Un an de guerre en Ukraine : la nouvelle vie en Alsace du jeune Nikita qui se rêve basketteur professionnel

Depuis le mois de mars 2022, le jeune ukrainien Nikita Koviazin, 18 ans, est accueilli par Benoît et Carmen Freyburger, deux habitants de Wintzenheim (Haut-Rhin). Avec sa mère et son petit frère, il espère continuer sa vie en France pour y jouer au basket-ball à haut niveau.

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Le 24 février 2022, la Russie lançait son offensive sur territoire ukrainien. Le début d'une guerre qui a contraint le jeune Nikita Koviazin, originaire d'Odessa, à quitter son pays avec son frère et sa mère. Voici près d'un an que le jeune homme vit en Alsace, accueilli par une famille de Wintzenheim, dans le Haut-Rhin.

S'il apprend le français, Nikita est plus à l'aise pour s'exprimer en anglais. C'est dans la langue de Shakespeare qu'il raconte à France 3 Alsace son histoire : "Tout a commencé quand j'ai entendu les alarmes résonner dans toute la ville ce 24 février. Au début, je n'y croyais pas. Pour moi, on était dans un film, ça ne pouvait pas être réel."

Ce n'est que lorsqu'il se retrouve forcé de se réfugier dans un bunker qu'il comprend que ce qui se passe est bel est bien dans la réalité. Âgé de 17 ans à l'époque, l'adolescent doit quitter son pays. "Nous avons mis une semaine à rejoindre la France. D'abord en prenant le bus pendant trois jours jusqu'à la Pologne, puis en attendant toute une journée dans une gare en Allemagne."

Benoît Freyburger se souvient de cette période pendant laquelle son destin croise celui de Nikita : "Le responsable artistique du Paradis des Sources de Soultzmatt, Sasha Pohrebyak, est Ukrainien et habite à Wintzenheim. Il a alors demandé aux habitants si quelqu'un avait un hébergement temporaire pour une famille."

"Sasha a demandé si nous pouvions rester une semaine, ça a duré bien plus longtemps", continue Nikita. Avec sa mère Irina et son frère Yaroslav, ils occupent depuis plusieurs mois le logement Airbnb que possède la famille Freyburger.

On ne parle pas de mémoire. Ici, on est dans le concret.

Benoît Freyburger

Le retraité de 63 ans justifie son geste de solidarité : "Il ne fat pas oublier ce que nos parents ont vécu. Ceux de ma femme ont été déplacés vers le Lot-et-Garonne en 1940, et ils ne parlaient pas français. J'ai le sentiment qu'en Alsace, nous sommes plus conscients que d'autres régions des aléas de la guerre. On ne parle pas de mémoire. Ici, on est dans le concret."

"Les premiers jours, je ne connaissais personne et je me demandais ce que je pouvais faire. J'ai passé beaucoup de temps à faire du sport dans ma chambre. Puis j'ai aperçu un panier de basket dans la cour de la maison", se souvient l'Ukrainien qui a longtemps pratiqué ce sport à Odessa.

Benoît Freyburger a lui aussi joué au basket-ball : "J'ai vu que Nikita avait un petit niveau. Il m'a demandé s'il pouvait s'entraîner, alors je lui ai trouvé une place dans le club d'Eguisheim. Au bout de quelques temps, il a fini par faire deux à trois entraînements par semaine!"

Nikita ne se cache pas, il veut devenir basketteur professionnel. Cela passe par des bonnes performances avec l'équipe première d'Eguisheim, qui joue en pré-national : "J'avais un peu de mal au début, surtout au niveau de la langue. Mais maintenant, j'arrive à mieux comprendre ce que me disent mon coach et mes coéquipiers. Dans tous les cas, j'apporte le maximum et je joue avec mon cœur."

J'essaie de me dépatouiller au niveau administratif pour qu'ils puissent trouver un logement et voler de leurs propres ailes.

Benoît Freyburger

Le maximum, c'est également ce que Benoît Freyburger s'efforce de faire pour la petit famille ukrainienne. Le retraité a rapidement pu placer Nikita et Yaroslav dans une UPE2A afin qu'ils puissent rapidement apprendre le français. Il a également trouvé un CDD de couturière à Irina, elle qui faisait ce métier à Odessa.

"J'essaie de me dépatouiller au niveau administratif pour qu'ils puissent trouver un logement et voler de leurs propres ailes, mais c'est à s'arracher les cheveux, se désole l'ancien responsable d'une exploitation viticole. Il n'y a aucune coordination entre la préfecture, la CAF, les services d'immigration..."

En attendant, Nikita doit commencer en septembre des études dans le sport. S'il reste très souvent en contact avec son père qui se bat pour l'Ukraine, il n'envisage pas d'y retourner. Pour lui, son avenir s'écrit en France.

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