Le candidat du PS à la présidentielle a visité le quartier de la Meinau pour y préciser sa politique de la ville
L'interview de François Hollande
François Hollande, candidat (PS) à la présidentielle.
François Hollande a estimé vendredi, dans un quartier populaire de Strasbourg, qu'il faudrait trouver de "nouveaux financements" pour la rénovation urbaine.
Le candidat PS à l'Elysée, qui se trouvait dans le quartier de la Meinau, au sud de Strasbourg, était interrogé sur des reproches faits à sa campagne électorale où, selon certains, le dossier banlieue n'aurait pas une place suffisante.
"Nous sommes pleinement dans la banlieue, les élus de gauche sont ceux qui assurent au quotidien la vie dans les banlieues, nous y sommes depuis des mois et des mois, sans eux ce serait difficile", a fait valoir M. Hollande. "L'Etat devra de nouveau jouer son rôle de solidarité, il n'y a plus un seul euro disponible pour la rénovation", a-t-il déploré, affirmant: "les financements ont été pris sur les bailleurs sociaux et le 1% patronal, j'aurais à trouver de nouveaux financements".
Accompagné par le sénateur-maire de Strasbourg PS, Roland Ries, M. Hollande a serré des mains, salué les habitants et s'est fait montrer des projets de rénovation des quartiers. Nicolas Sarkozy effectuait vendredi un déplacement à Meaux (Seine-et-Marne) sur ce même thème de la rénovation urbaine. AFP
François Hollande recevra les salariés de Fessenheim à son QG lundi.
Hollande annonce plusieurs mesures pour désenclaver les quartiers pauvres
François Hollande a proposé vendredi à Strasbourg plusieurs mesures pour désenclaver les quartiers pauvres, dont un "stage obligatoire" dans ces zones pour les médecins en formation, et des exonérations de charges pour les entreprises embauchant un jeune de ces quartiers.
Dans une allocution au théâtre Pôle sud du quartier de la Meinau, au sud de la ville, il a aussi annoncé la création "d'un ministère de l'Egalité territoriale", après avoir éreinté la politique de Nicolas Sarkozy en direction des quartiers. Ainsi, loin du "plan Marshall pour les banlieues" promis en 2007 par le président-candidat, un "plan Espoir banlieues" a été présenté en 2008 mais a été "un échec", selon M. Hollande, pour qui ce plan a été rebaptisé par les acteurs du secteur "plan désespoir banlieues".
Sur la question "prioritaire" de l'emploi, il s'est engagé à ce que les entreprises embauchant des jeunes domiciliés dans des quartiers prioritaires soient exonérées de charges sociales. L'idée, a expliqué le sénateur PS Thierry Repentin, responsable du pôle logement et ville de l'équipe de campagne, " est de permettre l'accès de ces jeunes à un emploi qualifié notamment dans le secteur marchand".
Le dispositif actuel exonère de cotisation l'employeur à condition que son siège soit dans le quartier et cela correspond souvent à des emplois peu qualifiés. François Hollande a souligné le fait que les problèmes d'accès aux soins dans ces quartiers venaient "s'ajouter" aux autres. "Le manque de médecins et de professions de santé, ce n'est pas seulement vrai dans les zones rurales mais aussi dans les quartiers", a-t-il déploré, ajoutant que ce phénomène concernait aussi les pharmacies. "Je m'engage à ce que personne en France soit éloigné d'un soin d'urgence de plus de trente minutes, il y aura des pôles de santé installés dans les quartiers", a-t-il assuré.
"Je favoriserai des stages obligatoires des jeunes médecins dans les quartiers où il y a des déserts médicaux", a-t-il également annoncé. Dans l'Education, M. Hollande souhaite que "toutes les classes préparatoires (accueillent) un enfant venant des banlieues". Il souhaite favoriser "l'apprentissage du français pour les parents d'élèves".
Dans les transports, il veut "généraliser la tarification solidaire, basée sur le quotient familial de l'usager, comme cela se fait à Strasbourg". Concernant le logement, il a promis un "élargissement de la taxe sur les logements vacants et de la taxe sur la cession des terrains à bâtir". Il a aussi indiqué que le second plan national de rénovation urbaine (PNRU) "soutiendra les co-propriétés en difficulté". "Ceux qui vivent dans les territoires les plus défavorisés auront une politique amplifiée", a lancé M. Hollande. "Toutes les politiques publiques, politiques de sécurité, seront amplifiées, démultipliées dans les quartiers", a-t-il assuré. Il a annoncé qu'il mettrait fin "aux zonages". "Plus personne ne s'y reconnaît dans les zup, les zep, les zus.." a-t-il lancé. "On est de France, pas d'une zone" a-t-il lancé.
"Je porte une vision de la France fondée sur l'égalité, qui ne distingue pas les Français, tous sont des citoyens à part entière et non des citoyens entièrement à part" a-t-il conclu.