Un homme de 53 ans a abattu quatre personnes hier avant de retourner l'arme contre lui
Le preneur d'otages, qui a tué quatre personnes avant de se suicider mercredi à Karlsruhe était Français, a indiqué un porte-parole de la police allemande. "Je sais qu'il est Français et qu'il est originaire d'Alsace", a-t-il souligné au lendemain de la prise d'otages. L'homme de 53 ans avait vécu à Soufflenheim.
Les faits
Un forcené a tué quatre personnes avant de se suicider au cours d'une prise d'otages perpétrée dans son logement situé dans un quartier résidentiel de Karlsruhe dans le sud-ouest de l'Allemagne. L'homme âgé de 53 ans qui s'opposait à son expulsion s'est tué en retournant son arme automatique contre lui, a expliqué la police.
En donnant l'assaut, les agents ont trouvé les corps sans vie de quatre personnes dans un appartement situé dans le nord de cette ville située à quelque 70 km de la frontière française après avoir senti une odeur de brûlé, environ cinq heures après le début de la prise d'otage.
"Tout a été programmé par l'auteur qui avait planifié la prise d'otage et les meurtres", a déclaré le procureur de Karlsruhe Gunter Spitz lors d'une conférence de presse conjointe avec la police et les autorités municipales. Selon le parquet, parmi les victimes toutes "sommairement exécutée" se trouvait un huissier de 47 ans et un serrurier de 33 ans, tous deux pères de famille, le nouveau propriétaire du logement, âgé de 49 ans ainsi que la compagne du forcené, ancienne propriétaire du bien immobilier.
Celle-ci avait été dépossédée de cet appartement de trois pièces en raison d'arriérés dus à la copropriété de l'immeuble, qui avait décidé de mettre le bien en vente, a-t-on précisé.
Pour pouvoir emménager, le nouveau propriétaire avait réclamé l'évacuation de
l'appartement prévue mercredi matin, mobilisant un huissier, un serrurier et un travailleur social qui devait préparer le couple à quitter le logement.
Le forcené possédait tout un arsenal, notamment une arme automatique, deux pistolets et une grenade factice, qu'il s'était procurés illégalement. "Il était en mesure d'engager une violente confrontation armée avec la police", a précisé Roland Lay, chef-adjoint de la police, disant avoir eu à faire face à une situation "très difficile et très complexe".
"Les forces de police ont tout fait, en sachant qu'il y avait un danger considérable,
pour tenter ce qui était possible pour sauver la vie des otages, mais ce n'était malheureusement plus possible", a regretté la chef de la police Hildegard Gerecke.
La police avait d'abord avancé le chiffre de trois ou quatre morts, mais des agents ont ensuite découvert dans l'appartement le corps d'une femme, l'ancienne propriétaire
de l'appartement.
La prise d'otages avait commencé vers 08h00 (06H00 GMT) au moment de l'expulsion forcée dans cet appartement du 5e et dernier étage d'un immeuble, situé dans un quartier résidentiel et boisé à quelques kilomètres au nord du centre-ville.
Quelque 200 policiers avaient été déployés sur place dont des membres des forces
spéciales d'intervention. Plusieurs véhicules de police et des ambulances avaient été dépêchées devant l'immeuble où s'est produit la tuerie. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place autour du bâtiment situé dans cette ville de 295.000 habitants, siège des hautes juridictions allemandes. L'immeuble se trouve à proximité de deux écoles et crèches qui avaient été évacuées, ainsi que toutes les habitations aux alentours. La police avait reçu de nombreux coups de fil de parents inquiets. Le ministre de la Justice de l'Etat du Bade-Wurtemberg Rainer Stickelberger a appelé à faire la lumière sur ce "terrible crime aussi vite que possible".
L'Allemagne avait renforcé sa législation sur la possession d'armes après deux massacres dans des écoles à Erfurt (est) en avril 2002 et Winnenden (sud-ouest) en mars 2009.
Plusieurs expulsions ont connu un épilogue violent ces dernières années. En décembre, dans la même région, un homme de 68 ans avait abattu le nouveau propriétaire d'un immeuble de Rastatt qu'il était contraint d'évacuer après sa mise en vente. En mai 2010, un homme de 62 ans sous le coup d'une menace d'expulsion locative avait provoqué un explosion de gaz dans une maison en Thuringe dans l'est de l'Allemagne.
Le reportage
Le reportage de Jean-François DolisiLe forcené de Karlsruhe, un Alsacien de 53 ans... par France3Alsace