"S'il rentre en Centrafrique, il est condamné à mort" : à Langres, mobilisation contre le retour forcé d'un entraîneur de football

Ce lundi 15 mai au matin, un des entraîneurs du club de football de Langres a été convoqué par la gendarmerie de la commune. Il a ensuite été placé en rétention administrative. Le membre du club de foot est arrivé en France, il y a trois ans. Il risque un renvoi vers la Centrafrique. Ses collègues, des familles et des joueurs se mobilisent.

Forte mobilisation depuis ce matin, à Langres. Ahmed Salem, 25 ans, risque d'être renvoyé vers son pays d'origine, la Centrafrique. Arrivé en France en 2020, il est l'un des entraîneurs du CO Langres. 

Le club de football de la commune est sous le choc. Ahmed Salem a fait l'objet d'une convocation libre ce 15 mai, à la gendarmerie de Langres. De là, il a été transféré vers le centre de rétention administrative de Metz (Moselle). Prévenues par les réseaux sociaux, 70 personnes se sont réunies devant la gendarmerie, pour protester contre cette décision.

Cet entraîneur du CO Langres fait l'objet d'un OQTF : une obligation de quitter le territoire français. Une décision que peuvent prendre les préfectures. Son entourage professionnel ainsi que les proches du club sont stupéfaits et inquiets.

Une convocation et des risques potentiels

"Il a été convoqué librement ce lundi matin à 8 heures. Ahmed se présente, comme un citoyen normal. C'est là qu'il apprend que c'est sa dernière journée en liberté, avant qu'ils ne l'emmènent à Metz. Il n'a même pas pu chercher ses affaires", se souvient Gilberto Fonseca. Le président du club est encore sous le choc. "Ce qu'il nous a dit, c'est que sa famille a été assassinée là-bas. S'il rentre, il est condamné à mort", s'indigne Gilberto Fonseca.

Son employé risque un renvoi qu'il juge injustifié vers la Centrafrique, d'un moment à l'autre. "Il y a des gens qui veulent une vie sociale normale. Ils veulent travailler, mais on ne peut pas les faire travailler", pointe le dirigeant du club. L'homme de 25 ans ne pose pas de problème dans le club et à Langres : "C'est un mec comme ça, sans soucis, honnête, qui n'a pas commis de délits. On se demande pourquoi cela arrive. Nous avons consulté un avocat. Lui-même est étonné et se demande pourquoi ils veulent aller si vite. Pourquoi cet acharnement ?", ajoute le président du CO Langres. 

Bien au contraire, pour Gilberto Fonseca, les preuves de son insertion ne manquent pas. "C'est le capitaine de l'équipe sénior de Langres. Il avait plusieurs promesses d'embauche, y compris dans le club, en tant qu'éducateur sportif. Il lui faut juste passer le brevet de moniteur de football", justifie-t-il. Ce que confirme aussi un de ses collègues. "Au-delà du CO Langres, il aide aussi la Croix-Rouge, mais aussi le festival 'le Chien à Plumes'", complète Marouane, un autre membre du club. 

L'attente de la préfecture

À présent, la mobilisation s'accélère. Après la gendarmerie ce matin, les soutiens de l'entraîneur se sont rendus à la préfecture de Haute-Marne. Ils sont venus à Chaumont, dans l'espoir d'infléchir la position de la préfète, Anne Cornet, et obtenir un rendez-vous avec elle. "On sait qu'à 17 heures, il y a une réunion au sujet de l'hôpital, d'où notre venue. À un moment donné, il faut qu'elle fasse face à ses responsabilités", clame Gilberto Fonseca. 

D'après le président du club, "Il n'y a qu'elle qui peut faire quelque chose. Qu'est-ce qui va se passer ? On juge quelqu'un comme si c'était un numéro, mais il y a une vie derrière." Le responsable sportif a l'impression que les services de la préfecture ont cherché à "gagner du temps". "On savait qu'il y avait un recours. On a eu des rendez-vous avec la sous-préfète de Langres, il y a environ un mois ou un mois et demi", rappelle-t-il.  

Lorsqu'un recours est déposé contre l'obligation de quitter le territoire (OQTF), il est examiné par le tribunal adrministratif. Trois solutions sont possibles : l'annulation complète de cet ordre, le renvoi vers le pays d'origine puis le retour en France avec un visa valide, ou encore une assignation à résidence. Cette dernière possibilité existe, si la juridiction annule partiellement l'OQTF. Pour l'heure, le club et ses soutiens continuent à se mobiliser. 

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