Le loup suspecté après quatre attaques sur des troupeaux en Haute-Marne

Parmi les neuf brebis tuées en Haute-Marne ces derniers jours, sept ont trouvé la mort à Chaumont-la-Ville. Le loup est suspecté d'être à l'origine des attaques.

Les morts de moutons se multiplient en Haute-Marne. Ce 28 mars dans le département, encore une nouvelle attaque a été recensée à Saint-Urbain, en Haute-Marne, causant la mort de deux brebis.

À Chaumont-la-Ville, un éleveur a été victime de plusieurs attaques sur son troupeau de 80 bêtes en quelques jours. Six brebis ont été tuées entre le 20 et le 24 mars. Une septième est morte de ses blessures peu après. Des agents de la Direction départementale des territoires et de l'Office français de la biodiversité se sont rendus sur place ce vendredi 25 mars. Le loup n'a pas pu être formellement identifié pour l'heure, mais il est fortement soupçonné d'être à l'origine des attaques. 

"Les éléments techniques laissent apparaître que ça pourrait être un grand canidé. Pour avoir la certitude d'avoir un loup, il faudrait soit pouvoir prendre l'animal sur photo, soit avoir des éléments techniques. Mais dès l'instant où le constat devient 'loup non écarté', l'éleveur peut prétendre à une indemnisation", nous précise Vincent Montibert, chef du service départemental de l'Office français de la biodiversité (OFB) en Haute-Marne.

Un loup identifié dans le département en 2021

Le même éleveur avait déjà subi une autre attaque en début d'année. "Il a un parc assez grand. Ses moutons n'ont pas été rentré de l'hiver parce qu'ils ont de quoi se mettre à l'abri. Ce qui a pu favoriser des actes de prédation", détaille le responsable de l'OFB.

Un loup avait été formellement identifié dans un autre secteur du département en 2021, autour de Joinville, entre Chaumont et Saint-Dizier. Les services de l'OFB avaient pu prendre plusieurs photos de l'animal en installant des pièges photographiques. Des poils avaient également été collectés, permettant de mettre de côté l'ADN de l'animal. 

"Les pièges sont toujours en place et on n'a pas eu de photo dernièrement", indique Vincent Montibert. Ce qui pourrait laisser penser que les brebis attaquées à Chaumont-la-Ville ont été visées par le même animal qui se serait déplacé. "Un loup est capable de faire entre 60 et 70 km par jour. II n'est pas fixé à un territoire donné", rappelle-t-il.

Pour l'instant, cette piste reste à l'état d'hypothèse. Pour la confirmer, l'OFB compte déplacer des pièges photographiques dans le secteur pour espérer voir l'animal. La découverte de traces du canidé permettrait aussi de trancher définitivement pour le loup. "Si on arrive, par chance, à récupérer des poils sur le secteur de Chaumont-la-Ville, on sera capable de dire si c'est le même animal qu'à Joinville."

"Le plan loup n'est pas adapté à notre département"

Ce vendredi 25 mars, 500 mètres de clôture électrifiées ont été mis à disposition de l'éleveur pour lui permettre de mieux protéger ses bêtes. Sa parcelle était jusqu'ici entourée par un grillage moins haut (90 cm contre 1,2m, sans électrification). Mais même sans nouvelle attaque, il craint des dommages collatéraux pour les brebis encore en vie.

"Notre grosse inquiétude, c'est qu'elles sont prêtes à agneler. Il risque d'y avoir de gros problèmes d'avortement", affirme Samuel Guenin, membre du bureau de la FDSEA Haute-Marne et référent loup du syndicat, qui était sur place ce vendredi matin. "Le plan national loup ne prend pas en compte les conséquences futures des attaques. Il n'y a aucune indemnisation sur des bêtes qui risquent d'avorter."

Le représentant syndical, lui même éleveur ovin à Villars-Santenoge, demande que des tirs de défense simples soient autorisés, comme ils l'avaient été en 2021 autour de Joinville. "J'ai encore réitéré ma demande ce matin. L'administration est un peu lente à mon goût. Il y a vraiment urgence", explique-t-il.

Une telle autorisation permettrait aux éleveurs d'abattre un loup en cas d'attaque de leur troupeau. L'animal est une espèce protégée. Le tuer un loup en dehors des conditions prévues par la loi est puni de trois ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende.


Par ailleurs, il affirme que les mesures prévues par le plan loup ne sont pas adaptées au département. "On a un territoire très vallonné, très arboré, avec des petits élevages. La gestion du loup sur notre département n'est pas du tout la même que dans les Alpes de Haute-Provence ou d'autres grands massifs où on retrouve des troupeaux importants de 2 000 ou 3 000 brebis en pâture ensemble, poursuit Samuel Guenin. Ici, on est sur des troupeaux de 30, 40 ou 80 brebis ensemble. Le plan loup est national et n'est pas du tout adapté à notre département. Il faudrait qualifier notre département de zone non protégeable."

L'éleveur de Chaumont-la-Ville est le seul à avoir subi des dommages depuis le début de l'année. Mais avec le retour des beaux jours, et la sortie des bêtes, les éleveurs redoutent de nouvelles attaques prochainement.

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