Haute-Marne : le préfet autorise les tirs d’effarouchement sur le loup pour protéger les troupeaux

Alors que plusieurs attaques de loup ont été recensées ces derniers mois dans le département, la préfecture de Haute-Marne publie un arrêté autorisant les tirs pour dissuader les grands prédateurs.

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Le 7 avril 2021, Michel Nelin, éleveur ovin à Poissons, découvrait deux de ses bêtes couvertes de blessures. L’un des moutons était mort, l’autre gravement blessé. « C’est un loup » avait confirmé le vétérinaire après étude des morsures.

Ce n’est pas la première fois que l’éleveur haut-marnais est confronté à ce genre d’attaque. En novembre, le loup avait déjà décimé dix de ses bêtes, cinq agneaux et cinq brebis. « La première fois, le troupeau patûrait à plusieurs kilomètres du village, précise-t-il. Mais cette fois, l’attaque a eu lieu tout près des maisons, juste à côté de la pancarte de Poissons ! Le loup n’a plus peur de s'aventurer en dehors de la forêt, près des habitations. »

Ces derniers mois, d’autres attaques ont été répertoriées dans les environs. Des troupeaux de moutons sur les communes de Noncourt-sur-le-Rongeant, Thonnance-les-Moulins, Blevaincourt et Chassey-Beaupré ont également subi les assauts du grand prédateur. Au total, 18 moutons ont été tués en moins d’un an.

Un arrêté pour dissuader les grands prédateurs

Face aux dégâts causés par le loup, le préfet de Haute-Marne Jospeh Zimet a pris un arrêté autorisant les tirs d’effarouchement sur les prédateurs. Ces tirs n’ont pas pour but de tuer ou de blesser l’animal, mais de l’effrayer pour le dissuader d’attaquer les troupeaux.

Ce sont les Lieutenants de Louveterie, des chasseurs bénévoles nommés par l’Etat, qui sont habilités à effectuer ces tirs. « Chaque nuit, on fait des tours de garde dans les secteurs à risque, explique Patrick Lhuillier, vice-président de la fédération de chasse de Haute Marne et lieutenant de louveterie. Si on repère un prédateur qui s’approche du troupeau, notre mission est de tirer en l’air pour le faire fuir. Mais en aucun cas on ne doit toucher l’animal. »

Ces rondes s’effectuent toujours avec l’éleveur. « C’est lui qui connaît le mieux le terrain, et puis c’est important qu’il comprenne notre rôle, qu’il ait confiance » indique Patrick Lhuillier. 

En cas de présence d’un loup, les tirs devront être effectués à moins de 200 mètres des pâtures clôturées accueillant les élevages. Les opérations de dissuasion dureront jusqu’à la fin du mois d’avril.

Quelles zones concernées par l’arrêté ?

Pour cibler les zones les plus à risques, les communes haut-marnaises sont réparties en deux groupes : le cercle 2 (en jaune), dans le Bassigny et autour de Poissons, et le cercle 3 (en vert) pour tout le reste du département. Le cercle 2 correspond aux zones où « des actions de prévention sont nécessaires du fait de la survenue possible de la prédation par le loup ». Le cercle 3 correspond aux zones possibles d'expansion géographique du loup où « des actions de prévention sont encouragées ».

L’arrêté du 13 avril concerne uniquement les zones géographiques du cercle 2. En dehors de ces zones, les tirs d’effarouchement sont strictement interdits. Voir la carte dans le document PDF ci-dessous.

Haute-Marne - CARTE : La protection troupeaux contre prédation par le loup by France3 Alsace on Scribd

 

Des aides pour lutter contre la prédation du loup

Depuis le 28 janvier dernier, les éleveurs haut-marnais peuvent bénéficier d'aides financières pour la protection des troupeaux contre la prédation du loup. Ces aides, financées par les fonds européens FEADER et la région Grand-Est, peuvent atteindre 6 500 euros sur 5 ans pour mettre en place des clôtures de protection ainsi que 4 000 euros par an pour l'achat, le dressage, l'alimentation et les frais vétérinaires d'un chien de troupeau. 

En cas d’attaque avérée par un loup, les éleveurs peuvent également bénéficier d'indemnisations pour couvrir les pertes. En 2020, 21 attaques ont été recensées en Haute-Marne, donnant lieu à un total de 14 500 euros d’indemnisation.

La population de loups en Haute-Marne risque d’augmenter avec la création du Parc National.

Patrick Lhuillier, louvetier et vice-président de la fédération de chasse de Haute-Marne

C’est en 2013 que le loup est repéré pour la première fois en Haute-Marne. De souche italienne, il aurait d’abord traversé le parc national du Mercantour avant de remonter par les Alpes, puis les Vosges. L’Office Français pour la Biodiversité estime qu’il n’y a qu’un ou deux grands canidés actuellement sur le département.

« Le loup est un animal discret, atteste Patrick Lhuillier. Il est très difficile à voir, encore plus à photographier, donc c’est compliqué de savoir exactement combien ils sont. Ce qui est sûr, c’est que la population de loups en Haute-Marne risque d’augmenter avec la création du Parc National. Un espace protégé avec de grandes étendues forestières, c’est le territoire idéal pour les animaux comme le loup. »

A l’échelle nationale, qu’en est-il du loup ?

Le loup est classé vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France. Toutefois, la population de loups sur le territoire national progresse depuis plusieurs années. L’Office Français pour la Biodiversité estime à 580 le nombre d’individus en France en 2020, contre 530 un an plus tôt.

En parallèle, l’Etat met en place chaque année un quota d'abattage pour réguler le nombre d’animaux présents sur le territoire. En 2021, le quota est fixé à 19% de la population estimée, soit une centaine d’individus. L’an passé, 105 loups ont été abattus.

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