Un trésor gallo-romain repose en sol meusien.
Enfant du pays, Pierre Becq, antiquaire messin de son état, revient souvent à son Senon natal, pour se ressourcer mais aussi pour travailler au sein de l’association qu’il a créée avec quelques autres en 1990.
« Les Amis de Senon et du Pays de Spincourt » a pour but de valoriser et de préserver l’important patrimoine gallo-romain de la région. Pierre Becq l’a d’ailleurs dirigée jusqu’en 2010 avant de laisser sa place à Jean-Claude Sztuka, tout en restant très impliqué.
Aujourd’hui aux alentours de Senon, aucune ruine n’est visible mais il suffit de se pencher et de fouiller un peu découvrir des traces de leur présence ou quelques reliques d’un autre temps : une pointe de lance, un tesson de poterie. Enfant, Pierre Becq a souvent eu l’occasion de mettre la main sur de tels trésors ; il raconte sa première fois avec un sourire aux lèvres :
« J’avais à peu près douze ans et comme tous les enfants de mon âge j’aimais bien creuser, j’allais de temps en temps au cimetière et en farfouillant dans un tas de terre fraîchement retournée, j’y ai trouvé cette fibule. »
La trouvaille est exhibée fièrement; elle constitue avec beaucoup d’autres, l’une des raisons qui le poussent à essayer d’avertir ses concitoyens sur l’existence de ce patrimoine unique.
Un patrimoine d’une richesse exceptionnelle
A l’écart du village, sur une futaie coupée tout récemment, Pierre Becq commence la visite de ce qui fut naguère une place forte.
« Il n’existe que six forts gallo-romains en France. Et nous avons la chance d’en avoir un ici ! A Senon !»
Mais tout reste à mettre au jour : en lieu et place des remparts et des salles de garde il n’y a aujurd’hui qu’un carré d’arbres, de l’herbe et les vestiges de tranchées allemandes.
C’est à cette époque, aux alentours de 1917 que remontent les dernières fouilles pratiquées ici. Dans cette Meuse alors occupée, les allemands ont trouvé des restes des fortifications en creusant leurs propres tranchées. L’un des officiers présents prit alors la décision de continuer les fouilles.
De nombreux restes de statues furent ainsi retrouvés puis stockés à la porte des Allemands de Metz. Par la suite ces pièces furent confiées au Musée de la Princerie de Verdun, et depuis, plus rien.
« Préserver pour conserver »
L’existence de ces ruines est en revanche connue, leur valorisation est la principale mission de l’association des « Amis de Senon et du Pays de Spincourt ».
A cette fin elle organise régulièrement des expositions présentant le patrimoine du village et commande (depuis 2005) des sondages réguliers de terrains aux alentours de la commune. Utilisant une technique à base d’impulsions électriques ces études ont permis de découvrir un théâtre antique et de délimiter précisément les contours du fort, aussi appelé « bourge ».
Pas moins de 35 hectares de fondations ont ainsi été « re-découverts » à Senon mais également sur le ban des communes voisines d’Amel et Vaudoncourt.
Les fouilles ne sont pas encore à l’ordre du jour, mais l’association continue d’accumuler les relevés en sous-sol afin de déterminer l’ampleur réelle des vestiges.
Pierre Becq rassure : « elles auront lieues, un jour, dans de bonnes conditions, une fois les financements trouvés ! » De l’argent pour permettre la construction d’un hangar, à la manière de celui de Bliesbrück, afin de protéger les fouilles des intempéries.
Découvrez les photos prises sur place
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