Il a été confronté à Jean-François Abgrall, l'ancien gendarme qui l'a confondu dans de nombreuses affaires criminelles.
Après un 1er rendez-vous manqué le 10 janvier 2012, Francis Heaulme, dit "le routard du crime" a été confronté mercredi 22 février 2012 dans l'après-midi au palais de Justice de Metz à Jean-François Abgrall, l'ancien gendarme (devenu enquêteur) qui l'a confondu dans de nombreuses affaires criminelles.
Cette confrontation portait sur l’affaire du double meurtre de Montigny. Peu d'informations ont filtré à la suite de cette rencontre judiciaire.
Mais la décision de poursuivre de nouveau Francis Heaulme dans ce dossier en le renvoyant devant une Cour d'Assises ou de le clore définitivement revient maintenant à la Chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Metz : c'est elle qui avait ordonné ce suplément d'information.
Où en est-on dans ce dossier ?
Deux ans après l’acquittement en 2002 à Lyon du montignien Patrick Dils lors de son troisième procès dans l'affaire du double meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, tués à Montigny-les-Metz le 28 septembre 1986, Francis Heaulme a été mis en examen le 9 juin 2006, dans cette affaire avant de bénéficier d’un non-lieu en décembre 2007, faute de charges suffisantes pour le renvoyer devant une Cour d'Assises.
Mais la famille de Cyril, l'une des deux jeunes victimes, a fait appel de cette décision car la présence du "routard du crime" sur les lieux le jour du double meurtre est établie, et parce que que les gendarmes, dans un rapport daté de 2001, ont conclu à la « quasi-signature criminelle » d'Heaulme dans ce dossier.
Francis Heaulme, originaire de Briey (54) et condamné à de multiples reprises pour meurtre en France a toujours maintenu n’avoir rien à voir avec ceux de Cyril Beining et d'Alexandre Beckrich.
Les faits :
Alexandre Beckrich et Cyril Beining, âgés de 10 ans sont retrouvés morts, massacrés à coups de pierre, le 28 septembre 1986 en fin de journée, le long d’une voie de garage de la SNCFsur laquelle ils jouaient à Montigny-lès-Metz, non loin de leur domicile respectif.
Patrick Dils, 3 procès puis l'acquittement :
Patrick Dils, un apprenti cuisinier de 16 ans habitant la même rue que les enfants avoue le meurtre 7 mois après les faits puis se rétracte. Inculpé pour homicides volontaires, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la Cour d'assises des mineurs de la Moselle le 27 janvier 1989.
Criant son innocence du fond de sa prison, Patrick Dils est entendu en 1998 par ses nouveaux avocats Mes Florand et Achoui. ces derniers prennent contact avec le gendarme Jean-François Abgrall qui a permis d'identifier Heaulme comme l'auteur de nombreux crimes en France. Ce dernier a reconnu face au gendarme et au magistrat Jean Favard qui l'interroge len prison avoir été sur place (il travaillait dans une entreprise voisine depuis peu) le jour, à l'heure et à l'endroit précis du double meurtre, y avoir vu les enfants et avoir reçu sur la tête des pierres jetées par les deux garçonnets. Toutefois il nie être l'auteur des deux homicides. Mais pour la Justice sa présence constitue néanmoins un « fait nouveau de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné ».
Le 21 avril 2001, la Cour de révision annule la condamnation Patrick Dils qui reste cependant en prison jusqu'au nouveau procès qui débute le 20 juin 2001 à Reims devant la cour d'assises des mineurs de la Marne. le 29 juin 2001, il est condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle, malgré la conviction de l'avocat général qu'il ne pouvait être l'auteur des faits. Patrick Dils fait appel.
Le troisième et dernier procès de Dils s'ouvre le 8 avril 2002 devant la cour d'assises des mineurs du Rhône. Le public, présent pour la 1ère fois entend les gendarmes expliquer que les enfants sont morts vers 17h, alors que Patrick Dils n'est rentré chez lui que vers 18h45. Le 23 avril, l'avocat général ne réclame ni peine ni condamnation et Patrick Dils est acquitté le 24 avril 2002.
Francis Heaulme, coupable idéal ?
Plusieurs éléments restent troublants dans ce dossier, suffisament pour que la Justice s'intéresse encore à Francis Heaulme qui a confirmé avoir été présent sur les lieux et à l'heure du double crime. Mais il nie les deux meurtres, expliquant que ce n'est pas son mode opératoire qui a été employé.
Lors du 3ème procès en 2002, deux pêcheurs ont témoigné qu’ils avaient reconduit Heaulme chez sa grand-mère, le jour du double meurtre, les vêtements tachés de sang, alors qui marchait le long de la voie ferrée.
Le 24 octobre 1997 le gendarme Jean-François Abgrall a transmis à la justice un document dans lequel il rend compte d'un entretien qu'il a eu en 1992 avec Heaulme à la maison d'arrêt de Brest : « Francis Heaulme nous a tenu les propos suivants, disant avoir effectué une promenade à vélo le long d'une voie de chemin de fer dans l'est de la France, avoir reçu des pierres jetées par deux enfants, être parti, puis repassé sur les lieux quelques minutes plus tard, où il aurait vu les corps de deux enfants près de wagons non loin de poubelles et d'un pont, avoir vu sur les lieux des pompiers et des policiers. »