Novembre 1970 : "Le général de Gaulle est mort, la France est veuve" déclare Pompidou. Cinquante ans après, l'ancien président de la République conserve son aura et une petite part de mystère. Qu'a-t-il fait de ses deniers mois ? C'est l'objet du documentaire "De Gaulle, derniers secrets".
Il en est ainsi des grands hommes, que l'on n'en finit pas de décortiquer leur vie. Cette fois, le documentariste Jean-Charles Deniau s'attache à reconstituer les derniers mois de la vie du général de Gaulle. Ses déplacements et leurs motivations. Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire De Gaulle, derniers secrets en replay ici :
1 - Parce qu'on y découvre quelques secrets
C'est la difficulté d'évoquer un documentaire sans en dévoiler le contenu. Comment en dire assez pour donner envie sans "divulgâcher" comme disent nos cousins québecois. Quelles sont les raisons qui ont poussé Charles de Gaulle à se réfugier en Irlande juste au moment de l'élection présidentielle à sa propre succession ? Le souci de ne montrer aucun parti pris pour les candidats n'était pas la seule motivation du général. Pourquoi a-t-il souhaité rencontrer Franco en Espagne ? Et Colombey-les-deux-Églises ? Comment s'y déroulaient ses journées ?
2 - Parce qu'un grand homme n'en reste pas moins un homme
C'est toute la force des témoignages recueillis. Des hommes essentiellement, mais quelques femmes et des enfants que rien ne prédestinait à rencontrer une personnalité d'une telle envergure. Toutes ces personnes qui ont côtoyé l'ex-couple présidentiel, pendant cette période qui va de sa démission de la présidence de la République au lendemain du référendum du 27 avril 1969 à sa mort en novembre 1970, montrent la relative simplicité de cet homme d'exception. Depuis le très jeune attaché d'ambassade envoyé pour lui faire remplir une procuration, au coiffeur qui reste encore aujourd'hui surnommé "le barbier de de Gaulle", tous dressent de lui un portrait d'homme sachant rester à hauteur d'homme. Tous gardent en mémoire ces instants où ils ont pu côtoyer l'Histoire.
"On m'a demandé de les rejoindre car il était impératif qu'ils remplissent tous deux une procuration pour les élections présidentielles." Quand les démarches ont été accomplies, l'aide de camp du général François Flohic annonce à Jean Guéguinou, jeune diplomate que monsieur et madame de Gaulle l'invitent à dîner. Fort impressionné dans un premier temps, l'homme de 27 ans est rapidement mis à l'aise par ses hôtes qui s'engagent dans un "small talk, comme disent les Anglais" [conversation légère, accessible, ndlr].
3 - Parce que l'Histoire...
Un général qui résiste dès le début de la guerre. Un homme vu comme le libérateur de sa patrie. Un politique qui maintient la stature de sa nation face à des personnalités hors du commun qui feraient bien de l'ex-France occupée un état de seconde zone. Un président de la reconstruction et des prémices de l'Union Européenne. Mais aussi un président désavoué par la jeunesse d'un peuple en mutation et rejeté sur la base d'une réforme qui sert de prétexte à son opposition. Un homme qui se retire dans la dignité et un sens de l'honneur qui lui appartiennent. Cet homme-là n'en reste pas moins humain, soumis aux émotions communes. Et c'est ce que Pierre Joannon, diplomate et écrivain résume ainsi :
Il faut dire que l'Irlande prête à la mélancolie. Ça, ajouté à la lecture de Chateaubriand, c'est deux choses qui devaient aller dans le sens d'un pessimisme marqué chez le Général.
Pierre Joannon, diplomate et écrivain
Sur le livre d'or de l'ambassade de Dublin, où il est reçu, le Général cite Nietzsche "Rien ne vaut rien. Il ne se passe rien et cependant tout arrive, mais cela est indifférent". Pourtant la rédaction de ses "Mémoires d'espoir" montre les contradictions qui envahissaient l'homme.
L'opinion de mes contemporains et particulièrement des journalistes, j'y suis indifférent, en revanche ce que l'histoire retiendra de moi, j'y tiens. C'est pourquoi j'écris mes mémoires.
Charles de Gaulle
Personne ne le niera: on n'est jamais mieux servi que par soi-même.