés sous le sable. Pour respecter au mieux cette nature, le parc zoologique leur propose un espace chauffé en hiver, et un environnement le plus désertique possible, avec un cadre minéral.
Néanmoins, leur comportement évolue. À l’origine, ils ne grimpaient pas, le désert étant dépourvu d'arbres, "Maintenant, ils adorent ça" relève Benoit Quintard. Différence aussi face aux très fortes chaleurs. Dans le désert, ils ont peu d'échappatoire, mais dans le parc, "entre le soleil ardent et l'ombre, ils choisissent l'ombre."
Au zoo, comme à l'état sauvage, ils mangent des rongeurs, mais ici ce sont des petites proies d’élevage, distribuées chaque matin, avant l’ouverture du parc, et chaque soir à sa fermeture.
Ces petits continueront à propager l’espèce au sein du programme d’élevage, dans des parcs de Barcelone, Rotterdam ou Lisbonne
Benoît Quintard, vétérinaire et directeur adjoint du zoo de Mulhouse
D'ici à un an, les trois félins seront attribués à d'autres parcs. C'est un coordinateur d'espèces qui se charge d'étudier et d'indiquer aux différents zoos où ils seront les mieux à même de renouveler l'espèce. Cela pourra être à Barcelone, Rotterdam ou Lisbonne afin de continuer à propager l’espèce au sein du programme d’élevage, en évitant toute consanguinité.
Ces conservations "ex situ" (hors de leur situation naturelle) permettent d'obtenir des populations de sauvegarde et si besoin des individus aptes à être réintroduits, dans le but d'éviter l'extinction d'une espèce.
Les soigneurs vont donner un nom à chaque petit avant leur sortie. Le public sera prévenu par les réseaux sociaux du zoo.