Haute-Marne : le préfet va autoriser les tirs mortels sur le loup s'ils ont pour but de "protéger un troupeau en danger"

Après avoir autorisé les tirs d’effarouchement pour protéger les troupeaux, le préfet de Haute-Marne prendra un arrêté dans les prochains jours permettant de tirer directement sur le loup.

« Nous avons décidé de relever le niveau de protection », a déclaré, ce lundi 19 avril, le préfet de Haute-Marne Joseph Zimet. Suite aux nombreuses attaques de loup recensées ces dernières semaines au nord-est du département, la préfecture a décidé d’autoriser les tirs létaux sur le grand prédateur. Une décision qui intervient moins d’une semaine après la publication d’un premier arrêté, qui autorisait seulement les tirs d’effarouchement.

« Nous sommes dans un contexte particulier où les bêtes ne peuvent plus rester à la bergerie, explique le préfet de Haute-Marne. Nos éleveurs se sentent menacés. Certains ont déjà essuyé plusieurs attaques ces derniers mois. Cette nouvelle mesure, c’est une nécessité pour faire face à la récurrence des attaques
 

Des tirs « de légitime défense »

L’arrêté devrait être pris dès la fin de la semaine. Il autorisera les tirs dits « simples », qui visent à toucher l’animal dans un cadre bien particulier : « Les tirs doivent rester défensifs, précise le préfet. Ils ont pour seul but de protéger un troupeau en danger. Il n’est pas question de mener une traque au loup. Seuls les louvetiers (ndlr: des chasseurs bénévoles habilités par le gouvernement) sont autorisés à tirer, ainsi que les éleveurs possédant leur permis de chasse. Les tirs devront avoir lieu dans un rayon de 200 mètres autour du troupeau. »

Les louvetiers participent déjà depuis quelques jours à des rondes de nuit pour surveiller les troupeaux. « On remarque que la présence humaine éloigne la bête, indique Joseph Zimet. Nous souhaitons renforcer cette présence, tout en mettant l’accent sur les actions de protection, comme la pose de clôtures électrifiées. La Direction Départementale des Territoires propose d’ailleurs du prêt de matériel aux éleveurs pour protéger au mieux leurs troupeaux ».

L’arrêté ne concernera pas l’ensemble du département, mais 61 communes (zones en orange sur la carte) où la présence ponctuelle du loup a été attestée.

D’après les études menées par l’Office Français de la Biodiversité, les attaques en Haute-Marne seraient l'œuvre d’un seul individu : « On pense qu’un loup navigue depuis quelques années entre les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne, indique Vincent Montibert, directeur de l’OFB de Haute-Marne. Mais nous n’avons pas de preuve formelle pour le moment. Le loup est un animal discret, furtif, difficile à pister. »
 

Quelles conséquences si un loup est abattu ?

« Le loup est classé vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France, précise Vincent Montibert, mais l’Etat met en place chaque année un quota d'abattage pour réguler le nombre d’animaux présents sur le territoire. En 2021, le quota est fixé à 19% de la population estimée, soit une centaine d’individus. Si un loup est abattu en Haute-Marne, il rentrera dans ce quota.

Il faut trouver le bon compromis entre la préservation des troupeaux et la sauvegarde de la biodiversité

Vincent Montibert, directeur de l'Office Français de la Biodiversité de Haute-Marne

Dans les années 90, le loup a fait son retour en France après des décennies de disparition. Selon Vincent Montibert, il est important d'apprendre à vivre avec lui, puisque sa présence est désormais établie sur le territoire français. « Il joue un rôle de fossoyeur de la faune sauvage en se nourrissant des animaux blessés ou tués par la chasse, explique-t-il. L’enjeu, c'est de trouver le bon compromis entre la préservation des troupeaux et la sauvegarde de cette biodiversité. »

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