Gilbert Bernachon a 62 ans, habite Illkirch-Graffenstaden et est ce qu'on appelle un coach. Il a décidé de faire le Chemin à la recherche de lui-même et de l'autre, toujours et encore.
Son départ s'est effectué le dimanche 1er juillet depuis la ville du Puy-en-Velay pour une arrivée prévue aux alentours du 30 août, après un périple d'environ 1620 kilomètres. En France, Gilbert Bernachon a emprunté la "Via Podiensis" ou chemin du Puy, l'un des quatre grands chemins qui mène à Saint-Jacques de Compostelle au départ du Puy-en-Velay, cité mariale et haut lieu de la chrétienté.
Il a franchi le col de Roncevaux et est entré en Espagne le 1er août pour poursuivre son chemin jusqu'à Compostelle.
Gilbert Bernachon est enfin arrivé à Compostelle à la fin du mois d'août, il a parcouru 1637 km depuis le Puy en Velay, c'est un petit peu plus long de ce qu'il avait prévu. Mais Compostelle n'est pas le but ultime du Camino, c'est Finistera, "là où la terre finit", avant l'océan atlantique. Le Jacquet doit alors se défaire des ses vêtements et de son sac et de les brûler, symboliquement, et revêtir de nouveaux vêtements pour sa nouvelle vie, d'après le pèlerinage.
Nous l'avons suivi sur son chemin à partir des photos et des commentaires qu'il nous a envoyés tout au long de son périple, sous forme de diaporama.
Gilbert Bernachon
Aujourd'hui retraité, il dirige une Société dans laquelle il évolue en tant que coach en entreprise. Diplômé en sophrologie, il s'est tourné aujourd'hui beaucoup vers ceux que l'on appelle " les autres ". Une première partie de carrière tournée essentiellement vers l'industrie dans diverses villes de France. Puis une seconde carrière d'enseignant dans le domaine privé.
Gilbert Bernachon :
"Ma recherche personnelle dans la solitude du chemin est d'être davantage attentif à ce qui se passe en dehors de moi et en même temps en moi. Mon souhait est de faire un parallèle concret et significatif entre les qualités pouvant être espérées, voire demandées à un manager, et l'expérience que le chemin m'aura apportée et enseignée. Pour cette réalisation, un " journal de bord " sera élaboré et chaque étape fera l'objet de réflexions et de commentaires sur la journée terminée avec ses enseignements pertinents.
Oui, celui ou celle que l'on appelle " l'Autre " nous guide dans l'élaboration de notre propre existence et dans la projection de notre vie. Et puis,aller à la rencontre de l'Autre, c'est donc reconnaître la place de l'Autre dans sa vie. A travers nos échanges et nos rencontres l'Autre nous donne chaque jour dans notre éveil une renaissance exclusive et nous donnons à l'autre une raison de croire en ses capacités, en lui."
Et encore : "Je ne suis pas un vrai marcheur dans le sens où ce sport n'est pas mon préféré. Voilà pour moi l'occasion de choisir un rythme de pas, qui permettra d'aller au bout du chemin, ce sera un rythme qui fera écho avec mon moi intérieur, mon seul compagnon de marche. Marcher avec mon moi intérieur c'est faire l'expérience de la solitude en étant à deux …
Sans doute vais-je prendre conscience d'un moi que je ne connaissais pas encore. De deux chemins, le plus facile n'est pas forcement le meilleur, celui qui est un peu plus difficile monte plus haut et on peut y faire de meilleures rencontres. Si tu es perdu, retourne-toi et regarde d'où tu viens. Il n'y a pas de chemin idéal, le chemin se fait en marchant et puis tous les chemins mènent à l'homme. Quelqu'un a dit que partir c'est mourir un peu, mais mourir, c'est aussi renaître à autre chose, et renaître, c'est revivre autrement … parfois. J'ai souvent à accompagner des stagiaires qui ont beaucoup d'inquiétudes et de difficultés face aux changements permanents consécutifs à des réorganisations ou changements d'orientations dans leurs carrières professionnelles."
Au kilomètre 0 du pèlerinage à Finistera...
"Etre pèlerin au XXI siècle c'est me montrer très humble devant les efforts permanents et les privations auxquelles corps et esprit n’étaient plus habitués, vivre une solitude voulue et la partager avec mon autre soi que je ne connaissais pas ou que j'ignorais.
Le chemin m’a apprivoisé, ressourcé, offert des émotions fortes en lien direct avec l’immensité du ciel et de la nature. Par un petit matin pluvieux, j'avais commencé à cheminer, avec le soleil qui me chantait au coeur, qu'elle était belle ma Liberté. Le chemin, c’est le bonheur à l’état brut, sauvage, le bonheur sans réserve ni frontière qui prend souvent sa place, toute sa place : incommensurable, le chemin me serait connu.
J’ai l’impression d’être davantage attentif à ce qui se passe en dehors de moi et en même temps en moi. Mes 5 sens sont en éveil et l’intuition reste branchée simultanément.
Et puis en conclusion toute simple mais Ô combien révélatrice je dirais que ce chemin ne fût finalement pas d'aller vers de nouveaux paysages ...
Mais aujourd'hui d'avoir d'autre yeux."