L'association anticorruption Anticor a porté plainte pour "injure" contre le conseiller municipal (UMP) de Strasbourg
L'association anticorruption Anticor, déjà en froid avec la municipalité (PS) de Strasbourg, a porté plainte pour "injure" contre l'un des chefs de file de l'opposition (UMP) dans cette ville, auteur de commentaires à son encontre en conseil municipal, a-t-on appris vendredi auprès de sa présidente.
La plainte vise Robert Grossmann, ancien président de la Communauté urbaine de Strasbourg de 2001 à 2008, pour ses propos tenus le 23 janvier et repris ensuite sur son blog, a précisé à l'AFP Catherine Le Guernec, la présidente nationale d'Anticor. Ce jour-là, le conseil municipal, à l'initiative du maire Roland Ries (PS), avait retiré son statut d'adjointe à la fondatrice de l'antenne locale d'Anticor, Chantal Augé, qui jusqu'en décembre était en charge des marchés publics.
Le maire avait expliqué que son adjointe avait perdu sa "confiance" après s'être publiquement désolidarisée de son action à plusieurs reprises. Selon lui, l'éviction de Mme Augé n'avait cependant rien à voir avec son action au sein d'Anticor, bien qu'il eût relevé "une contradiction entre agir au sein d'un exécutif communal et vouloir en même temps le contrôler". Lors du débat, auquel avait assisté Mme Le Guernec, M. Grossmann avait demandé au maire: "où se situe la corruption que dénoncent vos adjoints anticorruption ?". Mais il avait également prêté main forte à son adversaire politique en s'en prenant vivement à Mme Augé.
Il avait qualifié Anticor de "petite secte" et d'"entreprise de dénonciation publique et de délation", qui "sert les plats et nourrit le Front National". Pour Mme Le Guernec, "ces propos n'étaient tout simplement pas acceptables". "Nous avons décidé de porter plainte pour injure publique, la citation vient d'être remise à M. Grossmann". Sur son blog, ce dernier a souligné que les propos incriminés relevaient d'une "analyse politique sur une affaire politique dans une enceinte politique". Une autre responsable locale d'Anticor, Axelle Benamran, membre de l'UMP, a claqué la porte de l'association jeudi, estimant la plainte contre M. Grossmann "ridicule et exagérée".
"Je me suis engagée (au sein d'Anticor) pour faire de la prévention, pas pour judiciariser notre action", a-t-elle expliqué, soulignant qu'Anticor avait initié sa plainte sans avertir son antenne bas-rhinoise. Un mois après le psychodrame autour de Mme Augé, le site d'information Mediapart avait révélé que le maire Roland Ries pourrait être visé par une information judiciaire ouverte contre X à l'été 2011 pour plusieurs infractions à la législation sur les marchés publics, en l'occurrence des études sur la faisabilité d'un tramway au Mali et sur le Marché de Noël strasbourgeois. AFP