Festival photo de Montier-en-Der 2022 : Renardeaux, chats forestiers et macareux, trois photographes de Franche-Comté mis à l'honneur

C'est un peu le festival de Cannes de la photographie naturaliste. Du 17 au 20 novembre, une quinzaine de lieux d'expositions accueillent ce qui se fait de plus beau pour une immersion avec la faune sauvage. Pour cette édition anniversaire des 25 ans, le parrain sera le photographe américain Steve Mc Curry. Michel et Vincent Munier, Laurent Geslin sont aussi présents. Rencontre avec Gil Gautier, Fabien Gréban et Laurent Echenoz qui représentent cette année la Franche-Comté.

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Montier-en-Der, un festival devenu une référence internationale

En un quart de siècle, ce festival de photographie dédié à la nature et à la faune sauvage est devenu une référence. Tous les plus grands y sont passés pour exposer leurs plus beaux clichés. Avec 4.000 visiteurs en 1996, les organisateurs espèrent approcher les 45.000 passionnés pour cette édition anniversaire où 2.000 clichés sont proposés au public. Parmi toutes les beautés visuelles proposées, nous nous sommes attachés à vous faire découvrir les expositions de nos trois photographes régionaux présents cette année.

Au plus près des renardeaux avec Gil Gautier 

La photographie animalière, Gil Gautier est tombé dedans très jeune et ce fut une révélation. "J'avais 8 ans et j'aimais m'évader seul à la découverte de la nature avec ma canne à pêche. C'est là que j'ai pu voir passer mon premier martin-pêcheur telle une flèche bleue au ras de l'eau. À 14 ans, j'achetais mon premier appareil photo et aujourd'hui, j'en ai fait mon métier. Bientôt, cinquante ans de passion" nous raconte le photographe.

Gil est un habitué du prestigieux festival et il a déjà exposé à trois reprises depuis 2015. "Je me sens toujours très honoré de faire partie des sélectionnés de l'un des plus grands festivals d'Europe. C'est une preuve de reconnaissance de mon travail et nous qui sommes des solitaires dans la nature, c'est un grand plaisir de pouvoir partager nos rencontres avec le public. Chacune de mes images a une histoire et cela me fait plaisir de vous les raconter, car au-delà des images, il y a les mots".

Cette année, Gil a décidé de présenter une série de renardeaux réalisée dans une forêt du Jura. Le photographe nous raconte la genèse de ces clichés si attachants. "C'est un peu le hasard qui m'a conduit à faire ces photos. Au départ, il s'agissait de reconnaissances de terriers pour préparer la réintroduction de renardeaux orphelins auprès d'une nouvelle mère avec le Centre Athénas qui est un centre de soins de la faune sauvage dans le Jura.  Les images sont venues automatiquement par pure et simple observation. J'ai voulu inclure dans mes prises de vues naturalistes mon humble côté artistique".  Et s'il a choisi le noir et blanc, c'est pour aller à l'essentiel. Le travail de la lumière et des contrastes sont primordiaux et ne donnent, selon lui, pas le droit à l'erreur.

Le meilleur moment de cette série  a  été pour Gil d'emmener sa compagne, Lydie en attente de greffe pulmonaire et sous   appareil respiratoire  avec lui en affût observer les renardeaux.  Un défi de vie comme il aime à dire.  En découle l'ouvrage "Deux regards sur la nature" qui raconte le cheminement de cette histoire et de ses images et que le photographe présente à   Montier. Sans Lydie qui doit se protéger après la réussite de sa greffe.

Fabien Gréban à la rencontre du chat forestier

Exposer au festival de Montier-en-Der est une consécration pour le photographe du Haut Doubs. "C'est le rendez annuel de tous les amoureux de la faune sauvage et de la belle photographie. C'est de loin le plus grand festival de photo nature en France et peut-être même en Europe. Je suis particulièrement fier d'y exposer mon travail pour la quatrième fois" nous explique Fabien devant ses clichés de chats forestiers.

