Coronavirus : confinés à Chaumont en Haute-Marne, "le lien social manque, on perd ses repères"

Les rues ne sont pas désertes à Chaumont en Haute-Marne ce mercredi 8 avril 2020. Alors que la Préfecture appelait à la prudence les Haut-Marnais lorsque le confinement a été prolongé, certains habitants semblent avoir choisi le déconfinement. Mais est-ce seulement une apparence ?

En Haute-Marne, 35 personnes sont mortes du covid19 au 7 avril 2020, selon les chiffres de santé publique, et 32 décès dans les Ehpad. Le département a vu le nombre de morts augmenter rapidement, la deuxième plus forte hausse en pourcentage de la population, juste derrière la Seine-Saint-denis. Fin mars, la Haute-Marne enregistrait ainsi une hausse de décès liés au covid19, de 54%. Un des chiffres les plus importants de France. 

Ce mercredi 8 avril 2020, le mercure atteint les 23° à Chaumont, le soleil est là et les passants aussi. Certains commerces ne sont pas de première nécessité mais restent ouverts, le parking place des halles est plein et les places de la rue Tréfousse, sont toutes occupées. Les voitures vont et viennent, les Chaumontais aussi, baguette sous le bras ou paquet de cigarettes à la main. Certains s’arrêtent pour discuter sur les trottoirs sans masque, ni distance de sécurité. Difficile de croire que le confinement est toujours en place dans la ville préfecture de Haute-Marne. Pourtant, lorsqu’on interroge certains d’entre eux, et les forces de l’ordre, les "irréductibles chaumontais" respecteraient bien les règles. 

 

Du "discernement" lors des contrôles

"De façon générale, le confinement est bien respecté depuis le 16 mars dernier en Haute-Marne. L’immense majorité des gens respecte les règles et sort avec son attestation. En revanche ce que l’on a constaté, c’est que les attestations ne sont pas toujours en ordre. Parfois, l’horaire de sortie n’est pas indiqué, d’autres fois les Haut-Marnais se trompent de motifs de sortie. Néanmoins, les forces de l’ordre font preuve de discernement lors du contrôle sur le terrain. Lorsque quelqu’un est de mauvaise fois, on le voit assez rapidement," explique le capitaine de gendarmerie Pierre Holl, chef d’État Major du département de la Haute-Marne.

"Ici, contrairement à d’autres départements, nous n’avons pas eu de retour de policiers qui se seraient fait agresser sur le terrain, il y a parfois une forme d’agressivité verbale mais rien qui n’aille jusqu’à l’outrage à agent. De façon générale, les habitants se montrent respectueux des règles et font preuve d’intelligence. Nous les encourageons à continuer comme ça. Et nous sommes toujours disponibles pour toute autre intervention nécessaire ! Le 17 reste un numéro d’appel d’urgence qui fonctionne correctement pendant ce confinement" rajoute-t-il.

J'essaye de respecter le plus possible le confinement en me sortant de chez moi tout les 10 jours environ
- Nicolas, habitant de Chaumont

L’auto-déconfinement ne serait donc qu’une apparence d’après les forces de l’ordre et d’après certains Chaumontais également. Nicolas, un habitant de 27 ans est confiné seul en appartement. Il ne peut pas pratiquer le télétravail, mais s’applique à respecter les règles établies par le Gouvernement, bien que ce soit parfois difficile pour lui : "Le confinement est un peu compliqué à gérer. Être seul chez-soi peut s'avérer particulièrement pesant. Ma famille me manque, mon travail aussi. La liberté de pouvoir sortir quand je veux si j'en ressens l'envie ou le besoin également. J'essaye de respecter le plus possible le confinement en me sortant de chez moi tout les 10 jours environ pour faire mes courses et parfois également pour aller à la pharmacie. Pas de promenade d'animaux ou de course à pied..."
 

Mais contrairement à certains Chaumontais, le jeune homme se sent concerné par l’épidémie en cours : "On est tous impliqués, qu'on soit touché ou non. Et le risque zéro n’existe pas. La peur reste présente que ce soit pour soi ou son entourage."

Le lien social manque, parfois on perd ses repères !
- Hakim, habitant de Chaumont

Même discours du côté d’Hakim, chaumontais de 26 ans confiné avec sa compagne : "Le confinement se passe très bien, en majeure partie grâce au petit jardin derrière notre maison, et grâce au fait que nous soyons deux. Nous gardons un rythme normal de 7 h à 22 h environ, grâce à notre petite chienne qui nous réveille le matin pour manger et faire ses besoins. Nous pratiquons aussi le télétravail, ce qui nous permet de garder un rythme « normal ». En dehors de ça, nous faisons du sport dans le jardin, nous regardons des séries, et nous jouons aux jeux vidéos en ligne (PES, GTA etc.). Nous faisons également les tâches ménagères et des petits travaux qu’on ne peut pas faire en temps normal !
 

Les journées passent généralement vite, et c’est étonnant. Mais parfois, j’avoue que j’ai envie de prendre la voiture ou la trottinette électrique pour aller faire une balade. Mais je me raisonne. Le lien social manque, parfois on perd ses repères. C’est en ce sens que les contacts avec des personnes autres que ma compagne, via les jeux vidéo en ligne par exemple, sont vraiment importants psychologiquement."

J’invite tout le monde à éviter d’aller se balader sans raison, j’ai vu trop de personnes passer devant chez moi, et souvent en groupe
-Hakim

Impensable pour le jeune chaumontais de sortir, même si le lien social lui manque : "Nous respectons scrupuleusement le confinement, c’est important pour éviter toute contamination. L’entrée de la maison a été transformée en « sas de confinement » pour les vêtements que nous mettons pour aller faire des courses, et laisser les aliments non-frais quelques heures. Mieux vaut être trop vigilant que pas assez ! Nos seules sorties sont donc pour aller faire des courses, la chienne se contente du jardin pour éviter de sortir et de se contaminer bêtement, ou de contaminer les autres. J’invite tout le monde à éviter d’aller se balader sans raison, j’ai vu trop de personnes passer devant chez moi, et souvent en groupe…" constate-t-il amère avant de supplier : "Restez chez vous ! "
 

Comme Nicolas, Hakim se sent concerné par l’épidémie : "Nous connaissons des cas hors de la famille, et cela permet de prendre conscience que ça n’arrive pas qu’aux autres. Il faut faire attention à chaque geste lors des sorties et quand on rentre surtout. Nous ne sommes pas spécialement équipés, mais nous utilisons les gestes barrières pour se protéger au mieux. Pour le moment ça fonctionne parfaitement. J’aimerais que tout le monde prenne conscience du danger qui nous entoure, et du danger qui peut nous habiter. La région Grand Est est très touchée, le département un peu moins, mais des cas et des morts sont recensés. Ce virus se propage très vite." Rajoute-t-il avant de conclure une nouvelle fois par un appel à la prudence invitant à rester chez soi.
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