Un ancien soldat britannique a dévoilé une plaque explicative de l'accident pour perpétuer la mémoire de cet événement
Au Hohrodberg, en haut de la vallée de Munster, la cérémonie du 8 mai avait une raisonnance particulière ce mardi. David G Fellowes, un ancien soldat britannique, survivant d'une collision aérienne survenue en janvier 1945 au dessus du village, a rejoint la cérémonie.
L'autre avion s'est écrasé sur les hauteurs du hohrodberg. 67 ans plus tard, il a dévoilé une plaque explicative de l'accident pour perpétuer la mémoire de cet événement.
Hohrodberg : Crash d'un Lancaster en... par France3Alsace
Hohrodberg : Crash d'un Lancaster en 1945 -... par France3Alsace
Traduction de l'interview de David Fellowes
Interview de David G Fellowes, ancien combattant britannique de la Royal Australian Air Force.
Récit de la nuit du 7 janvier 1945 quand l'avion de son équipage est entré en collision avec un autre bombardier. Cette nuit là, les alliés ont envoyé 645 avions larguer leurs bombes au dessus de la région de Munich.
Quels sont vos souvenirs de cette nuit là ?
Cette nuit ne sera jamais oubliée, parce-qu'il s'agissait d'un événement horrible. C'est quelque chose que vous n'imaginez jamais arriver. Mais bien sûr, le destin étant ce qu'il est, c'est arrivé. Et voilà. C'est arrivé. Et je m'en souviens très très bien.
Que s'est-il passé juste après la collision ?
Commençons un peu plus tôt. Nous volions à l'altitude à laquelle nous devions voler, c'est-à-dire 14.000 pieds. Nous étions dans les nuages. Ce n'était pas très joli. L'équipage a pris la décision de prendre de l'altitude pour quitter une zone nuageuse pour retrouver un ciel clair en route pour Munich. Au moment où nous quittions les nuages, un autre Lancaster a surgi. Il volait à nos côtés, et a enfoncé son aileron dans notre fuselage. Et notre aile s'est enfoncé dans sa cabine. On a entendu un gros crash et quelqu'un a utilisé un mot plutôt grossier (ce qui compréhensible).
Après cela, notre avion s'est mis à partir en vrille sur une distance d'environs 3.000 pieds.
Mon pilote a réussi à redresser l'appareil. Nous devions alors larguer nos bombes. L'opération était sans risque puisqu'elles n'étaient pas amorcées. Nous les avons larguées et nous avons commencé une lente remontée jusqu'à 20.000 pieds ou plus pour dépasser l'altitude de gel, nous ne voulions pas congeler. Ensuite, nous avons tracé une ligne directement jusqu'à Manston, dans le sud de l'Angleterre où se trouvait une piste d'atterrissage de secours.
Bien sûr, pendant que tout cela arrivait et avant de reprendre un cap, nous devions faire l'inventaire des avaries. Nous avions perdu de 20 à 25 cm de la pièce se trouvant au bout des ailes, cette partie était endommagée. L'aile de l'autre avion était entrée dans notre fuselage juste après le bord de fuite et jusqu'à la porte. Elle a emporté tout ce côté et le fuselage qui se trouvait en dessous. Nous étions donc dans une situation assez mauvaise. Notre souci principal était de récupérer le mitrailleur de la tourelle du milieu. Vu l'état de l'avion, il aurait bien pu passer à travers de la tôle et tomber.
Grâce à l'aide de l'opérateur radio et de l'ingénieur de vol, ils ont pu le ramener vers l'avant de l'appareil. Je me trouvais dans la queue, dans ma position habituelle en tant que mitrailleur arrière. Je pouvait sentir la queue de l'avion se balancer un peu, le capitaine la sentait lui aussi bouger. Il offert l'opportunité de me parachuter, mais le problème était que nous n'étions pas très loin du territoire ennemi et il n'était pas impossible que nous soyons rejoints par un chasseur allemand. Alors j'ai choisi de rester à mon poste jusqu'à notre retour à la maison. Voilà l'histoire.
C'est la deuxième fois que vous venez ici. En quoi est-ce important pour vous de venir ici ?
Quand cet accident est survenu, nous savions que nous avions été dans une collision aérienne. Nous savions ça. Mais avec qui, ça nous ne le savions pas. Alors il nous a fallu beaucoup de temps pour faire les recherches et trouver où cela est arrivé. Nous savions grâce à un navigateur et à ses cartes où cela a pu arriver alors nous avons désigné cette localité. Après il a fallu trouver qui était l'autre avion.
Heureusement, assez peu d'avions se sont perdus cette nuit là et nous avons pu repérer les zones où ils se sont perdus. Ici, il n'y en avait qu'un alors nous avons trouvé que l'avion qui nous est rentré dedans appartenait au Squadron 103. Mon équipage bien sûr a toujours voulu leur rendre hommage.
Vous avez ressenti personnellement le besoin de venir ici ?
Oh oui. J'ai maintenant réalisé une grande ambition, une ambition vieille de nombreuses années. Je suis heureux. Ce jour a été un jour fantastique, vraiment. Pas uniquement parce que tout le monde est venu pour l'inauguration de cette petite plaque à l'entrée. C'est bien. C'est bien que l'on puisse maintenant se souvenir de cet équipage.
traduction : G.Kuster