De nouvelles accusations de "maltraitances" sur des chevaux, dans un ancien haras national de Haute-Marne

À Montier-en-Der, une association de Haute-Marne qui défend les droits des animaux accuse l'ancien haras national de maltraitances sur des chevaux. Après une première visite en octobre 2022, de nouveaux signalements ont été portés à l'encontre de cet établissement principalement équin.

Ce sont les signalements de trop, pour l'association Aide aux animaux en détresse 52. Ce collectif de Haute-Marne est basé à Bettancourt-la-Ferrée, près de Saint-Dizier. Il s'était déjà rendu au haras de Montier-en-Der, en octobre 2022.

C'est à cette occasion que l'association constate ce qu'elle dit être des "maltraitances" sur des chevaux. Au départ, il y avait "une vingtaine" d'équidés, et il n'en resterait plus que "trois". D'après le président du collectif, la propriétaire aurait donné ces chevaux à d'autres personnes. Or, elle souhaitait initialement les garder, sans pour autant "avoir les moyens", d'après Aide aux animaux en détresse 52.

Les signalements parvenus récemment auprès de cette association exaspèrent bien au-delà des bénévoles. La commune de Montier-en-Der (Haute-Marne) se mobilise pour que ces agissements se terminent, aux côtés des bénévoles du collectif.

Une situation de plus en plus inquiétante

"Nous sommes déjà intervenus il y a près de 5 ans, en juillet 2018. On a vu beaucoup de choses : les chevaux ne sortaient pas beaucoup, les chiens étaient dans un état déplorable. Pour les chiens encore, on pouvait faire quelque chose. Pour les chevaux, quand ils sont une vingtaine, c'est différent. Nous avons suggéré à la propriétaire, puisqu'elle ne pouvait pas leur apporter le soin adéquat, d'essayer de se séparer des chevaux. Elle ne voulait pas, dès qu'on lui proposait une solution, elle rouspétait", se souvient Maurice Burton, président de l'association Aide aux animaux en détresse 52.

Le responsable associatif indique qu'à l'époque, cette visite faisait suite à des mails d'habitants de la commune. "Les chevaux nous étaient signalés comme mal en point. Cela a été signalé à la mairie, qui a tout fait pour le bien des animaux, il faut le dire", se souvient le président de l'association. Il nous indique qu'il avait même déposé plainte auprès de la gendarmerie, face à ce qu'il considère être des "maltraitances". Tout cela, après avoir aidé la propriétaire des lieux : "Elle nous a demandé de l'aide pour la nourriture, acheter des bottes de foin. Elles lui ont été fournies, mais rien n'a changé alors cette aide s'est arrêtée."

Depuis, pas d'évolution aux dires de l'association. Les bénévoles sont revenus en octobre 2022. Cette fois, la situation s'est envenimée. "La propriétaire n'a pas voulu nous laisser entrer, au prétexte que nous n'avons pas voulu l'aider. C'est différent : nous sommes une association, et sommes aidés par des communes, des subventions. Autant on peut aider les animaux, par exemple pour ce qui est de la nourriture, de l'aide à la stérilisation et à la castration. Mais une vingtaine de chevaux, c'est au-delà des capacités financières de l'association, même si on en a la volonté. Pour vous donner une idée, on a fourni 200kg de croquettes pour chiens, mais ça n'a rien changé", rappelle Maurice Burton.

"Pour les chevaux, c'est de pire en pire : la mairie nous a confirmé que les 3 restants ne sortent pas. Ils sont dans un triste état. J'ai alerté la préfecture de Chaumont, ce mardi. Ils m'ont dit qu'ils vont donner une réponse. J'ai contacté aussi la sous-préfecture de Saint-Dizier. La secrétaire m'a reçu mercredi pendant une demi-heure. Le sous-préfet s'est rendu sur place, mais il n'a pas pu entrer car c'était porte close. Les services vétérinaires sont intervenus. Ils ont fait un rapport, mais sans plus : du moment que les animaux ont mangé, il n'y a pas de maltraitance selon eux. En attendant, c'est la vie des animaux qui est en jeu. Nous, ce qu'on veut, si cette personne n'a pas les moyens, c'est que les chevaux lui soient retirés, qu'ils soient placés et soignés. Or, ce que veut cette personne, c'est leur prise en charge financière par l'association, tout en gardant son cheptel", continue le président de l'association.