Pour Fabien Gréban, présenter une exposition sur le chat forestier est un pari risqué. "Cette espèce est largement méconnue du grand public, qui le plus souvent la considère comme un simple chat de gouttière. Mais pour les naturalistes, le chat forestier est une espèce emblématique, presque mystique tant il est difficile à observer" nous explique le photographe. 

 Fabien dévoile de défi qu'a été pour lui de travailler sur une espèce aussi farouche en mettant en avant un travail sur l'esthétisme de l'image. "Et j'aime les défis. J'aime également faire découvrir au grand public ces espèces sauvages qui vivent près de nous et qui nous sont pourtant méconnues. J'espère par mes images retranscrire le magnétisme hypnotique de ce félin sauvage qui vit au cœur des forêts franc-comtoises". 

 

Cette passion pour la photo animalière est venue presque par hasard il y a 15 ans, mais c'est tout de suite devenu une évidence pour Fabien Gréban. "C'est devenu une passion, tenter de comprendre ce monde sauvage qui m'entoure ; mais surtout, j'ai l'impression de me reconnecter à la vraie vie, loin du superficiel de notre monde « moderne », là où il n'y a ni mensonge, ni tricherie. De ce monde qui me fascine, j'essaie de capter la beauté et la fragilité pour les partager avec mes semblables. Tenter de ramener dans le monde des hommes un peu d'émotion, un peu de ce vrai qui rayonne au cœur du sauvage, pour que peut-être nous lui portions un regard plus respectueux, laisser à la nature la place qu'elle mérite" confie Fabien avec une certaine émotion.

Laurent Echenoz en immersion avec le macareux moine

Comment un photographe du Doubs aussi éloigné de la mer est tombé sous le charme d'un des oiseaux marins les plus attachants ?  C'est la question que lui pose beaucoup de visiteurs dans les nombreuses expositions qu'il enchaîne depuis quelques mois. Dès son plus jeune âge, la mer et le voyage sont devenus pour lui une quête.  

"Mon métier de marin m’a fait voyager dès l'âge de 18 ans, ce qui a contribué à m’ouvrir à une approche différente de la nature.  À Saint-Pierre, en 2013, j’ai vraiment eu le déclic en rencontrant le macareux moine.  Mes photos sont « animalières » ou « paysagistes », mais plus du tout « naturalistes » désormais.  Je mets la technique au service de l’Art :  quand on sait utiliser son matériel, on peut réaliser des œuvres surprenantes" détaille Laurent.  C'est ainsi qu'il a pu vivre dans les colonies de macareux les plus importantes et créer des ambiances si particulières.  

« Puffin Dream » est une série photographique entrant en écho avec l'ouvrage scientifique éponyme qui va au-delà d’un livre d’images agrémenté de récits. Elle est composée d’une vingtaine de photos de macareux moines et révèle la vision artistique de Laurent Echenoz. "Je sors de la simple approche naturaliste de l'animal et bouleverse certaines règles de la prise de vue. Chaque cliché est une œuvre d’art qui associe la recherche picturale et l’émotion du découvreur. J'aime créer un style nouveau, alliant hors du temps et sans précédent, l’intuition du photographe naturaliste et la clairvoyance du créateur. Plusieurs de mes œuvres ont été primées dans des concours internationaux" lance le photographe.

Laurent Echenoz a réalisé tous ses clichés sous les latitudes septentrionales, dans des colonies de macareux moines aux nombreuses nationalités. Ses compositions lumineuses présentent l’animal au cœur des quatre saisons. "Du printemps à l’automne, allant du jaune au violet, ou de l’hiver à l’été, passant du blanc à l’orange, chaque image dévoile l’amour infini que je voue à cet oiseau attachant. Il aura fallu plus de neuf ans d’observation, d’approche, de patience et de compréhension, pour qu'émerge de mes voyages, la série exposée aujourd’hui sous vos yeux. Écrire avec la lumière, telle est ma devise photographique, ma quête".

► Tout savoir sur le festival de Montier en Der et son programme 

 

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