Ils organisent un "TER break" en Haute-Marne, pour promouvoir une autre manière de voyager loin du surtourisme

Pour contrer le tourisme de masse, une vingtaine de journalistes, influenceurs, youtubeurs, entrepreneurs et communicants, professionnels du "voyage de demain", à vélo, en train, slow, nature, rural, équitable, made in France ont passé un week-end en Haute-Marne. Ils veulent changer les représentations médiatiques du voyage.

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Si la Côte basque, les Cinque Terre ou le Vercors n'ont plus de secret pour les amateurs de voyages, et remplissent les stories Instagram des voyageurs, d'autres territoires, plus isolés, souffrent du manque de visibilité et d'attractivité. Or, l'aventure ne se mesure pas au nombre de kilomètres à faire depuis son salon. C'est justement pour promouvoir une autre idée du tourisme, loin des flux de masses, que le collectif Itinéraire bis s'est mis en tête de prouver que passer deux jours en Haute-Marne, valait largement le détour. Et pouvait rivaliser avec un week-end au Cap ferret.  

"L’idée est de proposer une alternative au voyage, un break en prenant le TER, résume l'une des pionnières du concept de "micro aventure", Amélie Deloffre, spécialiste du concept, âgée de 37 ans, l'une des organisatrices, jointe par téléphone dans le train du retour vers Paris. On a choisi la Haute-Marne, on a fait de la rando et du vélo". Et le petit groupe n'a pas été déçu du voyage.  

Ce collectif de trentenaires qui travaillent dans les médias et les récits de voyages promeut une autre forme de tourisme. Une réponse au surtourisme pointé du doigt chaque été. "On s’est regroupé pour sortir de nos bulles pour faire bouger nos pairs journalistes et influenceurs avec d’autres manières de faire. Le but est de valoriser un territoire sous-côté pour mieux répartir les flux de visiteurs, et d’être aussi hors saison. Car toutes les saisons sont chouettes pour changer les imaginaires. On a aussi à cœur de les magnifier". 

De retour de ce week-end au grand air, le collectif va désormais diffuser ces images sur les réseaux sociaux pour susciter l'envie. "On est partis de Chaumont, on est allé dans le sud de la Haute-Marne vers Châteauvillain, Arc en Barois, on a dormi dans une cabane non gardée, dans la forêt, une sorte de refuge ouvert à tous. On est allé au marché d’Auberive, on a fait 100 km en deux jours. La team stop, elle a été transportée par des automobilistes locaux. Certains voulaient faire du bateau stop sur le canal de la Marne, mais ils n'ont pas réussi".

Une alternative aux "City break" en avion  

Leur credo : faire comprendre aux voyageurs en puissance que les "City-breaks répétés en avion, consommation de la nature, surfréquentation des sites et dégradation des milieux naturels, sont autant de comportements qui pèsent sur notre planète et nos territoires, causés, en grande partie, par l’industrie du tourisme". Ces professionnels qui travaillent sur le sujet du voyage et du tourisme, reconnaissent leur part de responsabilité dans ces constats d’échec et demandent à leurs pairs d’adapter ses pratiques professionnelles aux enjeux de notre époque.

Parmi leurs nombreuses découvertes du week-end haut-marnais, une cabane ouverte et gratuite en pleine forêt, près de laquelle ils ont planté une tente. "C’est rudimentaire, mais extra, des jeunes locaux ont construit cette cabane en 2011. On l'a repéré sur le site de référence refuge.info". Située à 1 km au sud du village d'Auberive, à proximité du GR7, cette ancienne maison forestière a été transformée en gîte d'étape. Elle est ouverte d’avril à octobre, avec neuf lits simples répartis en trois chambres.

Ce qu’ils retiennent : c'est avant tout la curiosité des habitants. "A Chaumont ou ailleurs, les gens sont venus nous voir, on était surtout des femmes à vélo, on a dialogué avec les locaux. Nous avons été surpris, car la Haute-Marne, ce n'est pas si plat, avec de la vue. On a fait des cols à 500 m. Il y avait du soleil. Des villages superbes à visiter. Ils sont un peu fermés, mais il se passe plein de choses". 

Le collectif est parti vivre ce qu'ils appellent une micro aventure, "c’est partir près de chez soi, sans attendre d’aller en Himalaya, rencontrer des gens, grandir dehors, voir des paysages incroyables. Ce week-end, nous avons fait quelque chose d’accessible, on a changé notre imaginaire". Leur objectif est  de faire changer la norme sociale. "Pourquoi toujours penser aux Seychelles pour un voyage de noces plutôt que d’aller dans les Pyrénées. Les gens sont bercés par les normes sociales. On ne s’autodéfinit pas. Le marketing créé des imaginaires, on voit la plage, l’eau turquoise sur les affiches dans le métro.  Il faut le déconstruire, on en a une nécessité absolue vu les enjeux climatiques".

"On n'a juste pas réussi à faire du bateau-stop"

Pourquoi avoir choisi la Haute-Marne ? "C’était emballant, car ce département est classé dans les lieux les moins touristiques de France. Personne de notre collectif n’y avait été, avec tout de même une bonne accessibilité, puisque certains venaient de Marseille, Paris ou Lorient. C’était accessible. On met moins de trois heures depuis Paris".

Les galères, il y en a eu, mais minimes. "La team vélo voulait voir le brame de cerf, mais c’était compliqué, et on n'avait pas de réseau. Les autostoppeurs avaient peur de ne pas être pris, mais finalement, ils ont eu de la chance. On était coupé du monde. Mais finalement, on a été pris. L'équipe était juste déçue de ne pas réussir à faire du bateau stop". 

Un collectif précurseur, bien décidé à changer la vision du voyage. Ces professionnels vont publier leurs vidéos dans deux semaines. D'ici à provoquer du surtourisme en Haute-Marne, on n'en est pas encore là. Mais ceux qui y habitent savent bien que leur environnement vaut largement le détour. 

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