R. Hébras, l'un des rescapés du massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944, a reçu une lettre d'insultes anonyme
Robert Hébras, l'un des deux derniers rescapés du massacre d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où 642 personnes ont été massacrées par des unités SS le 10 juin 1944, a porté plainte après avoir reçu une lettre d'insultes anonyme, a-t-il indiqué lundi.
M. Hébras, 86 ans, a déposé plainte à la gendarmerie de Saint-Junien (Haute-Vienne), où il réside, après avoir reçu le 22 février un courrier dactylographié et intitulé "Honte à vous", a-t-il expliqué. "Vous auriez mieux fait d'y rester. Pauvre c... qui veut réécrire l'histoire" et "qui accuse à tort. Vous ne méritez pas votre carte d'identité alors que les Alsaciens se sont battus et ont payé cher de leur chair pour redevenir Français", est-il notamment écrit dans la missive.
M. Hébras, qui a reçu par le passé "cinq ou six" courriers anonymes, souligne que c'est la première fois qu'il porte plainte. "Je n'ai jamais reçu une lettre aussi agressive", a-t-il affirmé. "Si je ne dis rien, ça veut dire que j'accepte ce que j'ai écrit. Je ne vais pas me laisser insulter à presque 87 ans parce que j'ai survécu à Oradour", a-t-il martelé. Par ailleurs, M. Hebras a indiqué que la cour d'appel de Colmar allait examiner le 1er juin l'appel interjeté par deux associations alsaciennes de "Malgré-nous" (ndlr : qui représentent les ex enrôlés de force dans les armées allemandes durant la seconde guerre mondiale), déboutées en 2010 par le TGI de Strasbourg et qui demandent le retrait de son livre "Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure".
Lors du procès du massacre d'Oradour en 1953 à Bordeaux, treize Alsaciens figurant parmi les 21 condamnés avaient été amnistiés car "incorporés de force". Dans ce livre publié en 1994, M. Hébras écrivait que, "parmi les hommes de main, il y avait quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS". Il avait toutefois nuancé ce propos dans les éditions suivantes mais en 2009, un nouveau tirage avait repris la première version, d'où la plainte. Le 10 juin 1944, des soldats de la division blindée SS Das Reich ont massacré 642 personnes, dont 247 enfants, à Oradour-sur-Glane, près de Limoges. Six personnes ont survécu à la plus grande tuerie perpétrée en France par les armées hitlériennes, dont deux sont toujours en vie. AFP