A Chaumont, en Haute-Marne, mieux vaut avoir une bonne vue ou alors être patient. La commune compte moins de dix spécialistes pour plus de 22.000 habitants.
La situation n'est pas nouvelle mais s'aggrave d'année en année. De moins en moins de médecins et des spécialistes de plus en plus occupés. A la clinique de Chaumont, après quatre mois d'attente, Marie-Jeanne et son mari vont enfin pouvoir faire contrôler leur vue. La patiente n'est pas vraiment surprise "on s'y fait, pour n'importe quel médecin, on ne peut pas avoir un rendez-vous assez vite ou alors c'est une urgence".
La commune haut-marnaise de plus de 22.000 habitants compte dix ophtalmologistes. Les deux spécialistes de la clinique de Chaumont sont aidés par une orthoptiste, une opticienne et une interne du CHU de Reims. Un sérieux coup de pouce qui a permis à l'établissement médical d'augmenter son nombre de rendez-vous de 30 à 40% par jour et ainsi diminuer les délais d'attente.
Je ne sais pas encore si j'aimerais m'installer à Chaumont dans le futur
- Mélissa Santorini, interne en médecine
Mélissa Santorini est en 9ème année de médecine. Depuis trois mois, la jeune femme est à Chaumont. Habituée aux villes universitaires, elle découvre la vie en milieu rural mais ignore si elle restera. "Pour un semestre, six mois, le temps de la formation, oui bien sûr, puisque je suis là. Il y a toujours un interne du CHU de Reims qui vient ici. Pour ce qui est de mon installation future, je ne sais pas".
Le problème ne se limite pas au manque d'attractivité de Chaumont pour les jeunes. D'après le docteur Laurence Collot, ophtalmologiste à la clinique depuis 25 ans, la diminution du numerus clausus, il y a 20 ans, n'a pas permis la formation d'assez de médecins pour remplacer les baby-boomers partant à la retraite.
Dans notre spécialité, depuis dix-quinze ans, les besoins ont considérablement augmenté, on n'avait pas prévu cela. C'est lié, entre autres, à l'apparition de traitements pour la DMLA ou encore le diabète
- Laurence Collot, ophtalmologiste
Aujourd'hui, à la clinique, il manquerait trois médecins dans son service. "Dans notre spécialité, depuis dix-quinze ans, les besoins ont considérablement augmenté, on n'avait pas prévu cela. C'est lié, entre autres, à l'apparition de traitements pour la DMLA (la dégénérescence maculaire liée à l’âge), par le diabète que l'on avait pas à l'époque", analyse le docteur Collot.
Certaines de ces maladies nécessitent des soins en cabinet cinq à dix fois par an. Des rendez-vous qui réduisent la place dédiée aux consultations classiques. Pour cette spécialiste, il devient urgent de recruter.