F. Hollande parle de Fessenheim et du Concordat

Le candidat PS a confirmé la fermeture de la centrale nucléaire et l'exception Alsace-Moselle pour la loi de 1905

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Les précisions du PS 68 sur Fessenheim

Malika Ben M'Barek est animatrice de la campagne de François Hollande dans le Haut-Rhin.

François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a pris jeudi "60 engagements pour la France". Il a confimé la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, et a précisé que l'intégration de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution se fera  "sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et en Moselle".

Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande a déclaré dans une interview jeudi au Dauphiné libéré qu'il fermerait bien la centrale de Fessenheim, en Alsace, s'il est élu, comme convenu avec les écologistes d'EELV, mais a exclu toute autre fermeture pendant son quinquennat.

 "Dans l'immédiat, je propose la fermeture de Fessenheim parce que c'est la plus ancienne de nos centrales, mais aussi pour des raisons de sûreté puisqu'elle est située sur une zone sismique. Ce sera la seule dans mon quinquennat sauf si l'Autorité de Sûreté Nucléaire nous alerte sur un autre cas", déclare M. Hollande.  C'est la première fois qu'il dit aussi clairement qu'il ne fermera que Fessenheim lors de son quinquennat, remettant la question des autres centrales à fermer à un horizon plus lointain.  L'accord du 19 novembre 2011 entre le parti socialiste et les écologistes d'EELV prévoit un "arrêt immédiat de Fessenheim" et la "fermeture progressive de 24 réacteurs", un second engagement plus flou quant à son échéance.

 "Vers 2020-2023, des décisions devront être prises sur les centrales qui seront alors en fin de vie, la question se posera à ce moment-là", ajoute-t-il, excluant notamment la fermeture de la centrale du Tricastin, dans la Drôme.  "De la même façon, je poursuivrai la fabrication du Mox à Marcoule, qui est un combustible indispensable au fonctionnement de plusieurs de nos centrales de nouvelle génération. Mais je ne fermerai aucun réacteur en Rhône-Alpes", dit-il enfin.  En décembre 2011, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Cécile Duflot, avait mis en garde François Hollande contre la tentation de ne pas fermer la centrale de Fessenheim (Alsace) en cas de victoire en 2012, comme cela est prévu dans l'accord passé avec le PS.


Dans un document de quelque 40 pages, publié jeudi, le candidat socialiste à l'Elysée affirme que les "mesures nouvelles" liées à ses "priorités" coûteront, au terme d'une montée en charge progressive, jusqu'à "20 milliards d'euros à l'horizon 2017", dernière année de son quinquennat s'il est élu. Côté recettes, son projet prévoit l'annulation de 29 milliards d'euros de niches fiscales, qui seront "équitablement répartis entre les ménages et les entreprises".

Le candidat, qui a fait de l'éducation et la jeunesse sa priorité, réaffirme la création de 60.000 postes dans ce secteur sur 5 ans. Il redit sa volonté de créer un "contrat de génération", c'est à dire de "permettre l'embauche en CDI, de jeunes, accompagnés par un salarié plus expérimenté qui sera ainsi maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ en retraite". Il veut aussi augmenter de "25%" l'allocation de rentrée scolaire dès septembre.

Sur le plan économique, M. Hollande confirme des mesures-phare: une grande réforme fiscale, qui passera par la fusion, "à terme, de l'impôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre d'un prélèvement simplifié sur le revenu" et la création d'une "tranche supplémentaire de 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part".

Il donne la "priorité" aux PME, avec la création d'une Banque publique d'investissement et une refonte de l'impôt sur les sociétés au profit de ces entreprises. Il précise aussi les contours du nouveau "livret d'épargne industrie" entièrement dédié au financement des PME, qui sera conjugué avec le doublement du plafond du livret développement durable. Celui-ci passera de 6.000 à 12.000 euros. Est aussi prévue une augmentation de 15% de la taxation des bénéfices des banques. Le projet confirme également, pour les banques, la séparation de leurs activités (investissement et emploi/opérations spéculatives). Nombre de mesures sont inspirées du projet socialiste adopté en mai (logements sociaux, allocation autonomie pour les étudiants, fiscalité, etc...). Toutefois certaines sont revues à la baisse.

