Les épisodes de sécheresse sans précédent, du printemps et de l'été, ont heurté de plein fouet les trufficulteurs en Haute-Marne. Avec le manque d'eau, les truffes sont moins nombreuses et plus petites. Allons-nous devoir faire sans ce champignon de luxe pour les fêtes ? Rencontre avec des producteurs de truffes de Bourgogne à Semoutiers.
Le museau plaqué sur l'herbe, Orka suit les indications de sa maîtresse : "cherche doucement", "creuse au pied de cet arbre", "on va aller là-bas, il risque d'y en avoir", "non, pas les souris on a dit !".
Car ce ne sont pas des rongeurs, mais bien des truffes, que le labrador noir cherche dans ce grand espace arboré de Semoutiers en Haute-Marne. Un travail de patience, alors que le champignon de luxe se fait plutôt rare cette année, sécheresse oblige.
La saison se passe très difficilement, à cause de la sécheresse du printemps. C'est à ce moment-là que se forment les truffes. Elles ont besoin de 30 à 40 millimètres d'eau toutes les trois semaines, or il n'a pas beaucoup plu. Beaucoup de truffes sont mortes.
Isabelle Devilliers, trufficultrice
Plusieurs longues minutes plus tard, Orka semble s'agiter. Son museau se trémousse sur les racines d'un petit arbre et elle commence à donner les premiers coups de patte : c'est le signal, une truffe doit être cachée sous terre... ou pas. "Non, ça c'est un caillou, Orka !" corrige Isabelle Devilliers dans un premier temps, avant de se raviser : "Non, c'est bien une petite truffe", rectifie-t-elle en montrant un champignon rond, marron et marbré, pas plus gros qu'une pièce de deux euros. "Vous voyez, ce sont de toutes petites truffes comme celle-ci que l'on trouve en ce moment."
Un espoir pour la fin de saison
Après l'exploration des deux hectares de la truffière pendant une heure, la récolte est loin d'être satisfaisante, seulement quatre truffes. Isabelle Devilliers préfère toutefois positiver : "par rapport à l'année qu'on a, ça va." Les truffes sont peu nombreuses, petites et bien souvent pourries. Une petite déception pour Isabelle Devilliers et son mari Philippe, dont la truffière, créée à proximité de leur maison en 2011, devait produire ses premiers bons champignons ces deux dernières années.
Ils restent toutefois positifs pour la fin de saison, notamment les fêtes, qui sont cruciales pour les producteurs. "On peut espérer que les pluies d'octobre et celles de septembre, qui ont réhumidifié le sol nous permettent d'avoir de belles truffes", présume Philippe Devilliers.
En attendant, direction la cuisine pour les quatre truffes récoltées ce jour-là. Le champignon est lavé, brossé, râpé et découpé en rondelles grâce à une mandoline, pour garnir des toasts au beurre truffé. Isabelle Devilliers en a les yeux qui pétillent, parle du "croquant de la truffe" avec amour. Car même rares et petits, ces champignons de luxe continuent à l'émerveiller et à nous mettre, nous, en appétit.