En redressement judiciaire, le gigantesque volailler breton travaille avec une onze éleveurs ardennais.
Le tribunal de commerce de Quimper a donné mercredi une chance de relance au groupe Doux en permettant le maintien de la période d'observation du volailler breton jusqu'au 30/11, tout en mettant en liquidation le pôle frais, déficitaire, et qui emploie 1.700 personnes sur près de 4.200. Des éleveurs ardennais pourraient être sérieusement impactés.
Ces éleveurs ardennais travaillent avec un unique abattoir, celui de Graincourt-lès-Havrincourt (62). Il doit être fermé dans le cadre de la liquidation de l'entreprise. Seule cette liquidation permettra à Doux de s'acquitter de ces dettes envers notamment les éleveurs. Le groupe breton a par exemple 4 mois d'impayés, soit 60 000 euros, envers un éleveur de Châtelet-sur-Retourne, le plus important du Nord-Est de la France, avec 960 000 poulets par an.
De même ces éleveurs se verront ainsi libérer de leur contrat d'exclusivité. Ces contrats leur apportaient une évidente sécurité : les éleveurs apportent les murs, Doux se chargent du reste (poussin, nourriture, soins vétérinaires, charges) ! Mais, par définition, ils leur empêchent d'avoir d'autres clients.
Le redressement judiciaire de Doux en détails
Le tribunal a fixé au 10 août la date de dépôt des offres de reprises de "Doux frais", l'une des 23 sociétés du groupe, et au 10 septembre la fin de la période d'activité.
Une audience d'étape se tiendra le 9 octobre pour les 22 autres sociétés du groupe. "Nous espérons que le plan de continuation auquel travaille Charles Doux (pour ces 22 sociétés) pourra être déposé entre les mains du tribunal à la rentrée de septembre", a-t-on expliqué de source proche du dossier.
"Sauver le maximum de site, le maximum d'emplois"
Le plan de continuation de Charles Doux prévoit l'entrée majoritaire au capital de la banque britannique Barclays, qui espère ainsi récupérer ses 140 millions d'euros de créances. "Malheureusement, nous n'avons pas de solution pour Doux frais (...) Nous espérons des candidats repreneurs pour ce pôle frais" d'ici le 10 août, a indiqué l'avocat de Doux, Me Gourvès.
Le "consortium" Sofiprotéol avait fait une offre globale de reprise du groupe Doux. Ce consortium regroupait pour l'occasion des acteurs français du secteur volailler, privés et coopératives: Glon Sanders (filiale de Sofiprotéol), Duc, LDC, Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia. "Nous avons dix jours pour aider à la construction d'offres solides pour les sites du pôle frais de Doux. Je vais prendre mon bâton de pèlerin pour aller vers les différents opérateurs économiques, les différents candidats qui avaient déposé une offre pour le frais et rappeler la position du gouvernement: sauver le maximum de site, sauver le maximum d'emplois", a indiqué le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot
Dette estimée à 430 millions d'euros
Premier bénéficiaire français des subventions européennes aux exportations (restitutions), le groupe Doux, propriétaire du célèbre Père Dodu, ploie sous une dette estimée à 430 millions d'euros et a été placé en redressement judiciaire début juin. Avec les CDD, plus de 4.000 personnes sont employées chez Doux, qui fait travailler quelque 800 éleveurs. Deux mille personnes sont employées par des sociétés de transport travaillant pour le groupe, sans compter les nombreux emplois chez les fournisseurs et la sous-traitance.