Analyse du premier tour par Hervé Groud

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C’est un vote qui n’est pas sans paradoxe. On peut faire une première lecture : on revient à ce que l’on connait bien en Champagne-Ardenne ; Les Ardennes ont voté Socialiste, alors que les électeurs avaient mis en tête Nicolas Sarkozy ou Jean-Marie Le Pen lors d’autres élections. On retrouve un score en faveur de François Hollande qui est très proche de celui de 1981 ou de 1988 dans les Ardennes ou dans la Marne.

Il y a également une assez bonne résistance de Nicolas Sarkozy dans les trois autres départements (Marne, Aube, Haute-Marne), par rapport aux Ardennes.

Dans une seconde lecture : il est vrai que la Champagne-Ardenne, traditionnellement, votait il y 15 ans comme la France. Depuis une douzaine d’année, le vote est beaucoup plus conservateur. Mais cette fois-ci, ce n’est plus simplement conservateur, mais c’est un ancrage assez important de l’extrême droite.

Ce qui est frappant en analysant ces résultats, c’est une diversification très importante, très forte de l’électorat FN, qui vaut dans les quartiers urbains et les quartiers ouvriers. Mais aussi, et là c’est une nouveauté, vaut aussi en milieu rural.

Le vote est différent dans les villes de celui des campagnes

C’est un enseignement important de cette soirée. Il y a désormais un clivage important entre le vote rural et le vote urbain qui se retrouve partout en France. Il était déjà connu en Champagne-Ardenne, mais est ici très accru.

Dans les Ardennes, les principales villes (sauf Rethel) ont bien voté François Hollande. C’est également le as dans la Marne, et moins vrai en Haute-Marne et dans l’Aube, mais les score sont très équilibrés à Troyes, Saint-Dizier, Nogent. Le candidat socialiste arrive en tête à Chaumont et à Langres.

Ce qui est tout à fait nouveau, c’est l’implantation du vote FN dans toute une série de cantons ruraux du sud des Ardennes, de l’ensemble de la Marne et surtout de manière tout à fait impressionnante en Haute-Marne et dans l’Aube. Manifestement, se sont des cantons, parfois ouvrier comme dans la vallée de la Meuse ou sur Saint-Dizier (canton équilibrés urbains/ruraux). Mais ce fait est nouveau dans toute une série de communes profondément rurales où le vote Front National est impressionnant au soir de ce dimanche 22 avril 2012.

Et le deuxième tour ?

Il y a de grandes incertitudes. Traditionnellement, on disait qu’il y avait la règle des trois tiers ; les électeurs du Front National s’abstiennent pour un tiers. Pour un deuxième tiers votent à droite. Et pour un troisième et petit tiers, votent à gauche.

Cette fois-ci, c’est différent pour deux raisons ; Il y a un anti Sarkozysme évident dans l’électorat qui a voté Marine Le Pen ce 22 avril. La deuxième raison est que l’électorat est beaucoup plus composite qu’autrefois. Donc on ne sait pas très bien quel sera le comportement de ces électeurs de gauche, mais surtout de droite du milieu rural.

La deuxième perspective est celle des élections législatives. Si l’on reporte ces résultats sur les circonscriptions législatives du mois de juin, on distingue trois grands groupe politiques en Champagne-Ardenne ; la droite, la gauche, l’extrême droite. Il pourra y avoir un très grand nombre de « triangulaires » avec des résultats très incertains qui pourront peut-être surprendre.