Attentat déjoué à Villejuif : Le Bragard Ghlam déjà ciblé par la justice algérienne

Quatre mois avant l'attentat avorté de Villejuif et la mort d'une jeune femme en avril 2015, le suspect numéro un, Sid Ahmed Ghlam, originaire de Saint-Dizier, en Haute-Marne, était déjà visé par une enquête judiciaire et un mandat d'arrêt en Algérie pour activités terroristes.

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Quatre mois avant l'attentat avorté de Villejuif, Sid Ahmed Ghlam était déjà visé par la justice algérienne, selon l'AFP. 

Au matin du dimanche 19 avril 2015, le Bragard Sid Ahmed Ghlam avait lui-même appelé les secours, blessé par balle, avant que la police ne découvre son arsenal. Trois mois après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et à l'Hyper Cacher, l'enquête allait montrer que le jeune étudiant en informatique était probablement missionné ce jour-là depuis la Syrie pour commettre un attentat, en visant une église à Villejuif.

Dans son périple, Ghlam est soupçonné d'avoir tué par balle une professeure de fitness de 31 ans, Aurélie Châtelain, retrouvée morte dans sa voiture dans la même ville. 

Quatre mois plus tôt, le 25 décembre 2014, un juge du tribunal de Tiaret, ville natale de Ghlam, avait délivré un mandat d'arrêt contre le jeune homme, pour "appartenance à un groupe terroriste actif à l'étranger", d'après les éléments transmis par la justice algérienne, explique une source proche du dossier. Sur le document apparaît son statut d'"étudiant" à la "Faculté de la Sorbonne" à Paris.

D'après ces éléments, des renseignements parvenus le 17 décembre faisaient état du départ d'un jeune homme originaire de Tiaret, Imed B., vers la zone irako-syrienne pour rejoindre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), raconte aussi la source. Un suspect en lien direct avec Ghlam.

En France, l'enquête judiciaire ouverte après l'attentat avorté de Villejuif a révélé que Ghlam avait pris un vol Alger-Istanbul, justement avec Imed B. et un autre homme, "Aymen", fin octobre 2014. Il était revenu un mois plus tard en Algérie.

Sid Ahmed Ghlam avait ensuite été contrôlé à l'aéroport de Roissy le 3 février 2015, au départ d'un vol pour Istanbul, d'où il était revenu dix jours plus tard. C'est probablement durant ses séjours que le projet d'attentat a pu être envisagé avec d'éventuels commanditaires.

Parmi eux, les enquêteurs pensent avoir identifié des noms connus dans la mouvance jihadiste, notamment Abdelnasser Benyoucef, présumé mort depuis dans une opération suicide en Syrie, et Samir Nouad. Le rôle d'Abdelhamid Abaaoud, l'un des coordinateurs des attentats parisiens de novembre 2015, a aussi été évoqué.

En décembre 2014, la justice algérienne cible Ghlam mais aussi plusieurs autres hommes originaires de Tiaret qui fréquentent sa mosquée, dont Imed B., lui aussi visé par un mandat d'arrêt. Plusieurs sont entendus. L'un d'eux, arrêté, finit par modifier sa version et décrit Ghlam comme "très enthousiasmé par la doctrine jihadiste et extrêmement fanatisé", raconte la source proche du dossier.

"Si Ghlam était visé dans son pays, cela repose la question des coopérations entre les Etats", réagit l'avocat de la famille d'Aurélie Châtelain, Me Antoine Casubolo-Ferro, contacté par l'AFP.

Selon une source judiciaire à Paris, l'information n'était pas parvenue à l'époque à la justice française, car il s'agissait d'un mandat d'arrêt national. Mais à l'époque Ghlam était connu pour étudier à la Sorbonne.


Ghlam n'était pas le jeune embrigadé à son corps défendant qu'il tente d'apparaître aujourd'hui. Aurélie Châtelain a eu en face d'elle un jihadiste aguerri. Elle est la première victime d'un carnage qui a pu être évité ce jour-là


Des clignotants existaient déjà en France. Arrivé dans le pays en 2009 pour ses études, alors qu'une partie de sa famille vivait à Saint-Dizier (Haute-Marne), Ghlam avait été signalé aux services de renseignement en novembre 2014, après des confidences de son petit frère à son instituteur. Il était fiché S (sûreté de l'Etat).

"Ghlam n'était pas le jeune embrigadé à son corps défendant qu'il tente d'apparaître aujourd'hui. Aurélie Châtelain a eu en face d'elle un jihadiste aguerri. Elle est la première victime d'un carnage qui a pu être évité ce jour-là", explique Me Casubolo-Ferro.

Contactés, les avocats de Ghlam, entendu cette semaine par les juges, n'ont pas donné suite. En France, cinq hommes sont mis en examen, soupçonnés de lui avoir apporté une aide logistique.
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