M. Hollande veut par exemple créer 150.000 emplois d'avenir pour l'insertion des jeunes dans l'emploi, quand le projet PS en prévoyait 300.000. Il entend créer 1.000 emplois au sein de l'ensemble justice, police, gendarmerie chaque année pendant 5 ans, alors que le projet PS prévoyait le recrutement de 10.000 gendarmes et policiers sur le quinquennat.

A plusieurs reprises, des mesures sont annoncées, sans précision. Par exemple sur la réforme du quotient familial, le document indique seulement que cette mesure "maintiendra toutes les ressources affectées à la politique familiale" et concernera "moins de 5% des foyers fiscaux". Sur les retraites, il ne donne aucune indication sur les leviers qu'il compte utiliser pour parvenir à leur financement. Par ailleurs, M. Hollande confirme la fermeture de la centrale de Fessenheim, répète qu'il veut "ouvrir le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels", qu'il est favorable à une loi sur le "non-cumul des mandats", qu'il introduira une "part" de proportionnelle pour les législatives et qu'il accordera le droit de vote aux élections locales aux étrangers".

Alors que son annonce, dimanche dernier au Bourget, lors de son premier grand meeting de campagne, d'une inscription de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution avait soulevé des craintes sur l'avenir du Concordat en Alsace et en Moselle, il propose d'insérer un article tenant compte de ce régime dérogatoire.  AFP

L'essentiel des "60 engagements pour la France"

 RELANCE DE LA PRODUCTION, DE L'EMPLOI ET DE LA CROISSANCE
 - Création d'une Banque publique d'investissement et d'un Livret d'épargne industrie
au profit des PME. Doublement du plafond du livret de développement durable
 - Rééquilibrage de l'impôt sur les sociétés au profit des PME et des TPE et au détriment des grandes entreprises
 - Couverture intégrale de la France en très haut débit d'ici à dix ans
 - Préservation du statut public des entreprises détenues majoritairement par l'Etat (EDF, SNCF, La Poste...)
 - Séparation des activités des banques "utiles à l'investissement et à l'emploi de leurs opérations spéculatives", bannissement des banques françaises des paradis fiscaux, interdiction des "produits financiers toxiques" et des stock-options, sauf pour les entreprises naissantes, encadrement des bonus et sur-taxation de 15% des bénéfices des banques
 - Réduction du déficit public à 3% du PIB et retour à l'équilibre fin 2017
 - Suppression de 29 milliards d'euros de niches fiscales "équitablement répartis entre les ménages et les entreprises"
 - Montée en puissance du financement des "priorités" jusqu'à 20 milliards d'euros en 2017
 - Coup d'arrêt à la révision générale des politiques publiques (RGPP) et à l'application "mécanique" du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux.
 REFORME FISCALE
 - Fusion à terme de l'impôt sur le revenu et de la CSG
 - Nouvelle tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part et plafonnement à 10.000 euros de la diminution d'impôt tirée des niches fiscales
 - augmentation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire dès septembre
 - abaissement du plafond du quotient familial pour les 5% de ménages les plus aisés
 - relèvement de l'impôt sur la fortune pour les plus gros patrimoines et abattement sur les successions ramené à 100.000 euros par enfant.
 EDUCATION ET JEUNESSE
 - création de 60.000 postes supplémentaires dans l'Education en 5 ans
 - augmentation de "25%" de l'allocation de rentrée scolaire dès septembre
 - allocation d'études et de formation sous conditions de ressources
 - abrogation de la circulaire sur les étudiants étrangers
 RETRAITES, SANTE 
- départ à 60 ans pour ceux qui ot cotisé toutes leurs annuités. Pour le reste, négociation dès 2012 pour définir "âge légal, "montant des pensions notamment". 
 - augmentation de la part de rémunération forfaitaire des médecins généralistes. Encadrement des "dépassements d'honoraires", favoriser une baisse du prix des médicaments.
 - assistance médicalisée pour "terminer sa vie dans la dignité", dans des "conditions précises et strictes"
EMPLOI
 - créer 150.000 emplois d'avenir pour l'insertion des jeunes
 - mettre fin à la défiscalisation et aux exonérations de charges sur les heures supplémentaires, sauf pour les TPE
 - "contrat de génération": "permettre l'embauche par les entreprises, en CDI, de jeunes, accompagnés par un salarié plus expérimenté qui sera ainsi maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ à la retraite".
 - augmentation des cotisations chômage pour les entreprises qui abusent des emplois précaires
 - création de 1.000 postes par an pour la police, justice, gendarmerie
 - dès l'été 2012, réunion d'une grande conférence économique et sociale,  "saisie des priorités du quiquennat"
 SOCIETE, NUMERIQUE, ENVIRONNEMENT, ENERGIES
 - l'obligation pour une commune de construire des logements sociaux est portée de 20 à 25%. Mixité sociale
 - banlieues: lancement d'opérations de renouvellement urbain. Maintien des services publics. Augmentation des moyens, notamment scolaires. Présence régulière des services
de police.
 - remplacement de la loi Hadopi par une loi "signant l'acte 2 de l'exception culturelle"
 - lutte contre le "délit de faciès"
 - loi favorisant l'égalité professionnelle homme/femme
 - ouvrir le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels
 - réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75 à 50% à l'horizon 2025
 - fermeture de la centrale de Fessenheim, poursuite du chantier de l'EPR de Flamanville
 INSTITUTIONS
 - loi de 1905 sur la séparation Eglise/Etat inscrite dans la Constitution, en tenant compte du statut de l'Alsace et Moselle
 - réforme du statut pénal du chef de l'Etat
 - droit de vote accordé aux étrangers aux élections locales
 - loi sur le non-cumul des mandats, introduction d'une part de proportionnelle aux législatives
 - Réduction de 30% de la rémunération du président et des ministres
 EUROPE, INTERNATIONAL
 - Proposition d'un "pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance", création d'euro-obligations et nouveau traité franco-allemand
 - Proposition d'une politique commerciale européenne anti-dumping social et environnemental  
- Contribution climat-énergie aux frontières de l'Europe
 - retrait immédiat de nos troupes d'Afghanistan 012 04:56:19

