VIDEO. "Mon dernier salaire remonte à juin", le patron d'un restaurant se volatilise et laisse cinq employés sur le carreau

Depuis le 9 août 2023, les employés de restaurant Les Reflets du Val d'Argent de Saint-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) sont sans nouvelle de leur patron. Ils se retrouvent obligés d'être présents sur le site sans travailler. Une situation intenable.

Patrice Pfeiffer, patron d'un restaurant de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), n'a donné aucune nouvelle depuis le 9 août 2022. Résultat, ses cinq employés se rendent sur leur lieu de travail sans pouvoir travailler ni même rechercher un nouvel emploi.

Dans le camping des Reflets, le réputé restaurant du Val d'Argent n'accueille plus personne depuis bientôt deux semaines et l'énigmatique message laissé par le gérant Patrice Pfeiffer à l'une de ses cinq employés. "Le mercredi 9 août, il m'appelle et me dit que c'est à moi d'ouvrir le restaurant parce qu'il a un empêchement. Depuis, plus de nouvelles", confie à notre équipe Yaëlle Golosetti, serveuse.

Dans un premier temps, le patron de 58 ans indique qu'il doit être hospitalisé à Strasbourg. "On a commencé à vraiment s'inquiéter quand sa fille nous a dit qu'il n'était pas à l'hôpital", continue la serveuse. Le cuisinier Ludovic Burstert est la dernière personne à avoir eu le gérant au téléphone ce jour-ci à midi.

Il disait que les finances allaient bien.

Ludovic Burstert

Cuisiner

"Il n'y avait pas de signes avant-coureurs, peut-être un manque de motivation et de la fatigue, mais c'est normal dans notre métier. Rien d'alarmant en tout cas. Il disait que les finances allaient bien", témoigne-t-il. Yaëlle Golosetti contacte le soir-même les gendarmes qui ont lancé les recherches jusqu'au lendemain.

Dans les jours qui ont suivi, le téléphone du patron a été géolocalisé dans la Drôme, puis à Montpellier (Hérault). "Quand on l'appelle, parfois ça sonne, parfois ça raccroche directement", explique Yaëlle Golosetti. Mais au-delà de la disparition du gérant, qui n'a pas nécessité l'ouverture d'une enquête par la gendarmerie, considérant qu'elle est volontaire, la situation des salariés est problématique.

Seuls deux d'entre eux, les plus anciens, ont été payés en juillet. "Mon dernier salaire remonte à juin", se désole la serveuse depuis la terrasse vide du restaurant. Tous les jours, elle se rend aux Reflets du Val d'Argent, sans pour autant travailler. "Sinon, c'est considéré comme un abandon de poste", explique-t-elle.

Aucun plat ne sort des cuisines. Alors les salariés s'occupent comme ils peuvent. "On fait du nettoyage pour laisser l'endroit propre, on joue aux cartes... On essaie de ne pas trop y penser mais c'est dur de ne pas pouvoir faire ce qu'on aime", témoigne Yaëlle Golosetti les larmes aux yeux. 

Un personnel dans le flou

Le personnel se retrouve livré à lui-même et se démène pour trouver une solution. " On a eu l'inspection du travail, envoyé un courrier au parquet, à la mairie, à un avocat... Mais personne ne sait nous répondre. La situation est inédite, on est vraiment dans un flou administratif complet", ajoute-t-elle.

Liés contractuellement avec le restaurant, les employés ne peuvent pas rechercher un emploi, tout en ne touchant rien. "C'est dur et les semaines qui arrivent vont être très compliquées. Mes abonnements, je ne peux pas les payer. Même faire mes courses, je ne peux pas ! J'ai eu le patron au téléphone le jour de sa disparition. Il m'a promis que l'argent tomberait le 10 mais à l'heure actuelle, il n'y a toujours rien", regrette Olivier Braun, employé polyvalent.

"On ne sait pas où aller, qui appeler. On regarde à droite, à gauche. Mais d'un côté, on nous dit de faire ci, un autre nous dit de faire ça...", ajoute Ludovic Burstert. Tous espèrent que la rentrée va permettre une réponse rapide des services de l'État.