Poissons vendus comme appâts, "le leader du sport en France se permet de vendre des animaux prêts à être torturés", dénonce une association

Une pétition a été lancée contre la vente d’appâts vivants dans le Decathlon de Wittenheim-Kingersheim. Les défenseurs de la cause animale dénoncent la maltraitance et la fin tragique qui attend ces petits animaux. Ils seront utilisés pour attirer de plus gros poissons lors de la pêche au vif. La pétition a recueilli plus de 13 000 signatures.

Je me suis dit : ça suffit.” Léa est une habituée du Decathlon de Wittenheim-Kingersheim. Régulièrement, elle passe devant ce bac qui se trouve au fond du rayon pêche. Une pensée pour l'eau plutôt sale et une autre pour le crochet qui transpercera bientôt la bouche ou le dos de ces petits poissons. Accompagnée de son fils de 5 ans, le jour est arrivé où c’en était trop. Que vont devenir ces poissons ? Pourquoi celui-là bouge-t-il moins que les autres ? “J’ai décidé de faire quelque chose. J’ai pris des photos et des vidéos, puis j’ai contacté l’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ). 

Le leader du sport en France se permet de vendre des animaux prêts à être torturés. Il faut que ça cesse”, déclare Amandine Sanvisens, présidente de ladite association. Une pétition a ainsi été lancée pour l'arrêt de la vente d'appâts vivants au Décathlon de Wittenheim - Kingersheim. Ce n’est pas la première fois que l’on entend parler de ces petits poissons et crabes, utilisés pour attirer plus gros qu’eux lors de la pêche au vif. Plusieurs magasins Decathlon en France ont reçu les foudres des protecteurs des animaux dans les dernières années. Les pétitions se comptent par dizaines. “Les conditions de vie des poissons et des crabes sont déplorables. Ils se blessent les nageoires en s’entrechoquant car ils sont trop nombreux dans le même bac. L’eau, si essentielle à leur bien-être, est sale.

Certains magasins ont arrêté de vendre ces appâts, d’autres comptent continuer ou diminuer progressivement. L’enseigne, elle, a fini par déclarer : Decathlon est engagé dans la recherche, le développement et la vente de leurres de haute qualité, offrant des alternatives de plus en plus efficaces à la pratique traditionnelle de la pêche aux vifs. Respectant la liberté de choix de nos clients, nous les informons sur les avantages environnementaux des leurres et les encourageons à envisager ces options dans le cadre de leurs activités de pêche. Pour être durablement ancrée dans les pratiques, nous sommes convaincus que cette transition requiert une approche progressive et pédagogique.” 

Le changement de ton est noté mais "ça reste à l’état de discours. Pas de pédagogie dans les magasins, pas de tutos de pêche au leurre sur leur site internet." Pour Amandine Sanvisens, "Decathlon doit s’engager contre la souffrance animale.

Une pratique ancienne

Du côté des pêcheurs, l'utilisation de leurres imitant les poissons et plutôt tendance ne fait pas l'unanimité. Il s'agit d’abord d’expliquer. La technique imite un processus propre à la nature. “Depuis la nuit de temps, les carnassiers mangent les poissons plus petits. Le pêcheur cherchera toujours à avoir cette proie ou quelque chose qui y ressemble.” Puis de rassurer, en mettant en avant le caractère ancestral et vieillissant de la pêche au vif. “C’est une pratique qui est doucement en train de disparaître”, explique Emilien Bordier, directeur de la fédération de pêche et de protection du milieu aquatique du Haut-Rhin.

 

Difficile de réellement déterminer le nombre de gens qui pratiquent la pêche au vif. Un sondage Ifop réalisé pour l’association PAZ trouve que 6% des pêcheurs la pratiquent régulièrement, mais que 52% peuvent la pratiquer occasionnellement. Autre argument brandi par les défenseurs de la pêche au vif : l’arrêt de la vente d’appâts vivants ne provoquerait en rien la fin de cette technique. N’importe quel pêcheur peut pêcher un petit poisson pour en appâter un plus gros. 

Conscients que la route vers l’interdiction totale est longue, les défenseurs de la cause animale espèrent que l’arrêt de la vente d’appâts vivants ait pour effet de ralentir la pêche au vif. “Certains continueront en pêchant eux-mêmes leurs appâts, mais d'autres se décourageront et iront vers la pêche au leurre. Ça créera une barrière à cette pratique.”

Pêcher au vif est pourtant interdit dans plusieurs pays comme l’Allemagne ou l’Ecosse. Deux propositions de loi ont été portées par des députés à l'Assemblée nationale, sans succès. La Ville de Strasbourg, elle, a interdit cette technique en mars dernier, lors d’un conseil municipal. L’impact est symbolique, les cours d’eaux dépendant de l’autorité de l’état. Pour Amandine Sanvisens, c’est tout de même une avancée. “Ça aidera à influencer le gouvernement. La cruauté envers les animaux, ce n’est pas du sport.

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