Réactions des écologistes et de salariés

L'annonce par François Hollande que Fessenheim serait la seule centrale nucléaire à fermer durant le quinquennat s'il était élu président n'a satisfait jeudi ni les militants écologistes en Alsace, qui critiquent une demi-mesure, ni les représentants syndicaux du site, qui crient à l'injustice.

 "C'est le service minimum, c'est décevant", a raillé Alain Jund, secrétaire des Verts à Strasbourg. "Il y a eu les accords PS/EELV, puis l'engagement de réduire à 50% la part du nucléaire dans l'électricité, et in fine on arrête une vieille centrale déjà en mauvais état, et pour laquelle de toute façon les investissements nécessaires pour la maintenir en vie sont trop importants", a-t-il souligné.

 Si la doyenne des centrales françaises est effectivement fermée, "je ne peux que me réjouir", a concédé André Hatz, de l'association Stop Fessenheim. Mais le fait qu'elle soit la seule sacrifiée est "décevant et révoltant", a-t-il jugé.  En tant que candidat à l'Elysée, M. Hollande devrait "avoir comme souci la sécurité des populations", or "son premier souci est de se faire élire", a-t-il ajouté, observant que sur le nucléaire "on a un certain nombre de candidats timorés, qui avancent sur la pointe des pieds", dont François Hollande et François Bayrou.

Du côté des syndicalistes de la centrale, qui ont lancé une pétition sur internet pour s'opposer à sa fermeture, les réactions étaient également très critiques.  "C'est une décision antisociale, qui le jour du scrutin va nous poser un sacré dilemme car la CGT est plutôt à gauche", a estimé le délégué syndical Denis Kupper. La centrale représente 2.000 à 3.000 emplois directs et indirects et fait vivre toute une région, a-t-il observé.  Et le fait de réserver un sort particulier à Fessenheim est "injuste" car cette centrale "est la plus sûre depuis qu'elle a été entièrement rénovée".  Son collègue Jean-Luc Cardoso, également élu CGT, a déploré qu'on ferme une centrale "contre quelques circonscriptions". Il a dit ne pas croire à l'argument selon lequel le démantèlement de la centrale, une opération de longue haleine, permettrait de préserver l'emploi. AFP

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