Alors que trouver un logement est une galère en cette rentrée pour les étudiants, Domintys, principal groupe de résidences séniors en France, propose des studios en échange de 15h de travail. À Mulhouse (Haut-Rhin), c'est une première. Avis aux amateurs.
Il a moins de deux ans, fait 35 m² et il est équipé d'un coin cuisine, d'un salon et d'une salle de bain. Quand on sait à quel point dénicher un logement est un casse-tête en cette rentrée, entre l'inflation et l'augmentation du nombre d'étudiants, l'offre a de quoi faire réfléchir.
À Mulhouse, le groupe Domitys, leader des résidences séniors en France, propose ainsi cet appartement sans loyer, au cœur de son établissement le Jardin d'Edo, en échange d'un CDD de 15h par semaine. Une première en ville et un système gagnant-gagnant, selon Madeleine Heitz, la directrice du site.
"Pour les résidents, cela va permettre de multiplier les échanges, notamment à des horaires où il y a moins de personnels comme le soir ou encore les week-ends. Avoir des interactions avec des jeunes apportera de l’énergie dans la résidence. Quant aux étudiants, ils n'auront pas de loyer à payer."
Un loyer contre des tournois de belote ou de la pétanque
L'opération "Génération Part'âges" a déjà été expérimentée à 47 reprises en France. En Alsace, après un essai infructueux à Kingersheim, c'est à Mulhouse que Domitys refait une tentative. Le job consistera essentiellement à contribuer aux animations organisées au sein de la résidence : tournois de belote, parties de pétanque ou tout simplement discussions autour d'un café.
"Il n'y a pas de profil type ou de critères financier. Le principal est de faire preuve de savoir-être et d'être de bonne compagnie", précise la directrice. Avis aux amateurs donc, les candidatures sont ouvertes. Et le premier profil adéquat trouvé sera le premier logé.
Se sentir seul, c'est la pire des blessures
André Sengelin, résident au Jardin d'Edo
Interrogés dans la rue, les quelques étudiants croisés ce lundi 28 août sont partagés. "Pour un ou deux mois pourquoi pas, mais sur l'année entière ça risque de faire trop, estime Ketia. Je préfère être avec des gens de mon âge." La peur de ne pas sociabiliser avec les gens de sa promo n'est pas le seul critère. Une étudiante en médecine précise que "15h à faire de l'animation, c'est 15h de perdues dans les révisions"... et donc potentiellement une année manquée.
Une idée qui séduit aussi. Parce que "l'entente avec les anciens est souvent bonne et qu'on peut bien rire", argumente Angela, étudiante en psychologie. Du côté des séniors, les avis sont unanimes. Un peu de jeunesse au sein de la résidence aurait peu ou prou l'effet d'une cure de jouvence.
Un libre accès aux espaces communs dont la piscine
"Pour le bien-être, c’est important. Si je ne peux pas parler, je me sens seul et c’est la pire des blessures", confie André Sengelin, veuf de 71 ans et résident à Mulhouse depuis plusieurs mois. "J’apprends toujours beaucoup de choses de mes petits-enfants. Avoir des jeunes près de soi, c'est très bien. Parfois, dans notre appartement le soir, on a des moments de nostalgie."
Rompre la solitude, retarder l'apparition de maladies dégénératives ou, en tout cas, en atténuer l'intensité, tout en évitant à un étudiant d'être confronté à une trop grande précarité... Sur le papier, le dispositif permettrait de résoudre deux problèmes de société à l'échelon local.
Petit bonus, l'étudiant sélectionné aura également accès, en plus du studio de 35 m², aux espaces communs, c'est-à-dire à la piscine ou à la salle de musculation de la résidence. Il pourra même accueillir des amis chez lui, en respectant "les règles en vigueur dans l'établissement" rappelle Madeleine Heitz, la directrice. Pas de quoi organiser la fête du siècle, mais au vu du contrat proposé, l'intéressé(e) pourra bien consentir à quelques sacrifices.