La site Petroplus de Reichstett a demandé son placement en redressement judiciaire
Petroplus en faillite ? inquiétude à Reichstett
La société Petroplus devrait être placée en cessation de paiement aujourd'hui, un pas de plus vers la faillite. A la raffinerie de Reichstett, les salariés sont de plus en plus inquiets. Une reprise est-elle encore possible? les salaires seront-ils versés?
La site Petroplus de Reichstett, qui emploie encore près de 80 personnes, après avoir cessé ses activités de raffinage, est en cessation de paiement et a demandé mercredi son placement en redressement judiciaire.
"Nous avons déposé une déclaration de cessation de paiement et demandé aujourd'hui (mercredi) l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire", a dit le président de Petroplus Raffinage Reichstett Claude Philipponneau. Une audience devant la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg est prévue lundi matin. Cette démarche est la suite logique des difficultés de la maison-mère de la raffinerie. Le groupe suisse a annoncé mardi se préparer à la mise en faillite de la société et de ses filiales à l'étranger, en raison de l'échec des négociations avec ses créanciers.
Le site de Reichstett, au nord de Strasbourg, a arrêté en avril 2011 ses activités de raffinage, jugées non rentables. Il employait encore au 1er janvier 79 personnes qui gèrent les stocks restants et la sécurité des installations, selon M. Philipponneau. La direction, à court de liquidités, envisage de faire appel au régime de garantie des salaires (AGS) pour que ces salariés puissent être payés.
Les difficultés de Petroplus compromettent par ailleurs le versement des congés de reclassement et de préavis dus aux quelque 175 salariés déjà licenciés, et le travail de la vingtaine de personnes employés par des sous-traitants sur le site, a souligné le secrétaire du CE Eric Haennel.
La direction continue d'espérer le "maintien de la vocation économique" du site, et poursuit les discussions entamées avec d'éventuels repreneurs pour une partie des machines et pour les terrains, a affirmé M. Philipponneau. AFP
Le groupe de raffinage suisse Petroplus, qui possède le site de la raffinerie de Reichstett, a annoncé mardi qu'il se préparait à la mise en faillite en Suisse de la société et de ses filiales à l'étranger, en raison de l'échec des négociations avec ses créanciers.
Quelques heures plus tard, sa filiale française, basée sur le site de la banlieue rouennaise de Petit-Couronne (Seine-Maritime), a déposé son bilan et s'est placée en cessation de paiement "pour protéger la société après l'annonce de l'insolvabilité de la maison mère".
Des représentants des 550 employés de la raffinerie française ont été reçus en fin de journée par le ministre de l'Industrie Eric Besson, alors que le sort de Petroplus s'est invité dans la campagne présidentielle. Le dépôt de bilan permettra de payer les salaires de janvier et d'empêcher la saisie des actifs à Petit-Couronne, a souligné le ministre. Pour M. Besson, l'objectif du gouvernement reste une reprise d'activité, pour laquelle "différents candidats" ont été reçus.
Petroplus est désormais dans une situation équivalente à "un défaut de paiement" pour la dette de 1,75 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) accumulée par le premier raffineur européen indépendant. Le groupe a indiqué qu'il allait donc demander sa mise en faillite ou un sursis concordataire. Les annonces du groupe suisse, surexposé à la crise du raffinage européen parce qu'il n'est pas présent sur d'autres créneaux pétroliers, ont annihilé sa valeur en Bourse: le titre a terminé sur un plongeon de 83,7%, à 0,24 franc suisse.
La situation s'annonce très incertaine pour les salariés, répartis entre les cinq usines de Petit-Couronne, de Coryton (Grande-Bretagne), Anvers (Belgique), Ingolstadt (Allemagne) et Cressier (Suisse), à la capacité cumulée de 667.000 barils de brut par jour.
Le directeur général de Petroplus, le Français Jean-Paul Vettier, a indiqué être "entièrement conscient de l'impact que cela (la faillite, NDLR) aurait sur (leurs) employés, leurs familles et les communautés où (ils avaient) été actifs". Le syndicat suisse Unia a "exigé" mardi que les salaires des employés de Petroplus soient "garantis", et a lancé un appel aux autorités pour faciliter une reprise du site helvétique de Cressier.
Le syndicat estime "scandaleux que l'avidité et le manque de scrupules de +hedge funds+ et de managers aboutissent à la mise en danger" des 2.500 emplois de Petroplus. Le raffineur était à l'origine détenu par le fonds d'investissement Carlyle, qui l'a introduit en Bourse en 2006 et s'est depuis totalement désengagé de son capital.
Au Royaume-Uni, la raffinerie de Coryton a suspendu ses ventes lundi et annoncé à son millier d'employés qu'elle ne savait pas quand elle redémarrerait. Elle a été placée sous administration judiciaire, a précisé Petroplus dans un communiqué. "La perte de mille emplois dans l'Essex aura un effet dévastateur sur l'économie locale", a déclaré sur la radio publique BBC le député européen travailliste Richard Howitt. Selon lui, la moitié des employés, des sous-traitants, ont déjà reçu leur lettre de licenciement.
Dans l'immédiat, le "flou" demeure aussi sur le montant que les actionnaires de Petroplus vont pouvoir récupérer, ont souligné les analystes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Ils soulignent qu'il s'agit du "pire scénario possible pour la société", qui avait annoncé des premières difficultés fin décembre 2011 et l'arrêt de plusieurs raffineries dont Petit-Couronne début janvier. Le groupe avait alors indiqué qu'une ligne de crédit d'environ un milliard de dollars, jugée "indispensable" au bon fonctionnement de ses opérations, avait été gelée par ses banques. AFP