La mairie en appui de l'association

Du côté de la commune, l'état des chevaux inspire aussi l'inquiétude. Le maire, Jean-Jacques Mayer (Sans étiquette) s'est saisi de l'affaire dès son début. Il continue d'appuyer l'association, après les signalements. Cette affaire l'attriste, d'autant que ce haras jouit d'une image prestigieuse. "Il s'agissait avant de haras nationaux, comme il en existe en France. Les haras nationaux ont quitté le site, ce qui fait qu'il appartient maintenant à la commune. Il y a dix ans, ce haras attirait 30 000 visiteurs par an. Il date de l'époque Napoléonnienne. Nous ne voulions pas qu'il soit à l'abandon. C'est pour cela que nous l'avions confié à la propriétaire en question. Elle s'était engagée sur cette activité, pour un bail rural de 9 ans. Bail qui est cassé aujourd'hui", pose l'élu.

Il a décidé de passer à la vitesse supérieure : "Depuis un an, rien n'avançait. L'eau et le loyer ne sont plus payés et les chevaux sont en mauvais état. La société de la propriétaire a été placée en liquidation judiciaire en août dernier. Nous avons demandé la résiliation du bail, un mois après. Sauf que la liquidation bloque cette procédure. Nous souhaitons la faire partir du haras, c'est ce que nous avons demandé au tribunal de Chaumont. En attendant, nous avons pris des dispositions. J'ai décidé de ne plus favoriser la maltraitance des chevaux. J'ai prévenu la sous-préfecture de Saint-Dizier, qui a fait son travail je le précise, et les services vétérinaires de Haute-Marne : à compter d'aujourd'hui et jusqu'au 30 juin, nous allons couper l'eau dans ce haras. La situation de maltraitance, avec le problème d'eau, sera établie.

Une mesure inédite, face à ce qu'il pense être une inertie des services vétérinaires. "Je fais cela, afin que les services vétérinaires établissent enfin les mauvais traitements. S'ils sont en maltraitance, la situation dépendra désormais d'eux, et non plus de moi. La piètre situation que vivent ces chevaux dure depuis trop longtemps, et paradoxalement les services vétérinaires ne constatent pas de manquements. Ils doivent se bouger", tonne le maire. En parallèle, ces opérations visent aussi à récupérer le haras, pour "le remettre en état le plus vite possible, pour qu'il soit opérationnel avant le prochain festival de la photo animalière".

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Une association déplore des "mauvais traitements" sur les chevaux du haras de Montier-en-Der. La mairie de la commune, quant à elle, déplore des loyers impayés. La propriétaire des lieux nie l'ensemble de ces faits. ©Isabel Lerouge / France Télévisions

L'occupante des lieux aux abonnés absents

France 3 Champagne-Ardenne a cherché à contacter l'occupante des lieux, ce jeudi 15 juin. Malgré les appels, pas de réponse. En lieu et place, une messagerie automatique. La propriétaire avait été interrogée par l'une de nos équipes, en octobre dernier. Lors de cette première visite de l'association Aide aux animaux en détresse 52. À l'époque, elle avait déclaré à nos reporters : "On prenait en charge ces chevaux-là et en leur offrant une deuxième chance dans une vie plutôt privée chez des particuliers, en famille d'accueil." Pour ce qui est des loyers impayés, elle indiquait "n'espérer qu'une chose, pouvoir partir d'ici (NDLR : du haras) et proposer au bailleur de racheter le projet pour qu'on puisse partir, mais il ne veut pas".

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