La ville de Strasbourg a décidé d'écarter le géant français du BTP du projet d'aménagement du quartier d'affaires
C'est une surprise : l'annonce de l'annulation de la procédure d'attribution du quartier d'affaires du Wacken au groupe Bouygues a interpelé tous les acteurs de ce dossier. Une décision prise par la Ville de Strasbourg alors que les travaux devaient commencer en 2013. Mais pour quelles raisons? Eléments de réponses dans le reportage.
La ville de Strasbourg a rompu les négociations engagées avec le groupe Bouygues Immobilier concernant l'aménagement d'une partie de son futur grand quartier d'affaires, près du Parlement européen, et va lancer une nouvelle procédure.
"Nous lançons une nouvelle procédure qui annule la précédente. A la suite de discussions avec les associations et les habitants, nous avons enrichi le projet et voterons une nouvelle délibération à l'automne", a déclaré Alain Fontanel (PS),
maire-adjoint en charge des finances. Le groupe de BTP n'a pas souhaité réagir.
Une délibération du conseil municipal adoptée le 21 novembre 2011 avait désigné
Bouygues comme "partenaire immobilier exclusif pour l'acquisition du foncier et des droits à construire et le développement des opérations immobilières sur la première tranche du quartier d'affaires" du Wacken.
L'opération devait représenter un investissement d'environ 200 millions d'euros, avait précisé Bouygues début décembre. Le promoteur prévoyait de construire 100.000 m2 de SHON (surface hors oeuvre nette), dont deux tiers de bureaux, 250 logements, un complexe hôtelier et des commerces. Dans un communiqué, la ville a précisé qu'elle avait "décidé d'élargir le champ du projet de quartier d'affaires", avec de nouvelles ambitions en termes d'équipements et d'aménagement des espaces publics.
"Nous sommes sur une procédure d'aménagement et plus de simple construction, avec une réflexion sur l'ensemble du quartier: la voirie, les équipements, la répartition entre bureaux et logements", a expliqué M. Fontanel.
La rupture des discussions avec Bouygues n'aura aucun impact juridique ou financier, rien n'ayant été signé à ce stade, a-t-il affirmé. L'opposition municipale, dont une partie avait menacé de saisir la justice administrative sur un "appel à projet extrêmement opaque", s'est félicitée du revirement de la mairie.
"A plusieurs reprises, notre groupe s'est élevé contre l'absence de mise en concurrence dans ce dossier, avec une délibération très déséquilibrée qui donnait des droits exclusifs au groupe Bouygues, sans engagement de sa part concernant le prix de sortie des logements, l'insertion urbaine et la qualité des bâtiments. Nous apprécions l'annulation de la procédure", a déclaré la sénatrice UMP et ex-maire de Strasbourg Fabienne Keller.
Avec AFP
Le reportage
Le reportage d'Olivier Stéphan et Grégory FraizeStrasbourg : Bouygues écarté du projet... par France3Alsace