L’histoire de la Haute-Marne est de nouveau à l’honneur dans le livre récemment publié de l’auteur et ancien journaliste Bruno Théveny, “La fantastique épopée du Zeppelin L 49”. Une plongée dans un événement survenu il y a 106 ans, pendant la Première Guerre mondiale : l'atterrissage forcé et la capture d’un Zeppelin allemand, le L 49, entre Bourbonne-les-Bains et Serqueux.
8h45, un matin d’octobre 1917. Un Zeppelin allemand de 196 mètres de long et de 25 mètres de diamètre atterrit sur le lit de la rivière Apance, entre Bourbonne-les-Bains et Serqueux, contraint par l’aviation française de se poser en Haute-Marne. Un événement en pleine Première Guerre mondiale aux nombreuses ramifications et raconté, 106 ans plus tard, par l’écrivain haut-marnais Bruno Théveny dans son ouvrage “La fantastique épopée du Zeppelin L 49” (Liralest), publié le 14 octobre 2023.
“Le sujet n’avait jamais été traité dans un livre. Pour ma part, cela faisait des années que je voulais écrire sur le sujet”, témoigne l’ancien journaliste et rédacteur en chef pendant 15 ans du Journal de la Haute-Marne, qui collectionne les documents anciens sur le département. Cartographie, photos, textes officiels, cartes postales… C’est ainsi qu’il a pu illustrer son 23ème ouvrage afin d’éclairer d’une “façon différente” le périple de ce drôle de mastodonte qu’est le Zeppelin L 49, du jour J jusqu’à sa couverture dans la presse, en passant par l’héritage qu’il a laissé derrière lui.
Petites histoires dans la grande Histoire
La volonté de Bruno Théveny ? Restituer son enquête, en 192 pages, de manière à ce qu’elle soit accessible à tout un chacun : “Je vulgarise beaucoup les choses, mon but a été de rédiger quelque chose de basé sur des faits historiques et de compréhensible par tout le monde”, souligne-t-il avant de raconter en quelques phrases la suite des événements du 20 octobre 1917 : cette “machine de guerre redoutable”, selon ses mots, appartenait à une escouade partie d’Allemagne pour bombarder l’Angleterre. “Mais au retour, les conditions météorologiques, le brouillage de la radio et l’escadrille de pilotes N 152, dite des Crocodiles, ont contraint les membres de l’équipage du L 49 à atterrir, alors qu’ils se croyaient en Hollande”, détaille-t-il.
Les officiers ont ensuite tenté de détruire le dirigeable mais furent empêchés par un chasseur, Jules Boiteux, et un militaire, le caporal Raymond Beurné, tous deux présents par hasard. Finalement, la vingtaine de militaires à bord, indemnes, ont tous été capturés. Même sort que le dirigeable, devenu le premier Zeppelin depuis le début du conflit à être capturé intact par les Alliés. Très vite, l’histoire “fait la une des journaux nationaux et internationaux, tout le monde se précipite là-bas pour le voir”, décrit Bruno Théveny :
"Beaucoup de familles du coin ont récupéré un bout de la toile ou de l’armature pour le mettre sur le dessus de leur cheminée. Un coutelier, Louis Garnier, a également réalisé 5 couteaux avec les éléments intéressants. Ils coûtent aujourd’hui 150.000 euros pièce."
Bruno Théveny, Officier des Arts et des Lettres.
L’après-Zeppelin
Une affaire qui a donc fait grand bruit, de par son côté "inédit" et "spectaculaire", ce que veut mettre en avant celui qui a grandi en Haute-Marne et en a fait un sujet central dans ses œuvres : “En 1917, dans une petite forêt de l’Est de la France où il ne se passe pas grand chose, l’arrivée de cet impressionnant engin est un élément majeur. C’est insolite”, contextualise-t-il. Preuve en est le destin du Zeppelin L 49, démonté et dont les morceaux ont été inscrits dans l’inventaire du musée des Invalides à la mi-novembre, puis exposés un certain temps. L’une de ses nacelles fera même office de guichet pour souscrire à l’emprunt national.
Cet après-Zeppelin est détaillé dans le livre au même titre que les héros de cette histoire, comme le lieutenant Charles Lefèvres à la tête de l’escadrille N 152, le destin des autres dirigeables du raid malheureux de l’armée allemande ou toutes ces petites histoires nées de l’événement.
À l’instar des deux polémiques de l’époque, qui témoignent de son importance : la première entre les deux communes concernées souhaitant s’accaparer le lieu d'atterrissage, la seconde entre le chasseur et le caporal, tous deux s'attribuant la responsabilité de son parfait état. “En réalité, le dirigeable était à 80% sur Serqueux et 20% sur Bourbonne-les-Bains”, indique Bruno Théveny, qui précise qu’il s’agit évidemment d’une querelle ancienne dont les maires actuels rigolent désormais. Mais aujourd’hui encore, une borne commémorative se situe dans la forêt, où l’on peut lire : “Ici a été abattu le Zeppelin L 49”.